Monde – Économie: La chute des cours du pétrole complique davantage la situation au Venezuela
C’est le titre d’un article publié par le journal Les Echos hier qui expose l’angoisse des pays exportateurs de pétrole face à la chute des cours de pétrole.
A 42,5 dollars, le baril de WTI est tombé lundi au plus bas depuis février 2009, au moment où la crise financière mondiale battait son plein. Une chute de 61 % en treize mois sous l’effet d’un déséquilibre flagrant de l’offre et de la demande pour cause de stagnation européenne, ralentissement chinois et hausse de la production saoudienne. Quasi aucun pays exportateur n’équilibre ses comptes.
Jusqu’où ne descendra-t-il pas ?
Si cette chute provoque un énorme transfert de richesses au profit des pays importateurs, elle affecte durement les pays exportateurs.
Le prix du baril se situe désormais très en dessous du point mort budgétaire des exportateurs, le niveau qui leur permet d’équilibrer leurs comptes. « Tous les exportateurs sont en ce moment dans le rouge, hormis le Qatar et le Koweït », estime Francis Perrin, directeur de Stratégies et Politiques Energétiques. Pour être en équilibre budgétaire le Venezuela devrait avoir un prix de pétrole qui dépasse les 150 dollars, les 110 dollars en Russie, 80 dollars en Arabie saoudite, etc. En clair, chaque fois que Caracas vend 1 dollar de pétrole il devrait en emprunter 3.
Ce pays ami est donc dévasté. Car trop dépendant du pétrole, il tire 96 % de ses revenus à l’exportation du pétrole, qui fournit les deux tiers des recettes de l’Etat. Le déficit budgétaire atteindrait 20 % du PIB.
Comme conséquence, perte de confiance des investisseurs, la dégringolade de la monnaie locale, le bolivar et l’enchérissement des produits importés,
Le pays est donc ravagé par la pire inflation de la planète, évaluée à plus de 100 %. La chute des revenus pétroliers, qu’aggrave une baisse tendancielle de la production, à 2,8 millions de barils par jour, menace aussi la solvabilité de l’Etat. Le coût d’assurance contre un défaut de paiement du Venezuela est le troisième plus élevé de la planète, derrière l’Argentine et le Pakistan.
A cela s’ajoutent les pénuries chroniques dues au cycle infernal à l’œuvre depuis des années : expropriations pour punir les industriels accusés de spéculation, perte de confiance des opérateurs privés et baisse des investissements, aggravation des pénuries, etc.
Une situation qui inquiète beaucoup les dirigeants du Venezuela et qui risque de provoquer la prise de pouvoir de l’opposition de droite aux législatives et présidentielles prochaines. Un développement qui pourrait être très néfaste pour Haïti en termes d’approvisionnement de carburant, mais surtout en termes de financement publique des projets d’infrastructures. Petrocaribe qui est déjà devenu moins alléchant, moins compétitif. Les futurs responsables de ce pays doivent apporter des réponses et anticiper pour éviter une catastrophe économique. Haïti vit déjà un déficit de croissance et d’infrastructure, de l’insécurité alimentaire et un chômage aigue, donc ne pourra pas supporter le pire. Il faut arriver à réduire la dépendance par rapport au Venezuela pour diversifier en termes d’approvisionnement et en termes de financement de projets publics.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000