Haïti – Économie: Les PME doivent diversifier leurs sources de financement face à la persistance des difficultés de crédit
Selon les données de la BRH sur les indicateurs financiers au premier trimestre de l’Exercice fiscal 2014-2015, le système bancaire haïtien continue d’être performant, solide, solvable et a même affiché une hausse de son bénéfice de 28,9% en glissement annuel. Mais paradoxalement, le crédit au secteur privé a baissé de -1,26% reflétant le resserrement des conditions monétaires et l’effet d’éviction du crédit public et l’économie a ralenti au niveau de sa croissance. Donc bonne santé pour le système bancaire, mauvaise santé pour l’économie. Bref !
Face a la persistance de ces difficultés de financement, les entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises devraient avoir accès à des formes alternatives de financement.
En effet, les petites et moyennes entreprises (PME) jouent un rôle fondamental pour la croissance inclusive et l’emploi mais il est indispensable d’élargir leurs sources de financement pour réduire la vulnérabilité des PME face à la volatilité du marché du crédit, selon deux nouveaux rapports de l’OCDE.
Les deux rapports, Le financement des PME et des entrepreneurs 2015 – Tableau de bord de l’OCDE et Nouvelles approches du financement des PME et de l’entrepreneuriat : élargir la gamme des instruments soulignent la nécessité de développer et promouvoir un ensemble plus diversifié d’options de financement pour favoriser l’investissement.
« Les petites et moyennes entreprises jouent un rôle essentiel dans la croissance économique et la création d’emplois, mais leur accès au financement restera un défi dans les années à venir. Il est pressant de permettre aux petites entreprises de diversifier leurs sources de financement en utilisant des instruments alternatifs» a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría.
L’OCDE souligne que le crédit bancaire aux PME n’a pas retrouvé son niveau d’avant-crise dans de nombreux pays, freinant ainsi la croissance des entreprises et l’investissement. Si les conditions du crédit se sont assouplies de manière générale, elles demeurent restrictives, en particulier pour les PME. Certains instruments alternatifs comme le financement participatif ou encore l’affacturage gagnent du terrain, alors que le capital-risque et le crédit-bail n’ont pas retrouvé les niveaux de 2007 dans la plupart des pays.
L’OCDE signale qu’un niveau élevé de prêts improductifs parmi les PME dégrade la propension des banques à prêter, et constitue un risque pour la reprise économique dans les pays les plus affectés par la crise économique.
Le rapport souligne que le prêt bancaire classique pose des difficultés aux PME, et notamment aux sociétés nouvelles, innovantes et à croissance rapide, qui se situent dans le haut de la fourchette du risque. Il en est de même pour les entreprises qui cherchent à opérer une mutation importante dans leurs activités, comme un changement de structure d’actionnariat ou de contrôle. D’après l’étude, diversifier les sources de financement des PME permettra de mieux répondre aux besoins des entreprises aux divers stades de leur cycle de vie et contribuera à atténuer le risque systémique, à accroître la résilience de l’économie réelle face aux chocs de grande ampleur, et enfin à promouvoir de nouveaux gisements de croissance. Le rapport cartographie les principales caractéristiques d’une large gamme de techniques de financement autres que les instruments classiques de la dette, et notamment le financement par nantissement d’actifs, les formes d’emprunt alternatives, les instruments hybrides et les instruments sur fonds propres.
La situation des PME en Haïti reste encore très critique malgré certains efforts. Il faut donc de bonnes initiatives du coté du secteur privé, et également un cadre légal approprié de la part de l’Etat, pour permettre le développement de plus d’option de financement pour un meilleur accès aux entreprises, pour leur développement et pour la création d’emploi dans l’économie. Car si les entreprises ne sont pas financées, elles ne pourront pas se développer, et s’elles ne se développent pas, elles ne pourront pas créer de la richesse et de l’emploi de manière adéquate. La réalité est simple, la croissance économique passe nécessairement par la création et le développement des entreprises.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000