Haïti – Économie: Assouplissement de l’embargo sur Cuba et ses retombées économiques
Le président américain Barack Obama et son homologue cubain Raul Castro ont annoncé mercredi dernier le rapprochement diplomatique historique entre Washington et La Havane, après plus de cinquante ans d’isolement pour Cuba. Une avancée assez considérable qui doit avoir des retombées non négligeables pour les Etats-Unis, pour Cuba et éventuellement pour d’autres partenaires de la région.
Imposé depuis 1962, l’embargo américain fut renforcé en octobre 1992 par le Cuban Democracy Act (ou « loi Torricelli »), qui visait à freiner l’essor des nouveaux moteurs de l’économie cubaine en frappant les entrées de capitaux et de marchandises, notamment par la stricte limitation des transferts de devises par les familles exilées, et les sanctions contre les firmes en affaires avec l’île relevant de juridictions d’États tiers.
De source officielle cubaine, les dommages économiques directs causés à Cuba par cet embargo depuis son instauration dépasseraient 70 milliards de dollars. Ces dommages comprennent notamment les manques à gagner dus aux obstacles à l’essor des services et des exportations (tourisme, transport aérien, sucre, nickel…), l’accès restreint aux technologies, et les entraves d’ordre monétaire et financière, qui représente un surcoût de financement pour Cuba.
En effet, si nous revenons sur les annonces et déclaration faites la semaine dernière, Il faut dire que même si les principales dispositions de l’embargo sont maintenues, une série de mesures économiques annoncées par Barack Obama devraient produire un effet bénéfique et rapide sur l’économie cubaine, une économie qui a tant besoin d’ouverture.
Ces mesures économiques annoncées « provoqueront non seulement une augmentation spectaculaire du commerce avec les Etats-Unis et un afflux accru de touristes vers cette grande ile caribéenne. L’assouplissement des relations diplomatiques et économiques entre les USA et Cuba envoi aussi un signal très favorable à la communauté internationale sur l’avenir économique de l’île », a ainsi indiqué l’économiste cubain Pavel Vidal, de l’université Javeriana de Cali, en Colombie.
Il faut dire également, pour la première fois depuis des décennies, les Américains pourront utiliser leurs cartes de crédit à Cuba et les institutions américaines pourront ouvrir des comptes dans les institutions financières cubaines. Une donnée non négligeable puisque chaque année, plus de 90.000 citoyens américains se déplacent en visite à Cuba, malgré les restrictions aux Nord-Américains d’y dépenser de l’argent ou d’importer des produits cubains. Un chiffre qui pourrait exploser rapidement dans les prochaines semaines.
Dans le même temps, le plafond pour l’envoi d’argent depuis les Etats-Unis vers Cuba passera de 500 à 2.000 dollars par trimestre. Des sommes qui pourront être surtout consacrées à l’entreprenariat privé, donc une bouffée d’air en termes de financement des familles et des initiatives privées.
« Cet assouplissement de l’embargo va bénéficier à la fois aux grandes entreprises et au secteur privé émergent de petite échelle », poursuit Pavel Vidal, précisant que ces secteurs font face cruellement d’un déficit structurel en investissements.
Pour l’expert, ces nouvelles dispositions surviennent à un moment « idéal pour le début de la nouvelle politique en faveur de l’investissement étranger et pour la Zone spéciale de développement a Cuba, qui portent aujourd’hui les espoirs de croissance du PIB cubain ». En retour, cette situation pourrait soulager les Cubains, inquiets de la situation économique délicate du grand partenaire vénézuélien, qui offre du pétrole à des conditions très avantageuses. Donc, en d’autres termes, les Etats-Unis doivent être vus comme un partenaire alternatif face aux grandes difficultés économiques du Venezuela.
Bref, on se rappelle qu’en juin dernier, les autorités cubaines avait adopté une nouvelle loi sur les investissements étrangers, pour redynamiser une économie au point mort et accompagner la libéralisation partielle de l’initiative privée. Donc, l’assouplissement de l’embargo doit s’inscrire dans cette même logique pour renforcer l’économie cubaine, qui était déjà la plus grande économie de la Caraïbes avec un PIB en PPP de 212 milliards de dollars.
Donc selon toute analyse, la République Dominicaine ainsi que les autres pays de la Caraïbes comme la Jamaïque, ou Trinidad auront un grand compétiteur en matière de réception d’investisseurs étrangers, de tourisme et de commerce internationale. Une grande compétition donc est a venir dans la zone, mais dommage car notre cher pays Haïti n’est pas du tout a la hauteur de ces dynamiques économiques régionales actuelles. Nous sommes plutôt en train de faire du pas sur place, en pleine crise politique, de négociations d’intérêts de clans, de négociation de postes, vide institutionnel, bref, pendant qu’une bonne majorité de la population haïtienne vit dans des conditions vraiment difficiles, horribles, et attendent désespérément le renouveau de ce pays et de meilleures conditions socio-économiques.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000