Haïti – Économie: Hausse persistante des prix dans l’économie haïtienne

L’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) vient de rendre publique les derniers chiffres concernant l’évolution des prix dans l’économie haïtienne pour le mois d’Octobre 2014, en utilisant cette mesure appelée l’Indice des prix a la consommation calculée sur la base 100 août 2004. En effet, l’économie a enregistré pour le mois d’octobre dernier une hausse au niveau des prix tant en variation mensuelle, c’est à dire de septembre à octobre, qu’en variation annuelle c’est à dire d’octobre 2013 à octobre 2014.

Selon l’IHSI, l’Indice des prix a la consommation a atteint le niveau de 222.2 contre 220.8 valeur affichée le mois précédent.  Des chiffres qui ne font que confirmer cette tendance a l’augmentation persistante et durable du cout de la vie pour la population haïtienne au cours de ces derniers mois.

En effet, l’inflation en rythme mensuel a cru de 0.6% en octobre contre 0.4% en septembre, tandis que en variation annuelle, l’inflation a affiché une croissance de 5,8% en octobre contre 5,3% en septembre dernier.

L’augmentation mensuelle de l’IPC résulte surtout du comportement des fonctions de consommation : «Alimentation, Boissons et Tabac» (0,5%), «Habillement et tissus, chaussures» (0,4%), «Loyer du Logement, Energie et Eau» (1%), et «transport » (2.4%).

Selon l’IHSI, la variation positive de la fonction «Alimentation, Boissons et Tabac» qui couvre plus de la moitie du budget des ménages, provient particulièrement de l’augmentation du prix de certains produits tels le riz (0,5%), corn flakes (0,4%), viande de porc (0,7%), poulet (1,9%), morue (0,9%), lait en poudre (1,1%) et cigarettes (1,1%).

Notez que la hausse de l’indice « Habillement et Tissus, Chaussures » provient particulièrement de la hausse du prix du  tissus (0,4%), du costume, veste universelle (0,9%), du jupon (1,6%), de la confection des vêtements (0,7%), des souliers et tennis (0,8%) et des sandales (0,9%).

La hausse de l’indice « Loyer du Logement, Energie et Eau » est liée particulièrement aux postes : loyers du logement (+0.5%) contre 0,2% et de la hausse du prix du kérosène (1,7%), Enfin, la rubrique « Transport » a connu une augmentation substantielle, ce qui résulte principalement de la hausse du prix du carburant (8,7%), de l’entretien de véhicule privé (1,1%) et du transport public (1,7%).

Du point de vue géographique, il faut dire que la région Ouest qui inclut les départements du Sud-Est et de l’Ouest non compris l’Aire métropolitaine de Port-au-Prince est la plus affectée par la hausse de l’inflation en octobre dernier avec un taux d’inflation évalué à 0,7% en variation mensuelle. En ce qui concerne les autres régions, elles ont toutes les trois enregistre un taux d’inflation de 0,6%, à savoir l’Aire Métropolitaine qui regroupe les villes de Port-au-Prince, de Delmas, de Pétion-Ville, de Carrefour et de Croix-des-Bouquets ; la région Nord qui couvre les départements du Nord, Nord-Est et Nord-Ouest et la région Sud qui comprend les départements du Sud, de la Grand’Anse et des Nippes. La région Transversale qui inclut les départements du Centre et de l’Artibonite est la moins touchée avec un taux de 0,5% soit la plus faible augmentation du cout de la vie.

En réalité, la hausse des prix dans l’économie serait moins désastreuse si les ménages avaient des revenus, mais quand nous regardons la réalité notamment en milieu rural, la situation est catastrophique, donc les populations font face à la fois de la hausse des prix et la baisse de revenu, ce qui affecte énormément leur pouvoir d’achat et leur condition de vie.  La perte de 50% des récoltes de 2014 par rapport à l’année 2013 à cause de la sécheresse comme l’a signalé la semaine dernière le dernier bulletin de la CNSA (coordination nationale pour la sécurité alimentaire) est une preuve en plus de l’appauvrissement des habitants du milieu rural qui ont des revenus dépendant principalement de l’agriculture.

Ajoute à tout cela, notre gourde continue de perdre de la valeur par rapport au dollar, dans un contexte où la plupart des produits que nous consommons sont importés. Une raison de plus pour croire que demain ne sera pas beau avec une inflation importée au détriment de milliers de familles qui sont déjà dans des conditions difficiles.

Espérons que le gouvernement et l’opposition arriveront à trouver un commun accord le plus rapidement possible pour résoudre la crise politique et pré-électorale pour éviter que ce paramètre ne vienne compliquer davantage les conditions de vie précaires d’une bonne partie de la population haïtienne, notamment les populations du monde rural qui sont pratiquement décapitalisées et désespérées. Mon récent voyage dans quelques sections communales du plateau centrale la semaine dernière ne dit pas le contraire.

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *