Foire d’investissements étrangers à Cuba…Quelles retombées ? Quelles implications pour Haïti ?
Comme nous l’avons annoncé dans cette rubrique la semaine dernière, Cuba a lancé dimanche dernier la principale foire commerciale de son pays qui s’étendra sur toute une semaine, alors que l’île cherche à relancer son économie grâce aux investissements étrangers.
Contraint d’importer les bouteilles en verre pour son fameux rhum ou les canettes d’aluminium pour sa bière locale, Cuba cherche aujourd’hui à combler les failles de sa chaîne productive en faisant appel aux capitaux étrangers. L’île communiste, qui importe plus de 70% de sa consommation, se trouve dans l’obligation de changer de stratégie économique et relancer son industrie. Et la 32e Foire internationale de La Havane (FIHAV), qui se déroule présente et qui se termine ce weekend est l’occasion pour elle de présenter 246 projets visant à attirer jusqu’à 8,71 milliards de dollars d’investissements étrangers, soit plus que le PIB d’Haïti.
Le vice-président cubain Marino Murillo, en charge des réformes économiques lancées en 2011 par le président Raul Castro, a récemment estimé que le pays avait besoin « de 2 à 2,5 milliards de dollars par an en investissements étrangers directs » pour faire rebondir son économie. « Parmi les problèmes que nous rencontrons figure le manque de chaînes productives, à tel point que les garanties pour les exportations échappent parfois à notre contrôle », admettait lundi à l’ouverture de la Foire le ministre de l’Investissement étranger et du Commerce extérieur Rodrigo Malmierca.
«Où allons-nous obtenir les ressources nécessaires pour avoir un volume d’investissement plus élevé? » s’est interrogé Malmierca. Il nous faut donc des ressources venant de l’étranger, parce que nous ne pouvons pas épargner suffisamment pour investir une somme supplémentaire de 2 milliards de dollars chaque année. »
La carte d’investissement présentée par Cuba aux investisseurs comprend 86 projets de l’industrie pétrolière, 56 dans le tourisme, 32 dans l’agriculture et l’alimentation, 13 dans les sources d’énergie renouvelables, 10 dans le secteur manufacturier, 10 dans le secteur minier, six en construction, quatre dans le secteur du sucre, trois dans le transport et l’autre en gros commerce.
Regardons quelques projet d’investissement a titre d’exemple qui sont présentés cette semaine aux investisseurs à Cuba.
Par exemple, pour tenter de combler les manques en termes de bouteilles de verre et canettes de bière, les autorités cubaines proposent un partenariat pour une usine de fabrication de bouteilles en verre dans la zone de développement du méga port de Mariel (45 km à l’ouest de La Havane). Evaluée à 70 millions de dollars, cette unité doit produire 210 millions de récipients chaque année, soit 95% des besoins nationaux.
Il faut dire que les investissements sont un des points faibles de l’économie cubaine : au premier semestre, ils ont chuté de 1,8% sur un an, et la croissance, sur la même période, n’a été que de 0,6%, un chiffre inférieur aux performances de ces dernières années. Depuis juin, une nouvelle loi sur les investissements étrangers est en vigueur, pour dynamiser les finances publiques et relancer une économie au point mort malgré la libéralisation partielle de l’initiative privée impulsée par le président Raul Castro depuis 2008.
Il faut dire que les projets contenus dans la carte d’investissement sont documentés, détaillés par le ministère du commerce extérieur et présentent différentes que peut prendre la participation étrangère (joint-venture, de partenariat, etc.), les sites de marché et des projets potentiels, entre autres aspects.
Tout un autre modèle pour attirer des IDE, en apportant une carte d’opportunité, en montant a l’avance des projets porteurs, viables et rentables, bien documentés et encourager les investisseurs par la suite à s’y intégrer pour avoir un financement qui peut prendre les formes de partenariat public privé, de »joint venture ». Ce nouveau modèle de Cuba, affiche une façon de faire affaire autrement, ou l’investisseur se sentira pris en charge.
Les récentes initiatives d’affaires de Cuba, malgré tout leur problème, doivent nous interpeller ici en Haïti dans un pays de déficit infrastructurel par excellence avec des déficiences majeures en énergie, eau potable, route, ports et aéroports. Il nous donc faut une approche plus pratique, plus pragmatique, plus transparente également avec des projets documentés, qui peuvent convaincre de part eux-mêmes vu leur faisabilité technique, légale, commerciale et financière. Donc, avec une telle approche beaucoup plus sérieuse et pas du tout verbal, les investisseurs seront plus a l’aise pour entrer dans une telle dynamique, car ils sauront que les travaux de prospection, de diagnostic, budgétisation et prévision de bénéfice sont déjà faits. La réalisation de nos différents projets, touristiques ou d’infrastructures irait plus vite, avec plus de certitude et avec de meilleurs résultats que ce soit sur le terrain aussi bien que dans les différents rapports nationaux, régionaux et internationaux.
Etzer Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000