Plaidoyer pour un partenariat public-privé au Chili: Qu’en est-il d’Haïti?

Le ministre des Finances du Chili Alberto Arenas a déclaré clairement hier Dimanche, au journal chilien El Mercurio,  qu’«il est absolument nécessaire de développer des alliances stratégiques public-privé pour répondre au ralentissement économique et stimuler la reprise dans toutes ses dimensions au Chili ».

Le ministre des Finances du Chili a fait ses remarques notamment en raison du retard que son gouvernement a constaté dans plusieurs projets d’investissements, espérant que ce renforcement du partenariat public- privé pourra améliorer sensiblement les projets que ce soit en termes de financement mais également en termes de management.

Selon le grand argentier chilien, l’un des principaux facteurs qui ont ralenti la croissance économique de son pays est la baisse du taux d’investissement depuis 2013 et c’est ce qui explique les faibles perspectives de croissance moins encourageantes pour 2014 avec un taux probable de croissance de seulement 3%.

M. Arenas dit qu’il attendait du secteur privé une plus grande implication, un plus grand volume d’investissement et la création de plus d’emplois.

« La reprise économique dit-il est la responsabilité de tous les secteurs, public et privé, et elle dépendra également de la politique budgétaire et ses instruments, »

Car dit-il le secteur public a fait son travail, « Nous avons juste travaillé sur l’exécution de notre budget, nous avons une politique budgétaire active, nous avons la productivité, l’énergie à l’ordre du jour, et les entreprises publiques essaient de plus en plus de se capitaliser ».

Donc, le ministre des finances du Chili invite son secteur privé à apporter une plus grande contribution pendant que le coût du crédit a été réduit énormément par une politique monétaire expansionniste de la Banque centrale.

Donc, pour atteindre le dynamisme économique voulu, de plus grands efforts doivent être déployés des deux cotes, au niveau du gouvernement et au niveau du privé.

Le partenariat public privé, comme nous le disons tantôt est le fait pour l’autorité publique (l’Etat à travers le gouvernement) de faire appel à des prestataires privés pour financer la production de l’équipement et/ou du service. Le cas échéant, le prestataire privé peut aussi avoir la charge des taches de conception, d’entretien et d’exploitation. Le partenaire privé reçoit en contrepartie des différentes missions qui lui sont confiées, le droit de percevoir une redevance auprès des utilisateurs de l’équipement ou du service, et/ou des concours publics de la part de l’autorité publique responsable du service public.

Ici en Haïti, on parle de temps en temps de partenariat public-privé, mais nous avons l’impression que cela reste à un niveau superficiel de rencontre, ou de discussion public-privé, où les acteurs du secteur privé apportent leur cahiers de charge, et le gouvernement fait des promesse pour la facilitation des affaires.

Donc, nous ne sommes pas encore dans la voie de cette dynamique de partenariat public-privé au vrai sens du terme, ou le secteur privé rentre directement dans le financement des infrastructures ou des services ou encore dans leur gestion, mis à part de quelques cas isolés comme la plage de Labadee. En fait, le gouvernement reste avec ses maigres moyens avec de grands rêves, mais des projets qui ne s’achèvent pas pour la plupart faute de ressources financières, de bonne gestion, de transparence, et d’égocentrisme traditionnel haïtien.

Dans un pays comme Haïti avec un budget national d’environ 3 milliards de dollars pour 10 millions habitant, l’on doit se demander si le secteur privé ne devrait  pas s’impliquer d’avantage.  Cependant, Ce secteur, a t-il suffisamment de garanties quand à la rentabilité de ses éventuels financements et la sécurité aussi de ses investissements ? Le problème de confiance, l’instabilité dans les administrations publiques et la perception de l’Etat comme un partenaire qui n’est pas crédible pour faire des affaires sont entre autres des handicapes majeures à un meilleur partenariat public-privé en Haïti. Bref, le Chili essaie de nous tracer la voie, comme la République Dominicaine et les Bahamas, mais nous sommes pas encore là, nous espérons quand même que ce modèle public-privé prendra chair en Haïti et soulagera notre Etat pauvre (financièrement), mauvais gestionnaire et inefficace.

Etzer Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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