La victoire de l’Allemagne aura-t-elle un impact sur sa croissance économique

Le journal français Le Monde a publié un article hier qui essaie de faire le lien entre la victoire de l’Allemagne en finale de la coupe du monde 2014 et sa croissance économique en se basant sur les expériences passées des anciens champions.

En effet, les études sur le sujet divergent sur le lien entre la réussite dans une coupe du monde et les performances économiques. Prenons la thèse qui est soutenue par l’étude Soccernomics, a savoir les bons résultats en Coupe du monde de football s’accompagnent d’une embellie économique avec une flambée des achats de bière et de pizzas, redynamisation du marché des téléviseurs et amélioration de la confiance des ménages.

Il faut dire que cette thèse est régulièrement citée pour motiver les sélections nationales à l’approche des compétitions internationales. Rédigée avant le Mondial de 2006 par deux économistes de la banque néerlandaise ABN AMRO, , celle-ci assure que les vainqueurs du Mondial bénéficient en moyenne d’un surplus de croissance de 0,7 point pendant l’année de la victoire par rapport à l’année précédente, tandis que les finalistes malheureux perdraient 0,3 %.

Pour aboutir à cette conclusion, l’étude se borne à la période 1970-2002, qui couvre neuf Coupes du monde. Et reconnaît deux exceptions à la règle qu’elle édicte : la croissance molle de l’Allemagne après sa victoire en 1974, et la récession suivant la victoire argentine en 1978.

Si l’on ajoute les Coupes du monde 1962, 1966, 2006 et 2010, le gain moyen retombe à 0,2 point de PIB. Passé l’euphorie, la croissance recule. Les éditions de 2006 et 2010 le confirment. Ainsi, l’économie italienne a crû de 2,2 % en 2006 (contre 0,9 %) l’année précédente, tandis que la récession espagnole s’est limitée à 0,2 % en 2010 (contre 3,8 % en 2009). De quoi crédibiliser les auteurs de Soccernomics, qui expliquent ce supplément d’âme économique par « les fêtes qui durent plus longtemps dans le pays vainqueur », où les habitants consomment plus ? La très médiatique étude de la banque d’affaire Goldman Sachs sur la Coupe du monde confirme en tout cas cette euphorie du côté des marchés financiers, qui « sur-performent » d’environ 4 % pendant l’année suivant le titre de l’équipe nationale.

Mais, les deux banques négligent l’impact à moyen terme du trophée mondial, qui ne porte guère chance aux économies de ses détenteurs : passée l’euphorie, trois ans après la victoire, la croissance a reculé de deux points en moyenne. Les Coupes du monde auraient donc tendance à faire baisser le PIB de certains pays footballistiquement performants, en faisant payer à l’économie le temps passé par les supporters à regarder les matchs. C’est le cas des nations sud-américaines, nord-américaines et africaines, dont le PIB baisse d’autant plus qu’elles vont loin dans la compétition. L’effet négatif sur les économies sud-américaines va jusqu’à 3 % du PIB par tête en cas d’accession à la finale… et 7 % quand la Coupe du monde est organisée sur le sol sud-américain. On se rappelle dans une chronique pendant la coupe du monde nous avons fait mention de la diminution du nombre d’heures de travail pendant la coupe du monde dans plusieurs pays.

Comme Haïti n’avait même pas participe à la coupe du monde, nous ne pouvons pas arriver à une conclusion sur les relations entre victoire et dynamique économique. Mais quand même, nous avons regardé les matchs avec beaucoup d’euphorie et d’enthousiasme. Nous sommes persuadés que certains produits ou certains secteurs ont bénéficié de cette coupe du monde, pendant que d’autres ont vu leurs ventes diminuer. Mais un fait est certain est que cela n’a rien changé dans notre situation socio-économique précaire et difficile et notre climat politique tendu, cela n’a fait que retarder une situation vraiment explosive et faire oublier temporairement les problèmes. Heureusement pour les autorités, le carnaval des fleurs qui arrive à la fin de ce mois va aider encore une fois à faire noyer les soucis pour quelques jours. Mais retenez bien que, les problèmes demeurent et se compliquent de jour en jour. La révocation d’Alfred Metellus, le secrétaire d’Etat à l’Economie, peut être un vrai signal.

Etzer EMILE, M.B.A

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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