Améliorer les conditions de travail des femmes a un effet domino
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Le 8 mars dernier, cela fait 12 jours déjà, c’était la journée internationale des droits de la femme, cela a été une occasion pour des décideurs aussi bien que les chercheurs de réfléchir et proposer certaines pistes qui aideront davantage dans le combat pour l’émancipation et le bien être des femmes dans les sociétés.
En effet, la semaine dernière, l’organisation Internationale du Travail (OIT) a publié une étude sur les conditions de travail des femmes.
Le premier constat est que les vêtements du monde entier sont confectionnés pour l’essentiel par des femmes qui, généralement, sont jeunes, ont fait peu d’études et vivent dans les pays en développement. Il a été clairement démontré dans ce papier que les conditions de travail dans l’industrie textile devaient être nettement améliorées, pour dire en d’autres termes, les rémunérations et avantages sociaux n’arrivent pas à satisfaire les besoins des femmes même a un niveau moyen.
Il faut le reconnaître que ces emplois ont aussi leur importance car le travail salarié en usine offre aux ouvrières une alternative de choix par rapport à d’autres options possibles, telles que le travail domestique ou le travail familial agricole non rémunéré.
Mais, la grande question, ce travail peut-il servir de catalyseur pour que les femmes gagnent en autonomie et mènent une vie meilleure? Avec Better Work, un projet conjoint de l’Organisation internationale du Travail (OIT), et de la Société financière internationale (IFC), une recherche de terrain a été effectuée dans plus de 900 usines textile, employant un million de travailleurs au Cambodge, au Viet Nam, au Lesotho, au Nicaragua, en Haïti, en Jordanie et en Malaisie, avec un programme en préparation au Bangladesh.
Les dernières recherches menées au Viet Nam montrent que, pour une femme, un emploi dans la confection est une évolution positive mais il ne peut, à lui seul, se traduire par une autonomisation des femmes, voire l’égalité. Ce qui est aussi valable pour Haïti, quand on sait qu’elles sont payées dans nos usines de textiles moins de 5 dollars américains par jour.
Environ 80% des 700 000 ouvriers des usines vietnamiennes sont des femmes. Elles sont généralement employées comme couturières et aides, tandis que les hommes occupent habituellement des postes mieux rémunérés dans la coupe ou la mécanique; les hommes ont par exemple au Vietnam trois fois plus de chances d’être contremaîtres que les femmes. Ces dernières effectuent généralement de plus longs horaires et ont moins souvent la possibilité d’être promues ou de suivre une formation.
Les femmes sont aussi en moins bonne santé que les hommes et leur salaire horaire représente, en moyenne, quelque 85% de celui des hommes. Les ouvrières vietnamiennes du textile font aussi état de temps de loisirs inférieur à leurs collègues masculins parce que la dynamique des rapports entre les sexes au foyer reste la même: elles finissent par travailler à plein temps tout en conservant l’entière responsabilité des tâches à la maison. Ces conclusions qui peuvent être assimilées à Haïti à un certain niveau sont décevantes mais elles ouvrent la voie à d’énormes possibilités d’évolution. Offrir de bonnes conditions de travail aux femmes a des répercussions qui s’étendent bien au-delà du seuil des usines.
Donc, l’amélioration des conditions de travail pour les femmes a un effet domino. L’Effet domino désigne une suite de causes à effets, réagissant en chaîne suite à une première action. Pour dire que l’amélioration des conditions de travail des femmes notamment dans des usines textile doit entraîner davantage d’investissements en matière de santé des enfants, d’éducation et de revenus du ménage. Par exemple, au Viet Nam, 70 % des travailleurs envoient de l’argent à leur famille et les femmes transfèrent 24 % de plus que les hommes.
Donc en fait, l’industrie textile doit améliorer les moyens d’existence des travailleurs notamment les femmes, car cela aura plus de chance pour avoir des incidences positives sur la vie des membres de la famille. Mais, en tout état de cause, le travail en usine ne sera pas un facteur d’émancipation pour les femmes tant que les handicaps qu’elles endurent ne seront pas pris à bras le corps. Le travail salarié peut et doit permettre aux femmes d’exercer leurs droits, de s’exprimer et de développer leurs compétences.
La première loi HOPE votée en 2007 permettait à Haïti d’assembler des textiles produits hors des Etats-Unis avant de les y exporter sans droits de douanes. HOPE II (juin 2008) accorde à l’industrie textile d’Haïti une plus grande flexibilité en termes de réglementation d’origine pour les articles vestimentaires expédiés aux Etats-Unis. Qu’en est-il des salaires ?
Récemment les salaires minimum des ouvriers haïtiens ont également fait l’objet d’une hausse par le CSS (Conseil Supérieur des Salaires), après des manifestations dans la capitale Port-au-Prince : le salaire minimum y est passé de 200 gourdes haïtiennes (4,49 dollars) à 225 gourdes (5,05 dollars). Mais Dieu seul sait, si ces nouveaux salaires sont effectifs dans toutes les usines. Il faut rappeler aussi que les salaires ont été réduits dans l’économie avec l’introduction l’année dernière de 1% de réduction pour le CAS et 1% pour le FDU.
Donc, il est un fait certain que nos femmes évoluent dans des contextes difficiles, et ce ne sont pas de faibles ajustements de salaire qui pourront renverser la tendance. On reconnait l’importance du travail des femmes dans l’économie haïtienne certes, mais ce qui arrive c’est que le problème se trouve au niveau de tout le système et il faut Vraiment repenser la qualité de la gouvernance économique pour des emplois de plus grande qualité qui doivent permettre aux femmes et à tout salarié de vivre et non de survivre.
Etzer EMILE, M.B.A
Radio Vision 2000