Les incertitudes demeurent au Venezuela ne rassurent pas notre économie
Dans notre chronique du 24 Février dernier, nous avons fait état d’une situation de pénurie de denrées de première nécessité dont le lait, la farine, l’huile et le papier toilette au Venezuela. Ce pays qui a vu ses importations atteindre le chiffre de 50 milliards de dollars contre seulement 13 milliards de dollars en 2003.
Pour résoudre ce problème, le président Maduro a annoncé le 8 mars dernier, la mise en place «d’un système supérieur d’approvisionnement» qui prévoit la distribution de « cartes électroniques de rationnement» selon un article du journal Le Monde. Le peuple vénézuélien attend impatiemment les résultats de cette mesure pendant que jusqu’à aujourd’hui près du tiers soit 28,3 % des biens de consommation manquent en magasin, selon l’«indice de pénurie» de la banque centrale. Tandis que l’inflation bat les records et a atteint 56,2 %, le niveau le plus élevé de l’hémisphère et probablement du monde en développement.
Au marché noir, le dollar s’échange douze fois plus cher que son cours officiel. Les réserves internationales ont diminué de 30 % en 2013.
L’État vénézuélien est aujourd’hui à court de devises. Certes, le Venezuela, onzième producteur de brut mondial, produit 2,7 millions de barils de brut par jour selon le BP Statistical Review of World Energy. « Mais une partie du brut exporté part en dons, notamment à Cuba, en prêts aux petits pays des Caraïbes, ou en remboursement de dette, vers la Chine.
Les élections de 2013 ont mis la pression sur les caisses de PDVSA, l’entreprise publique de pétrole, et sur les finances publiques. Il a fallu racler les fonds de tiroirs et faire tourner la planche à billets. En un an, l’émission monétaire a bondi de 74 %. Le pays regorge de bolivars (monnaie locale).
Au marché noir, le billet vert s’échange désormais à 82 bolivars. La différence fait le bonheur des débrouillards et autres trafiquants.
Selon le gouvernement, 40 % des aliments importés à taux préférentiel seraient réexportés vers les pays voisins, dont la Colombie. Un kilo de riz, dont le prix est contrôlé, coûte dix fois plus cher de l’autre côté de la frontière. De puissantes mafias ont pris le contrôle du trafic d’essence, qui est quasi gratuite au Venezuela. Faute de pouvoir importer les matières premières dont elles ont besoin, les entreprises productives périclitent ; faute de pouvoir rapatrier leurs bénéfices, les multinationales hésitent à investir plus. Dernière entreprise à assembler encore des véhicules au Venezuela, Toyota a annoncé fin janvier la suspension provisoire de ses activités.
Au total, l’État vénézuélien doit aux entreprises privées 13 milliards de dollars (9,4 milliards d’euros). Selon le rapport Doing Business 2013 de la Banque mondiale, le pays occupe la 181e place sur 189 pour le climat des affaires.
« A moins d’une nouvelle envolée des prix du pétrole, qui pourrait faire gonfler le revenu du Venezuela sachant que 95% des recettes d’exportations proviennent de l’exportation du pétrole, rien ne permet d’espérer une amélioration substantielle de la situation à court terme », selon certains analystes vénézuéliens. Les pénuries de denrées de base pourraient même s’aggraver dans les mois à venir et compliquer davantage la situation politique et économique de ce pays. L’équation est simple, si le Venezuela a des incertitudes, son programme Petrocaribe risque également de soulever des incertitudes tôt ou tard. Même si la fin prématurée de ce programme n’est pas nécessairement envisagée à court terme ou à moyen terme, mais il peut cesser d’être aussi alléchant en tant qu’option préférentielle. Surtout, le Petrocaribe n’est pas nécessairement rentable en raison du problème de solvabilité de certains des pays de la Caraïbes.
De notre cote, on n’entend plus parler du programme produits agricole contre pétrole depuis quelques temps, sans déclaration officielle, les rumeurs persistent sur le rejet de cette alternative par le Venezuela vu qu’on n’a pas la capacité suffisante de production pour répondre aux besoins du peuple vénézuélien dans ce contexte spécifique de rationnement de produits alimentaires.
On doit penser aller réviser notre devoir au brouillon, et penser à adopter d’autres approches, d’autres stratégies, pour faire preuve d’un comportement plus responsables, dans la gestion présente du fonds, tout en tenant compte des tous les scénarios possibles qui peuvent arriver. Un dossier à suivre de près mais il faut aussi au plus tôt diversifier nos partenaires internationaux, ne plus dépendre excessivement d’un seul, et développer notre appareil productif pour réduire cette dépendance de l’extérieur.
Etzer EMILE, M.B.A
Radio Vision 2000