Appel urgent à l’aide humanitaire pour Haïti..2014 pourrait être bien pire que 2013
L’Organisation des Nations Unies (ONU) et le gouvernement haïtien semblent se montrer en principe très préoccupés par cette misère noire dans le pays depuis après le séisme de Janvier 2010. Ils viennent de lancer hier mardi un appel urgent pour collecter 100 millions de dollars américain pour l’aide humanitaire en faveur de millions d’Haïtiens menacés par la famine, les maladies et des catastrophes naturelles en 2013.
Selon les déclarations de M. Johan Peleman, responsable de la coordination de l’aide humanitaire de l’ONU en Haïti, cet appel à l’aide concerne les besoins les plus critiques pour des gens dont la vie est en danger. Selon lui, Il y a encore des gens sous des tentes depuis 3 ans, la malnutrition fait rage dans le pays et l’épidémie de choléra persiste, malgré des efforts d’assainissement louables dans plusieurs régions du pays.
Ce financement de 100 millions de dollars recherché devrait couvrir des besoins immédiats pour le reste de l’année 2013, pour notamment 935 500 personnes les plus vulnérables n’ayant pas reçu d’assistance à ce jour et qui seraient potentiellement des victimes de choléra et de la saison cyclonique en cours.
Selon un communiqué de la Mission de l’ONU en Haïti, ce programme cible les 800 000 personnes en situation d’urgence d’assistance alimentaire, 120 000 personnes déplacées en attente de solutions de retour, 100 000 victimes potentielles du choléra et au moins 225 000 personnes qui peuvent être sévèrement affectées par la saison des ouragans.
L’ONU a dit constater que les partenaires humanitaires d’Haïti sont moins nombreux ces derniers temps, ce qui est évident, tandis que les besoins sont nombreux. « Nous constatons une baisse considérable des intervenants qui sont passés de plus de 300 à plus d’une centaine. La générosité du monde à l’endroit d’Haïti après le séisme est en chute libre, alors qu’il y a encore des besoins très critiques », a souligné M. Peleman, responsable de la coordination de l’aide humanitaire de l’ONU en Haïti.
D’un autre coté, il faut dire que la situation humanitaire en Haïti pourrait être pire en 2014 qu’en 2013, ce que certains analystes économiques commencent à exprimer par rapport aux nouvelles dispositions prises par le gouvernement dans le budget de l’exercice 2013-2014. Il faut rappeler que lors de la présentation du budget 2013-2014 au secteur privé et à la société civile la semaine dernière, le gouvernement avait fait état d’un ensemble de mesures visant la redynamisation du secteur agricole, le développement du tourisme, de l’entreprise et de l’industrie ou encore pour protéger l’environnement. Pour supporter la production agricole, plusieurs produits d’importation ont subi des modifications tarifaires et seront évidemment plus chers à partir d’Octobre prochain, pendant que des emplois ne sont pas créés dans l’économie.
Selon le document du budget, des droits de douane sont érigés sur plusieurs produits alimentaires tels que les coqs, les poules, les dindes, dindons, canards, pintades, les poissons frais ou réfrigérés, les harengs, les morues, les sardines, les saumons du Pacifique, les pommes de terre, les tomates, les oignons et échalotes, divers types de légumes (carottes, navets et laitues), le pois et le haricot, les racines de manioc, les patates douces, les bananes, les ananas, les avocats les oranges et des citrons et les rhum pour ne citer que ceux-là les plus connu et les plus consommés sur le marché haïtien.
Le résultat de ces nouveaux tarifs douaniers engendra alors une augmentation des prix de ces produits importés, donc du cout de la vie en Haïti, et pas forcément un coup de pouce à la production agricole nationale. Avant même de penser à augmenter les tarifs pour protéger la production nationale, les autorités devraient d’abord supporter cette production à travers de bonnes politiques publiques, un partenariat public/privé très solide avec des projets porteurs dans les 10 départements.
Il faut souhaiter en tous cas également que cet appel pour US$100 millions dans le secteur humanitaire, s’il réussit, ait des conséquences pour le peuple haïtien, non pour des experts étrangers qui considèrent souvent Haïti comme un El Dorado, la percevant comme une opportunité d’enrichissement et de jouissance. Les gouvernements étrangers sont de plus en plus sceptiques concernant les résultats de l’aide vers Haïti et c’est pourquoi ces flux d’aide et les ONG dans le pays ont tendance à se réduire de manière substantielle depuis ces dix huit derniers mois.
Riphard Serent
Vision 2000