Révision définitive à la baisse des prévisions de croissance 2013 pour l’économie haïtienne…

Le Fond monétaire international (FMI), dans une dernière note de presse, a indiqué clairement qu’il n’y a plus lieu de parler ni de 6% ni de 6.5% de croissance pour Haïti pour 2013. Selon le FMI, l’économie haïtienne, pour l’année 2013, pourrait enregistrer un taux de croissance de 3.4%, soit 0,6 point de pourcentage de plus par rapport à l’année dernière.
En effet, cette dernière note de presse du FMI fait suite à cette mission du Fonds dirigée par M. Boileau Loko qui a séjourné à Port-au-Prince pendant environ une semaine pour mener les entretiens relatifs à la sixième revue du programme appuyé par un accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC).
La mission du FMI a rencontré le Premier Ministre, Laurent Lamothe, le Ministre de l’Économie et des finances, Wilson Laleau, le Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti, Charles Castel, d’autres hauts responsables du gouvernement, des représentants du secteur privé et des partenaires au développement. Au terme de la visite, M. Boileau Loko a déclaré que « la mise en œuvre du programme appuyé par la FEC est globalement conforme aux prévisions ». Selon les experts du FMI, en dépit de certains résultats relativement solides enregistrés dans le pays, il ressort des données préliminaires que la faible reprise de la production agricole limitera le taux de croissance annuel du produit intérieur brut (PIB) du pays à environ 3,4 % durant l’exercice 2013, contre un taux de 6,5 % prévu dans le programme.
Comme nous l’avons déjà commenté à cette rubrique, la note de presse du FMI rapporte qu’après avoir culminé à 7,7 % à la fin mars, principalement en raison des tensions sur l’offre et les prix intérieurs des produits alimentaires, du fait de la sécheresse et des cyclones de l’an dernier, l’inflation dans l’économie haïtienne a été ramenée à 7,3 % à la fin avril, en glissement annuel. La situation budgétaire du pays demeure fragile car la mobilisation de recettes fiscales et les décaissements d’appui budgétaire officiel restent nettement inférieurs aux projections. La croissance globale du crédit continue, selon le FMI, tandis que les réserves internationales brutes se maintiennent à un niveau confortable, équivalant à 6 mois d’importations à fin avril.
Si l’on veut croire la dernière note de presse du FMI, les autorités haïtiennes et la mission du Fonds se sont globalement entendues sur les grandes lignes d’un programme pour 2013-2014 appuyé par une prorogation de l’actuel accord au titre de la FEC qui a remplacé la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance (FRPC) comme principal outil dont dispose le FMI pour apporter un soutien financier à moyen terme aux pays à faible revenu comme Haïti.
Les actions du gouvernement haitien devront continuer de se centrer sur le maintien de la stabilité macroéconomique, l’accompagnement de la reprise économique, et la lutte contre la pauvreté. Le budget pour 2013-2014 continuera d’appuyer la reconstruction et de maîtriser la masse salariale de manière à offrir la souplesse nécessaire pour réagir aux chocs, rapporte la note du FMI.
« Compte tenu du repli de l’aide extérieure vers l’économie haïtienne, il est essentiel que l’État mobilise davantage de recettes pour financer les dépenses d’investissement et les dépenses de lutte contre la pauvreté. Il faudra en outre une gestion plus efficiente des dépenses publiques, notamment en réduisant les subventions en faveur de l’Électricité d’Haïti (EDH) », toujours selon les experts du FMI dans la dernière note de presse de l’institution. Selon eux, un dosage approprié des politiques budgétaire, monétaire et de change devrait aider à maintenir l’inflation aux alentours de 5 % et à préserver une solide position extérieure.
Il faut dire que le programme de réformes structurelles aura pour principaux axes : i) une plus grande mobilisation de recettes intérieures, principalement grâce au renforcement des administrations fiscale et douanière; ii) l’amélioration plus poussée de la gestion des finances publiques et de la gouvernance économique,  donc moins de gaspillage des fonds publics et moins de voyages inutiles; iii) le renforcement des capacités institutionnelles afin d’améliorer l’exécution et l’efficience des investissements publics; iv) l’amélioration de l’intermédiation financière et du secteur financier; et v) l’accélération des réformes pour améliorer le climat des affaires et faire d’Haïti un pays vraiment  »open for business ».
Donc, la Commission Economique pour l’Amérique Latine et la Caraibe (CEPAL) et d’autres secteurs doivent cesser de parler de 6% de croissance pour l’économie cette année, mais plutôt de 3.4%, selon la dernière note du FMI jusqu’à nouvel ordre. Ce taux de croissance risque bien d’être inférieur à ce niveau. Il suffit d’une allumette politique ou d’un désastre naturel que nous ne souhaitons vraiment pas.
 
Riphard Serent
Vision 2000

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