Haïti-Syndicalisme : 22 ans de lutte de l’Unnoh pour un syndicalisme indépendant dans l’éducation
En prélude à la célébration de ses 22 ans de lutte syndicale dans le secteur de l’éducation en Haïti, l’Union nationale des normaliennes et normaliens haïtiens (Unnoh) s’est présentée comme « l’un des rares syndicats haïtiens à garder son autonomie en évitant de se laisser corrompre ».
Selon son coordonnateur, Josué Mérilien, l’Unnoh a su valablement défendre les intérêts matériels et moraux des enseignantes et enseignants d’Haïti, et lutter pour l’amélioration significative de leurs conditions de vie et de travail.
Même si les choses ne sont pas celles que le syndicat aurait espérées, le chemin parcouru est parlant.
« Pour s’en rendre compte, il suffit de considérer, par exemple, le montant du salaire brut des enseignants et enseignantes avant 1995, (…) et aujourd’hui. Le montant du salaire brut le plus élevé au niveau du primaire (1er et 2e cycle fondamental), qui était autrefois de 1,500.00 gourdes (US$ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui), est maintenant, (…) passé à 10 mille gourdes », se félicite, non sans modération, l’enseignant-syndicaliste Mérilien.
Depuis quelques mois, le syndicat s’est engagé dans une lutte pour un traitement minimum de 50 mille gourdes pour toutes les enseignantes et tous les enseignants du secteur public.
La réalisation de cet objectif s’inscrit dans les perspectives de l’Unnoh à côté d’une plus large couverture nationale et d’une priorité sur la question des manuels scolaires.
En ce sens, le syndicat enseignant à annoncé la possible signature d’un protocole d’accord entre l’Unnoh et le C3 Éditions en vue de produire des manuels scolaires, pédagogiquement de qualité et conformes à la réalité socio-culturelle du jeune apprenant haïtien.
« Nous savons que la branche du livre scolaire est monopolistique. Nous sommes disposés à affronter les bras armés [de la branche], qui sont prêts à tout pour garder le statu quo », prévient Mérilien.
Durant ses « 22 ans de combat » l’Unnoh a produit des textes visant à contribuer à la compréhension et à la transformation de la réalité éducative haïtienne.
Il importe de mentionner « Sos pour l’école haïtienne en péril, les vingt priorités d’un ministre de l’éducation, Haïti : quelle école pour quelle société ».
Les textes des forums, dont ceux de mars 2010 et de mai 2010 – placés respectivement sous les thèmes « quelle éducation pour construire quel pays, quel État et quelle société » et « la question de la reconstruction d’Haïti » -, sont des lignes directrices également, croit Mona Bernadel du bureau exécutif de l’Unnoh.
Le syndicat est membre de divers réseaux d’organisations syndicales et sociales dont le regroupement Éducation pour toutes et tous (Rept), la Confédération des travailleuses et travailleurs de secteurs public et privé (Ctsp), Collectif pour le dédommagement des victimes du choléra (Comodevic).
De sa fondation à nos jours, l’Unnoh a connu trois coordonnateurs : Raymond Pierre (1991-1993), Yves Estinvil (1993-1995) et Josué Mérilien (1995-2013).
Questionné sur son long, voire trop long mandat à la tête du syndicat, Josué Merilien se plait à rappeler qu’il ne fut pas candidat à sa succession au dernier congrès de l’Unnoh, il y a trois ans (en 2010).
Les dirigeants de l’organisation jurent de « toujours lutter pour garder son indépendance et renforcer sa combativité, sa détermination et son engagement, ce, pour le plus grand bien de la lutte et pour continuer à projeter une image positive, mériter la confiance de la population en général, des enseignantes et enseignants en particulier ». (alterpresse.org)