Monde/Économie: Morosité de l’économie mondiale et de l’économie haïtienne…
La nouvelle version de prévisions de croissance pour l’économie mondiale publiée cette semaine par le Fonds Monétaire International (FMI) à l’occasion de la réunion de son assemblée annuelle à Tokyo au Japon, ne fait pas exception. En effet, en juillet, le FMI s’attendait à une croissance mondiale de 3,5 % en 2012 et de 3,9 % en 2013 ; désormais, il prévoit respectivement 3,3 % et de 3,6 %. Le contraste à la baisse est net par rapport à l’an dernier (+ 3,8 %) et surtout par rapport à 2010 (+ 5,1 %).
Les experts du FMI qui ont fait ces prévisions parlent de ‘’déception’’, car selon eux, la situation médiocre où se débattent les Etats-Unis (+ 2,2 % en 2012 et 2,1 % en 2013) montre que le Président Barack Obama ne profitera pas d’une embellie, s’il est réélu dans un mois. Mais la déception vient surtout de la zone euro qui confirme son statut « d’homme malade du monde » avec une récession annoncée de – 0,4 % cette année et une reprise anémique de + 0,2 % l’an prochain.
Selon le FMI, ni l’Allemagne (+ 0,9 % et + 0,9 %) ni la France (+0,1 % et +0,4 % alors que son nouveau président attend +0,8 %…) ne pourront compenser les récessions de l’Espagne (- 1,5 % et – 1,3 %), de l’Italie (- 2,3 % et – 0,7 %), du Portugal (- 3 % et – 1 %) et surtout de la Grèce (- 6 % et – 4 %).
Selon Christine Lagarde, le numéro 1 du FMI, la crise de la dette dans la zone euro et la purge immobilière américaine ont fini par affecter les économies émergentes et en développement par le biais d’un recul de leurs exportations, comme le prouve la chute de la croissance du commerce mondial, revenue de + 12,6 % en 2010 à + 5,8 % en 2011 et à + 3,2 % cette année.
La Chine qui a tiré l’économie mondiale depuis dix ans s’essouffle avec 7,8 % de croissance en 2012 et + 8,2 % en 2013, tout comme l’Inde avec 4,9 % de croissance en 2012 et + 6 % en 2013, le Brésil (+ 1,5 % et 4 %), la Russie (+ 3,7 % et + 3,8 %) et l’Afrique du sud (+ 2,6 % et + 3 %).
Il faut rappeler que ces derniers développements dans l’économie mondiale ont eu des répercussions directes sur l’économie latino-américaine et caribéenne qui devrait enregistrer de 3.2% en 2012, inférieure aux prévisions de Juin, comme l’a si bien expliqué la CEPALC (Commission Economique pour l’Amérique Latine et la Caraïbe) dans son dernier rapport.
Cette morosité de l’économie mondiale révélée par le FMI a un impact immédiat sur l’économie haïtienne, dont les perspectives de croissance sont des plus sombres en 2012 et 2013. Plusieurs études ont montré que l’instabilité politique a des impacts négatifs directs sur la croissance d’un pays, ce qui explique que nous sommes très loin d’atteindre le niveau de la République Dominicaine.
Les prévisions de croissance du gouvernement haïtien de 6.9% pour 2013 n’ont aucune chance de se réaliser si la situation actuelle ne s’améliore pas de manière considérable dans les prochains 6 mois à venir. On parle maintenant de plus en plus d’un taux inférieur à 4% pour 2012 et même plus faible si les turbulences de rue ne cessent pas de se manifester à travers tout le territoire haïtien.
Si la croissance en 2012 est très proche des prévisions du gouvernement, on pourra confirmer que l’économie haïtienne était mieux en 2011 qu’en 2012.
Riphard Serent
Vision 2000