Violence des gangs : Le chef de l’Onu critique les réticences pour l’intervention d’une force internationale en Haïti

– Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Portugais António Guterres, évoque les difficultés rencontrées pour mobiliser la volonté de ceux, qui auraient les meilleures capacités à diriger une force internationale robuste en Haïti, visant à lutter contre la violence des gangs armés.

Le chef de l’Onu a exprimé cette position, lors d’une conférence de presse conjointe avec le premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness, le lundi 15 mai 2023, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Guterres a réitéré son appel à pouvoir disposer de la présence d’une force de police internationale robuste, pour réprimer les gangs armés dans le pays, dans le cadre de l’appui à la Police nationale d’Haïti (Pnh).

Il faut, de toute urgence, déployer une force armée spécialisée internationale en Haïti, a réaffirmé António Guterres, dans un rapport en date du 17 janvier 2023.

Le 7 octobre 2022, le gouvernement de facto avait également sollicité, auprès des Nations unies, le déploiement d’urgence d’une force armée spécialisée internationale, pour aider la Pnh à lutter contre l’insécurité, liée aux actes criminels des bandes armées.

Cette demande a été vivement critiquée par divers secteurs de la société.

António Guterres signale combien il a été difficile de créer, également, les conditions politiques, pour que les différents pays acceptent, plus facilement, de faire partie d’une force d’intervention en Haïti.

Par contre, il a salué l’attitude du gouvernement de la Jamaïque, qui « a été le premier pays qui a immédiatement exprimé sa volonté de faire partie de cette opération ».

Dans le cadre de la Communauté des Caraïbes (Caricom), la Jamaïque est impliquée dans un processus politique très important, essayant de rassembler les différentes parties prenantes pour trouver une sortie à cette crise politique, se félicite Guterres.

Face aux problèmes politiques, l’Onu souligne la nécessité de rassembler les différentes parties prenantes, pour trouver la voie politique pour qu’un gouvernement légitime soit reconnu par toutes et tous.

Antonio Guterres demande, à nouveau, à la communauté internationale « de comprendre qu’une solidarité effective avec Haïti n’est pas seulement une question de générosité. C’est essentiellement une question d’intérêt personnel éclairé ».

La situation actuelle en Haïti reflète une menace pour la sécurité de toute la région et au-delà, met-il en garde.

Nécessité d’un engament renforcé contre la criminalité et l’insécurité alimentaire

« Le nombre de personnes tuées, le nombre de personnes incapables de vivre leur vie, les problèmes dramatiques d’insécurité alimentaire sont, en effet, quelque chose, qui nécessite un engagement beaucoup plus fort de la part de la communauté internationale » envers Haïti, qui se trouve dans une situation tragique, note l’Onu.

Haïti fait face à des besoins humanitaires dramatiques, à la paralysie de son système politique et à des niveaux de violence de gangs armés « absolument épouvantables. ».

Plus de 600 personnes ont été tuées pour le seul mois d’avril 2023, dans la nouvelle vague de violence extrême, qui a frappé plusieurs quartiers, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, a indiqué, le mardi 9 mai 2023, le Haut-commissariat aux droits humains (Hcdh) de l’Onu.

Cette augmentation fait suite aux assassinats d’au moins 846 personnes, de janvier à mars 2023, a relevé le Hcdh.

393 personnes ont été également blessées et 395 enlevées au cours de la période, soit une augmentation de 28 % de la violence par rapport au trimestre précédent.

En plus de la criminalité, une aggravation du niveau d’insécurité alimentaire est observée en Haïti.

Elle résulterait de la flambée des prix, liée à la forte volatilité de la gourde par rapport au dollar américain (Ndlr : US $ 1.00 = + 150.00 gourdes ; 1 euro = 157.00 gourdes ; 1 dollar canadien = 108.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.70 gourdes aujourd’hui), l’expansion de la violence des gangs armés, qui paralyse de plus en plus les activités économiques dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, dans la péninsule Sud et dans une bonne partie du grand Nord, a expliqué la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), dans un document rendu public en mars 2023.

4 millions 900 mille Haïtiennes et Haïtiens en situation d’insécurité alimentaire nécessitent urgemment une assistance humanitaire pour la période de mars à juin 2023, a alerté la Cnsa.

 

 

Source: APR

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