En cinq jours, au moins 234 personnes tuées ou blessées dans des violences de gangs à Cité Soleil, l’ONU s’inquiète et demande aux autorités d’agir

Sur une période de cinq jours, du 8 au 12 juillet, au moins 234 personnes ont été tuées ou blessées dans le cadre des violences liées aux gangs dans le quartier de Cité Soleil, informe ce 16 juillet le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (Hcdh), dans une déclaration à la presse publiée à Genève et dont a pris connaissance AlterPresse.

La plupart des victimes n’étaient pas directement impliquées dans des gangs et ont été directement visées par des éléments de gangs, précise la communication.

Le Hcdh se déclare profondément préoccupé par l’aggravation de la violence à Port-au-Prince ainsi que par l’augmentation des violations des droits humains commises par des gangs lourdement armés contre la population locale.

« Nous demandons instamment aux autorités de veiller à ce que tous les droits humains soient protégés et placés au centre de leur réponse à la crise. La lutte contre l’impunité et les violences sexuelles, ainsi que le renforcement de la surveillance et de l’établissement de rapports en matière de droits de l’homme, doivent rester une priorité », a dit un porte-parole du Hcdh, Jeremy Laurence.

De janvier à fin juin, l’ONU a recensé 934 meurtres, 684 blessés et 680 enlèvements dans la capitale haïtienne Port-au-Prince.

« Nous avons également reçu des informations faisant état de nouvelles violences sexuelles », a dit le porte-parole.

Dans ce contexte, le Hcdh appelle « les responsables, et ceux qui soutiennent cette violence armée, à la cesser immédiatement, ainsi qu’à respecter la vie et les moyens de subsistance de tous les Haïtiens, dont la plupart vivent dans une extrême pauvreté ».

Les gangs lourdement armés, de plus en plus sophistiqués dans leurs actions

Le Haut-Commissariat note que les gangs lourdement armés sont de plus en plus sophistiqués dans leurs actions, menant des attaques simultanées, coordonnées et organisées dans différentes zones. « Le droit à la vie est le droit suprême en vertu du droit international des droits humains et l’État a le devoir de protéger ce droit, y compris contre les menaces émanant de personnes et d’entités privées », a souligné le porte-parole.

Dans le cadre de leurs tactiques, certains gangs ont empêché la population locale d’accéder à des biens de première nécessité, tels que l’eau potable et la nourriture. Cela a encore aggravé la prévalence de la malnutrition aiguë dans les zones touchées, notamment chez les enfants.

La violence a également exacerbé les pénuries de carburant, le principal dépôt de carburant étant situé à Cité Soleil, et les coûts de transport ont fortement augmenté. La situation socio-économique critique a déclenché des manifestations de rue, contribuant à détériorer davantage la situation sécuritaire. Alors que beaucoup des résidents se sont barricadés à l’intérieur, de nombreux commerces ont fermé, par peur des représailles.

Depuis le début du mois de juin, des gangs ont également attaqué des institutions clés à Port-au-Prince, comme le Palais de justice et l’administration portuaire. Des menaces d’attaques ont aussi été signalées contre le Parlement, les services pénitenciers, la Banque nationale, la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif. « Les autorités de l’État semblent dépassées par la situation : les institutions sont paralysées par le manque de ressources, la corruption et la violence, ce qui favorise l’impunité. Bien que la Police nationale haïtienne ait réagi rapidement et autant que possible, ses ressources limitées n’ont pas permis d’endiguer la violence », a déclaré le porte-parole du HCDH.

L’insécurité empêche les agences humanitaires d’entrer dans Cité Soleil

« Alors que les souffrances continuent à Cité Soleil, l’insécurité empêche les agences humanitaires d’entrer dans Cité Soleil », a déclaré Ulrika Richardson, Coordinatrice humanitaire de l’ONU. « L’ONU est prête à porter secours aux nombreux enfants, femmes et hommes pris entre deux feux par la violence de gang, dès que les partenaires humanitaires pourront accéder aux zones touchées ».
« Les habitants de Cité Soleil sont parmi les plus touchés par les vagues de violence actuelles en Haïti », a-t-elle ajouté.

Cité Soleil n’est pas le seul quartier où les gangs opèrent en toute impunité. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime qu’environ 1,5 million de personnes, soit près de 50% de la population de la capitale, sont directement touchés par la violence, et voient leur liberté de mouvement et d’accès aux services de base restreints.

Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), un demi-million d’enfants de la capitale seraient déscolarisés en raison de l’insécurité.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme s’est félicité de la décision du Conseil de sécurité de l’ONU, de prolonger le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Cela « permettra de renforcer la réponse internationale collective à la crise des droits humains qui se déroule dans le pays, ainsi que de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire », a dit M. Laurence.

Par une résolution adoptée vendredi à l’unanimité, le Conseil de sécurité a prorogé pour un an le mandat du BINUH, jusqu’au 15 juillet 2023.

Dans ce texte, présenté par les États-Unis et le Mexique, le Conseil exige, dans les 90 jours, la cessation immédiate de la violence en bande organisée et des activités criminelles et se déclare disposé à prendre des mesures appropriées qui pourraient recouvrir le gel des avoirs et l’interdiction de voyager, contre quiconque participerait à la violence en bande organisée et à des activités criminelles ou à des atteintes aux droits humains ou appuierait de tels actes ou agirait de manière à compromettre la paix, la stabilité et la sécurité d’Haïti et de la région.

 

 

 

Source: APR

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