Une plus grande volonté des Haïtiens pour résoudre la crise, souhaite l’Union européenne

L’ambassadrice et cheffe de la délégation de l’Union européenne (Ue) en Haïti, Sylvie Tabesse, espère que les Haïtiens et Haïtiennes trouveront la volonté de s’engager davantage, en vue d’une solution à la crise actuelle et de diriger le pays vers la voie du développement durable.

Elle a réaffirmé l’appui de l’Europe à la démarche visant à trouver une solution haïtienne à la crise, à l’occasion de la cérémonie de célébration, le lundi 9 mai 2022, de la fête de l’Europe, à laquelle a assisté AlterPresse.

« Pour revenir à la déclaration de Robert Schuman (Homme d’État français, ancien président du Parlement européen) : Il n’est plus question de vaines paroles, mais d’un acte hardi et constructif dont les conséquences peuvent être immenses », déclare Sylvie Tabesse.

Les attentes d’Ariel Henry

« Sans le rétablissement de la sécurité, l’aide apportée à Haïti par l’Europe restera inefficace et inopérante », déclare, pour sa part, le chef du gouvernement de facto, Ariel Henry, qui prenait part à la célébration.

Le premier ministre de facto a rappelé sa volonté d’organiser des élections générales dans le pays dans les meilleurs délais.

Il a aussi réitéré sa demande de matériels et équipements adaptés pour la police nationale d’Haïti pour combattre les gangs, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

« Haïti fait face aux défis d’instabilité politique et institutionnelle qui affectent l’attractivité économique et les investissements étrangers indispensables à la création d’emploi et à une meilleure qualité de vie pour la population. Dans ce contexte difficile, je vous demande de continuer à supporter Haïti qui fait face à une crise socio-économique assez sévère », insiste Ariel Henry.

Le « oui, mais » de l’Union européenne

Ariel Henry et l’ambassadeur français Fabrice Mauries

« Au niveau des équipements tout dépend des équipements, on a des limitations que l’on ne veut pas surmonter. En revanche, en termes d’assistance technique, de conseil d’appui, de ressources humaines qui pourraient manquer (…) ce sont des choses aussi que nous sommes en train d’étudier », a réagi l’ambassadrice Sylvie Tabesse à la demande d’Ariel Henry.

« C’est aux Haïtiennes et Haïtiens de dire d’abord : ça suffit ! Unissons-nous et faisons un pays pour le bien de tous, et la communauté internationale est vraiment là pour appuyer cette volonté, ce processus lorsqu’il s’enclenchera. Ce n’est pas nous qui allons le faire à la place des Haïtiens. Ce n’est pas notre rôle. En revanche, on est des amis sincères, des partenaires sincères, et on appuie. Mais, n’oublions pas que cette décision, cette volonté, ce courage doit venir des Haïtiennes et des Haïtiens ».

Les différents protagonistes politiques sont toujours à couteaux tirés en ce qui concerne la marche à suivre pour trouver une issue à l’impasse actuelle, plus de 8 mois après l’assassinat, le mercredi 7 juillet 2021, du président de facto, Jovenel Moise.

A part les membres du gouvernement, de nombreuses personnalités dont celles issues de partis alliés et en opposition au pouvoir en place ainsi que des représentants de divers secteurs économiques, sociaux et culturels ont pris part à cette cérémonie de commémoration du lundi 9 mai 2022.

A droite : Fritz Jean, président élu de l’Accord de Montana, en conversation avec des membres du secteur privé
A droite : Eric Jean-Baptiste, secrétaire général du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp)
Maryse Narcisse, du parti Fanmi Lavalas, en conversation avec le premier ministre de facto Ariel Henry

Manque de confiance

Un manque de confiance des uns envers des autres, entre les différents acteurs haïtiens serait à la base de l’incapacité à dialoguer sur la crise actuelle, souligne, de son côté, l’ambassadeur de France en Haïti, Fabrice Mauries.

« Il y a une grande, grave crise de confiance, il faut le reconnaître », regrette-t-il.

Mauries reconnait la part de responsabilité de la communauté internationale dans la dégradation de la situation sécuritaire du pays tout en soulignant qu’elle reste partagée.

La communauté internationale, dont les Etats-Unis, la France, le Canada et même les Nations-Unies sont accusés régulièrement de servir d’obstacles à la résolution des cuisants problèmes sécuritaires et politiques d’Haïti.

Helen La Lime, cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH)

« Nous avons notre part de responsabilité, mais nous n’avons pas toute la responsabilité. Et dire que c’est la faute de l’étranger, c’est un mensonge. Tout le monde le sait. Il y a des responsabilités partagées. Nous avons fait des erreurs ».

Et le diplomate de poursuivre : « nous avons cru par exemple que la présence de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) allait régler tous les problèmes de sécurité dans le pays. La Minustah est partie, l’insécurité est devenue insupportable, c’était une erreur d’analyse ».

« Nous ne portons pas entièrement cette responsabilité », exprime l’ambassadeur de France en Haïti. Il pointe un manque de capacité au niveau de l’administration de l’État haïtien pour répondre aux exigences actuelles.

 

 

 

 

Source: APR

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