La CIDH préoccupée par la crise haïtienne
La Commission Interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) et le Bureau du Rapporteur spécial pour la liberté d’expression qui lui est rattaché » expriment leur préoccupation face à la récente aggravation des actes de violence survenus dans le cadre de la crise politique qui sévit en Haïti depuis mi-2018 et qui se manifeste par des pressions en faveur de l’interruption du mandat du président haïtien et l’usage disproportionné de la force par une partie de la police pour réprimer les manifestations ».
» La CIDH prie instamment l’État de prendre les mesures nécessaires pour garantir le droit à la liberté de réunion pacifique et d’adopter des mesures urgentes pour protéger la vie et l’intégrité des habitants du pays et permettre aux journalistes d’effectuer leur travail. De même, la Commission exhorte toutes les forces politiques haïtiennes à renouer avec les voies pacifiques de concertation politique et à préserver les institutions démocratiques du pays ».
Lors de sa 173e session, la Commission a reçu en particulier des informations de la part de représentants d’organisations de la société civile sur la paralysie des services publics de base tels que la santé et l’éducation, qui touche particulièrement les enfants, les femmes et les personnes âgées. Dans ce contexte, la CIDH adhère à la préoccupation des Nations Unies exprimée le 2 octobre dernier concernant la possible pénurie d’eau potable dans des lieux critiques comme les orphelinats et les difficultés d’accès aux hôpitaux et services d’urgence.
» La Commission exprime son profond rejet des actes de violence et, dans ce contexte, prie instamment l’État haïtien d’adopter toutes les mesures nécessaires pour garantir la vie, l’intégrité personnelle et la sécurité des habitants du pays. De même, il est impératif que l’État mette à exécution les actions nécessaires pour assurer le déroulement des protestations sociales dans un climat pacifique.
La CIDH et le Bureau du Rapporteur spécial qui lui est rattaché rappellent que la dispersion d’une manifestation doit se justifier par le devoir de protection des personnes et que l’État est tenu de recourir à des mesures plus sûres et moins préjudiciables pour les manifestants. Le recours à la force lors des manifestations publiques doit rester exceptionnel, et ce dans des circonstances strictement nécessaires, conformément aux principes internationalement reconnus. Les autorités ont le devoir de mener une enquête rapide et approfondie sur le comportement de la police pendant ces manifestations et d’établir les sanctions correspondantes.
Dans ce contexte, la CIDH a été informée que des discours haineux incitant à la violence circulaient sur Internet et étaient diffusés par le biais d’émissions de radio. Ces discours auraient pour effet d’exacerber la polarisation politique et les attaques contre la presse en général. À cet égard, la CIDH réaffirme que, devant les leçons de l’Histoire concernant des exemples de crimes graves commis en raison de l’exacerbation de la haine à l’encontre de groupes précis, toute société démocratique est tenue d’adopter les mesures nécessaires pour prévenir et sanctionner de tels faits, en particulier dans un contexte régional où les discours discriminatoires gagnent du terrain.
« Le contexte défavorable qui prévaut actuellement en Haïti met en évidence trois préoccupations principales : la nécessité de renouer le dialogue politique, la garantie de protestations libres et pacifiques et la pleine reprise des services de base interrompus à cause de l’escalade de violence », a souligné la Commissaire Flavia Piovesan, Rapporteuse de la CIDH pour Haïti.
Source: radio Métropole Haïti