Lutte contre la tuberculose en Haïti : des avancées enregistrées, des défis aussi

La Journée mondiale de la tuberculose représente une opportunité pour le coordonnateur du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT), le Dr Willy Morose, de faire le bilan des efforts déployés dans la lutte contre cette maladie au cours de l’année écoulée. « Pour l’année 2021, le MSPP, à travers le PNLT, a dépisté et soigné 11 000 nouveaux cas de tuberculose et 71 cas de tuberculose résistants avec l’appui de l’ICC4, des centres GHESKIO et Zanmi Lasante ; 407 cas de tuberculose ont été détectés et traités dans les prisons grâce à la HTW. Le pourcentage des malades coïnfectés est passé de 80% en 2012 à 91 % en 2021. L’incidence de cette maladie est passée de 22 à 100 000 en 2012 à 168 par 100 000 habitants en 2021. Cependant il reste encore beaucoup à faire en particulier dans la tuberculose résistante qui risque de saper les efforts déjà déployés dans la lutte, avec une prise en charge qui nécessite des médicaments plus coûteux, moins efficaces et une structure de prise en charge spécialisée », a-t-il révélé lors de son intervention.

La célébration de cette Journée mondiale de lutte contre la tuberculose est aussi un moment pour rappeler à tous que la tuberculose est une maladie historique vieille de plus d’un siècle qui, pour autant, ne se conjugue pas au passé. « La tuberculose est une maladie actuelle, toujours présente dans nos foyers, villes et villages. La tuberculose est une maladie à ne pas négliger afin d’éviter les souffrances inutiles. Cette maladie ne se limite pas aux personnes directement touchées. Elle entraine des effets dévastateurs sur les familles et la société tout entière », a précisé le Dr Morose. En 2022, a-t-il ajouté, le PNLT envisage d’augmenter le taux de détection et élever la barre des indicateurs à la dimension des objectifs régionaux de l’OMS. « Cela exige une très grande implication nationale, car la lutte contre la tuberculose n’est pas seulement l’affaire du PNLT. La tuberculose est avant tout une maladie sociale qui nécessite une intervention pluridisciplinaire dépassant largement l’attribution du ministère de la Santé, encore plus les prestateurs des soins des CDT. »

Haïti, tuberculose, l’urgence d’agir

Haïti est au cœur des priorités de la lutte contre la tuberculose dans la Caraïbe, a souligné le directeur exécutif de l’Unité de coordination des maladies infectieuses et transmissibles (UCMIT), le Dr Jean Frantz Lemoine. « Le gouvernement haïtien, avec le soutien des organisations de la société civile et des partenaires, a réaffirmé ses ambitions de mettre fin à la tuberculose. Le thème de cette année,  »Investissons pour en finir avec la tuberculose, sauvons des vies », s’inscrit dans les nouvelles directives internationales de lutte contre la tuberculose, notamment la nécessité d’accélérer des actions concertées en vue de garantir un monde où personne ne meurt de tuberculose », a-t-il fait savoir en reconnaissant que « pour atteindre cet objectif nous devons continuer à innover, améliorer la qualité des services en vue d’atteindre les résultats escomptés ».

Le Dr Lemoine en a profité pour mettre en avant les efforts accomplis. « La coordination du PNLT UCMIT, en dépit du manque de ressources humaines peut se féliciter du chemin parcouru. Le taux de coïnfection TB /VIH chez les patients TB est passé 20 % en 2012 à 15% en 2021 ; le nombre d’institutions impliquées dans la prise en charge directe de la tuberculose est passé de 256 en 2016 à 273 en 2021 ; le nombre d’institutions offrant les services de diagnostic par le genexpert est passé de deux en 2013 à 25 en 2021 », a-t-il avancé.

La tuberculose tue

« Selon les estimations de l’OPS/OMS en 2020, presque 10 millions de personnes ont contracté la tuberculose et 1.5 million sont décédées de la maladie. Ce ne sont pas que des chiffres, ce sont les personnes qui ont une famille, des amis, toute une vie devant elles qui sont atteintes de cette maladie évitable ; alors il reste beaucoup à faire », a déploré Maureen Birmingham, la représentante de l’OPS/OMS en Haïti. Elle se réjouit du fait que les efforts mondiaux, nationaux et locaux ont permis de sauver 66 millions de vies malgré l’impact de la pandémie de Covid-19 qui a effacé des années de progrès dans le combat pour mettre fin à la tuberculose. Haïti, au cours des trois dernières années, a commencé à faire face à d’énormes défis pour poursuivre ces progrès à cause de la situation complexe du pays (sociopolitique, économique, sanitaire). « En Haïti, le taux d’incidence de la maladie diminue d’année en année. La couverture de traitement antituberculeux qui était de 75% en 2016 au lieu de progresser vers l’objectif de 90% a enregistré une baisse à 59 % en 2020. Il reste moins de dix ans pour pouvoir atteindre les engagements pris pour mettre fin à cette épidémie d’ici 2030 alors que l’accès équitable en diagnostic, à la prévention au traitement et à des soins de qualité à temps restent un défi. C’est dans ce contexte que l’action accélérée est nécessaire de toute urgence pour rehausser les efforts », a-t-elle soutenu.

Le ministre de la Santé publique et de la Population, le Dr Alex Larsen, a renouvelé son engagement dans la lutte contre cette maladie qui, malgré tous les efforts, constitue une endémie majeure dans les pays en voie de développement. « La lutte contre la tuberculose en Haïti a débuté depuis près d’un demi-siècle et cette maladie représente l’une de nos plus grandes priorités en santé.  Afin de maintenir les acquis et de répondre à l’engagement d’élimination de la tuberculose d’ici 2030, des stratégies efficientes ont été élaborées pour parvenir à cette élimination », a-t-il soutenu. Tout en précisant que la lutte sera longue et difficile, il appelle à la collaboration de tous les secteurs de la vie nationale.

Le MSPP en a profité pour remettre le prix Iderle Célestin. Cette année, le prix est décerné à Mirlène Fleuriole, représentante de la direction sanitaire départementale du Centre. Le prix de l’institution sanitaire de l’année a été remis à l’hôpital Saint-Michel de Jacmel. Cette institution contient 108 lits, 3 salles d’opérations, 5 lits en urgence, 25 lits en pédiatrie, 25 lits en médecine interne, 25 lits en maternité, 25 lits en orthopédie, 10 lits en chirurgie et 3 lits en ORL.

 

 

 

 

Source: Le nouveliste

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