Assassinat de Jovenel Moïse : les Etats-Unis formulent une demande d’extradition de l’ex-sénateur John Joël Joseph

Les États-Unis ont fait parvenir à la Jamaïque une demande d’extradition pour l’ex-sénateur et suspect dans l’assassinat du président Jovenel Moïse, Joseph Joël John, a indiqué le journal Miami Herald, jeudi 24 mars 2022.

L’ancien sénateur, selon le Miami Herald, comparaissait pour la cinquième fois devant un tribunal jamaïcain pour violation des règles d’immigration. Joseph, sa femme et ses deux fils ont été arrêtés dans une maison de la paroisse rurale de St. Elizabeth au début du mois de janvier.

« La demande d’extradition a été présentée au tribunal aujourd’hui », a confirmé l’avocat de la défense, Donahue Martin, au Miami Herald, ajoutant que son client « a donné son accord pour renoncer à l’audience d’extradition ».

Martin représente également la femme et les enfants de Joseph, qui ont tous trois demandé l’asile politique en Jamaïque, affirmant que leur vie serait en danger s’ils étaient renvoyés en Haïti.

Aucune décision n’a été prise concernant leur demande. Au début du mois, les autorités haïtiennes ont confirmé au Miami Herald qu’elles avaient envoyé une demande à la Jamaïque pour que Joseph soit renvoyé en Haïti afin de faire face à un juge qui enquête sur ledit assassinat.

Martin a déclaré qu’il n’y avait aucune mention de la demande d’Haïti au tribunal. Jeudi, un représentant du gouvernement haïtien a déclaré au Miami Herald que le gouvernement haïtien n’avait pas reçu de réponse de la Jamaïque. Joseph a reçu l’ordre de revenir au tribunal le 5 avril pour les accusations de violation de l’immigration, et on ne sait pas dans combien de temps il pourrait être aux États-Unis, où deux autres suspects sont actuellement emprisonnés.

Mario Antonio Palacios Palacios, un ancien soldat de l’armée colombienne, a été arrêté par des agents fédéraux américains au Panama le 3 janvier 2021 alors qu’il était en train d’être expulsé vers la Colombie par la Jamaïque. Rodolphe Jaar, un trafiquant de drogue condamné, a été escorté par des agents fédéraux américains à Miami en janvier après avoir été détenu en République dominicaine. On pense que les deux hommes coopèrent avec les procureurs américains, qui les ont tous deux accusés d’avoir conspiré en vue de commettre un meurtre ou un enlèvement en dehors des États-Unis et d’avoir fourni un soutien matériel entraînant la mort tout en sachant que ce soutien serait utilisé pour mettre à exécution un complot visant à tuer le président haïtien.

Les États-Unis ont mené leur propre enquête sur l’assassinat, en vertu de la vision élargie du ministère de la Justice de sa compétence pénale. Bien que le crime ait eu lieu en Haïti, une partie de la planification a eu lieu dans le sud de la Floride, selon les enquêteurs haïtiens et américains.

L’ex-sénateur a consenti à être extradé, selon Jamaica Observer

L’ancien sénateur haïtien Joseph Joël John, une personne d’intérêt dans l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, a consenti à être extradé vers les États-Unis, a indiqué Jamaica Observer dans un article, jeudi 24 mars 2022.

La demande d’extradition a été présentée devant la cour paroissiale de Kingston et St Andrew jeudi, par le directeur adjoint principal des poursuites, Jeremy Taylor.

« Votre Honneur, il s’agit de la demande d’extradition de Joseph Joël John, citoyen haïtien, vers les États-Unis », a déclaré M. Taylor, ajoutant qu’un mandat d’arrêt provisoire a été émis mardi à l’encontre de M. Joseph en vertu du traité d’extradition entre les États-Unis et la Jamaïque, selon cet article du Jamaica Observer, qui note qu’en vertu de ce traité, les États-Unis ont 60 jours pour fournir des preuves du crime supposé.

Taylor a précisé au tribunal que seul John doit être extradé.

Avant de signer le consentement écrit, l’ex-sénateur, selon Jamaica Observer, a exprimé son inquiétude de laisser sa famille derrière lui. Cependant, par l’intermédiaire d’un interprète, il lui a été expliqué qu’il ne sera pas envoyé immédiatement aux États-Unis.

La juge principale de la paroisse, Lori-Ann Montague-Cole, a conseillé à l’ex-sénateur de « se préparer » à être extradé après que le consentement écrit lui aura été remis.

Elle a également déclaré qu’elle pouvait «comprendre qu’un homme s’inquiète de quitter sa femme et ses enfants».

Après que la situation lui a été expliquée en détail, la femme de L’ancien sénateur, Edume, a été observée avec un inhalateur pour asthme à la main et en train de faire de l’hyperventilation.

John Joël Joseph, sa femme et ses deux enfants, ont été arrêtés dans le sud-est de St Elizabeth le 20 janvier 2021.

Sa famille a depuis déposé une demande d’asile en Jamaïque auprès de la Passport Immigration and Citizenship Agency (PICA), dans l’attente d’une réponse du bureau du secrétaire permanent du ministère de la Sécurité nationale. Il a été révélé que le secrétaire permanent n’est pas dans le pays.

Plus d’une quarantaine de personnes sont incarcérées dans le cadre de ce dossier. La justice haïtienne, jusqu’ici, traine les pieds. Il reste encore des zones d’ombres qu’une commission rogatoire d’un juge d’instruction à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) pourrait aider à élucider, ont indiqué des sources.

Le président Joe Biden, dans le cadre du budget des États-Unis pour l’exercice en cours qui doit s’achever fin septembre 2022, a, dans le cadre de la « loi sur le développement, la responsabilité et la transparence institutionnelle en Haïti », signée le 15 septembre, à la section « 108, rapport sur l’assassinat du président Jovenel Moïse », instruit ses services  de fournir des rapports sur l’enquête.

Les développements, les menaces et tout « acte d’intimidation à l’encontre des autorités haïtiennes chargées de l’application de la loi et des autorités judiciaires impliquées dans l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, incluant l’identification des personnes étrangères impliquées dans ces menaces et actes d’intimidation » intéressent aussi l’administration Biden. Plus loin, cette loi commande « une description de tout effort visant à interférer dans ou de saper l’indépendance et l’intégrité de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse ».

Les rapports demandés

Selon la section qui concerne Haïti, « au plus tard 90 jours après la date de promulgation de la présente loi, le secrétaire d’État, en coordination avec le ministre de la Justice (attorney general), le secrétaire à la Sécurité intérieure et le directeur de la Central Intelligence Agency, soumettra à la commission des relations étrangères du Sénat et à la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants un rapport sur  l’assassinat, le 7 juillet 2021, du président d’Haïti Jovenel Moïse ».

« Au plus tard 180 jours après la présentation du rapport requis par la sous-section, le secrétaire d’État, en coordination avec le secrétaire à la Justice, le secrétaire à la Sécurité intérieure et le directeur de la Central Intelligence Agency (CIA), doit mettre à jour le rapport. Le directeur de la Central Intelligence Agency soumet à la commission des relations étrangères du Sénat et à la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants une version actualisée du rapport qui inclut tout développement significatif lié à l’assassinat du président Jovenel Moïse », peut-on lire dans cette loi qui spécifie les informations attendues. Le rapport exigé par la sous-section et le rapport requis par la sous-section doivent chacun inclure les éléments suivants : une description détaillée des événements ayant conduit à l’assassinat du président Jovenel Moïse et de l’enquête subséquente sur l’assassinat, y compris une description et une identification des dates clés et des noms des personnes étrangères liées à l’assassinat et à l’enquête sur l’assassinat ; une description du soutien des États-Unis aux efforts des autorités haïtiennes pour enquêter sur l’assassinat du président Jovenel Moïse », lit-on dans ce texte qui veut avoir une perspective sur les capacités de la justice haïtienne. « Une évaluation de l’indépendance et de la capacité des autorités haïtiennes à enquêter sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, comprenant une analyse des avancées et des déficiences significatives de l’enquête », est demandée.

 

 

 

 

Source: Le Nouveliste

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