Note sur la Politique monétaire : un tableau très sombre de l’économie haïtienne au 3e trimestre de l’exercice fiscal
La Banque de la République d’Haïti (BRH) a rendu public sa dernière note sur la politique monétaire, cette note qui présente et analyse les développements récents dans l’économie haïtienne au cours du 3e trimestre de l’exercice dans 4 secteurs clés de l’économie à savoir, le secteur réel, le secteur externe, les finances publiques et le système bancaire.
En ce qui concerne le secteur réel de l’économie, la note sur la politique monétaire de la BRH a indiqué clairement que l’activité économique au cours du 3ème trimestre a continué de pâtir des troubles socio-politiques et de la détérioration du climat sécuritaire du pays, sans oublier la recrudescence des cas de coronavirus, tout en soulignant l’impraticabilité des routes menant vers le Grand Sud depuis le début du mois de juin, ce qui a entravé la circulation des denrées alimentaires en provenance des régions agricoles des départements du Sud, du Sud-Est, des Nippes et de la Grand’Anse.
Passons sur l’inflation annuelle du mois de mai (14,5%), déjà présenté et commenté dans la rubrique économique, ainsi que sur le change qui a augmenté d’environ 12% sur le trimestre sous-étude, pour aborder le secteur externe dans lequel les données disponibles à la Banque centrale jusqu’au mois d’avril 2021 ont fait état d’une augmentation d’environ 21% des importations et de 8% des exportations pour les 7 premiers mois de l’exercice fiscal, comparativement à la même période de l’année antérieure.
En ce qui a trait aux transferts de la diaspora, ils se sont chiffrés à environ 2 milliards de dollars d’octobre 2020 à mai 2021, soit une progression de plus de 40 % en glissement annuel.
On termine avec les finances publiques pour dire que selon la note sur la politique monétaire de la BRH, la situation des finances publiques s’est davantage dégradée au cours du 3ème trimestre, en raison de l’incapacité de l’État à mobiliser des ressources dans un contexte de détérioration du climat des affaires.
En effet, les recettes fiscales collectées par l’Etat haïtien s’élèvent à environ 70 milliards de gourdes d’octobre 2020 à juin 2021, ce qui représente environ 33% des ressources totales collectées, alors que les dépenses budgétaires se chiffrent à 124.3 milliards de gourdes, soit environ 51% des décaissements totaux.
Cette évolution de la situation des finances publiques s’est soldée par un déficit budgétaire partiellement financé par la BRH pour un montant de 40.2 milliards de gourdes en juin 2021 contre environ 34 milliards le trimestre antérieur.
Un tableau très sombre de l’économie haïtienne avec des chiffres qui doivent vraiment attirer l’attention du nouveau gouvernement à deux mois de la fin de l’exercice fiscal.
Riphard Serent, MPA
Economiste