La Fjkl alerte sur les risques énormes d’une autre évasion à la prison civile de la Croix-des-Bouquets

La Fondation je klere (Fjkl) attire l’attention des autorités sur l’existence de risques énormes d’une autre évasion à la prison civile de la Croix-des-Bouquets (Nord-est de la capitale, Port-au-Prince), après celle survenue le 25 février 2021.

Elle relève une négligence et complicité des agents et responsables pénitentiaires dans la dernière évasion, dans un rapport daté du mardi 9 mars 2021, consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

La Fjkl déplore le fait qu’aucune volonté de sanctionner les manquements n’a été relevée de la part des autorités policières et judiciaires.

A travers une note écrite, un détenu a signalé le projet d’évasion à la prison civile de la Croix-des-Bouquets au responsable, 4 jours avant les événements du 25 février, a indiqué la Fjkl.

Le dimanche 21 février 2021, soit quatre jours avant l’évasion, un détenu d’un lieu de la prison dénommé ‘’continent Europe’’ a remis une note écrite au chef de poste du jour, le policier Wilgston Regnus, dans laquelle on pouvait lire : « Bay responsab la sa a pou mwen. Nèg yo gen entansyon kraze prizon an » (Remettez cela (cette note) au responsable de ma part. Des gens veulent casser la prison, ndlr », avait-il alerté, selon ce que rapporte la Fjkl.

Le chef de poste dit avoir remis la note au responsable de la prison qui n’a pris aucune mesure particulière pour protéger l’espace carcéral, poursuit le rapport.

« Les rumeurs étaient persistantes, que la prison allait être cassée avant même le 7 février 2021 ».

Parallèlement, la radio-communication de la prison est tombée en panne deux semaines avant les évènements. Une action de sabotage de celle-ci, soit un fusible enlevé, a été constatée qu’après l’évasion, fait savoir le document.

Il n’y avait lors de cette évasion, aucune porte de cellules brisée, aucune des barrières de la prison n’est fracassée ou endommagée par intervention de forces externes, ajoute-t-il.

L’organisation de droits humains recommande au commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de la Croix-des-Bouquets de mettre l’action publique en mouvement contre les auteurs, complices de cette évasion spectaculaire afin que toute lumière soit faite sur cette question.

Des sanctions pénales appropriées prononcées par un tribunal indépendant et impartial doivent être prises pour enfin tracer un exemple sur cette pratique d’évasion devenue une banalité dans la gestion du système carcéral haïtien.

La Fjkl souhaite une enquête de l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc) sur les actes de corruption entourant la gestion du système pénitentiaire haïtien notamment l’enrichissement illicite des agents et autorités pénitentiaires.

Cette investigation doit toucher le commerce de téléphone, de la drogue et d’autres produits illicites à l’intérieur des prisons, les cas de détournement de nourriture et de carburant reprochés aux responsables de la Direction de l’administration pénitentiaire (Dap).

L’Administration pénitentiaire doit accorder une attention particulière au traitement des détenus et au respect de leurs droits de vivre dans la dignité, exige Fjkl.

La Fjkl appelle le Ministère de la justice à adresser, de manière sérieuse, la problématique de la détention préventive prolongée, et à mettre en place des programmes de réinsertion sociale en faveur des détenus.

Le pouvoir judiciaire est exhorté à respecter les droits des détenus à être jugés dans un délai raisonnable.

Cette évasion a fait 27 morts dont le directeur de la prison, l’inspecteur divisionnaire Paul Hector Joseph et le chef de gang Arnel Joseph abattu, le lendemain, à l’Estère dans le département de l’Artibonite.

Il y a eu également 10 blessés, 445 évadés, 59 prisonniers repris par la police ainsi que des armes et matériels retrouvés sur le toit et sur la cour de la prison, note le rapport.

 

 

 

 

 

Source: APR

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