L’ONU dénonce les attaques contre la justice en Haïti

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a dénoncé vendredi les « attaques contre l’indépendance de la justice en Haïti », après le placement en détention d’un haut magistrat accusé de « tentative de coup d’Etat ».

Juge de la Cour de cassation, Yvickel Dieujuste Dabresil figurait parmi un groupe de 23 personnes arrêtées par la police dans la nuit du 6 au 7 février et accusées par les autorités de « tentative de coup d’Etat ». Les autorités judiciaires haïtiennes ont ordonné sa libération le 12 février.

« Le juge de la Cour de Cassation, ainsi qu’au moins 22 autres personnes, ont été arrêtés le 7 février dans des circonstances qui peuvent équivaloir à une arrestation illégale ou arbitraire », a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat, Liz Throssell, lors d’un point de presse à Genève.

« Le juge a été libéré, mais 17 autres personnes sont toujours en détention préventive », a-t-elle ajouté.

En outre, trois juges, parmi lesquels M. Dabresil, « ont été contraints de prendre leur retraite et ont été remplacés par la suite, apparemment dans le cadre d’une procédure irrégulière », a-t-elle déploré.

Ces trois juges font partie de l’opposition politique qui considère que le mandat du président Jovenel Moïse s’est achevé.

Pour le Haut-Commissariat, « ces événements ont encore érodé la séparation des pouvoirs en Haïti ».

« Nous sommes très préoccupés par les dernières attaques contre l’indépendance de la justice en Haïti, d’autant plus que l’instabilité politique et institutionnelle règne actuellement dans le pays », a insisté Mme Throssell.

Le Haut-Commissariat appelle les autorités à « veiller au respect du cadre juridique et institutionnel établi » et demande au gouvernement et à l’opposition d’engager « un dialogue constructif et ouvert à tous afin d’éviter une nouvelle escalade des tensions et de résoudre l’impasse politique et institutionnelle actuelle ».

Haïti vit sous tension avec une multiplication de mobilisations citoyennes dénonçant une dérive autoritaire du pouvoir de Jovenel Moïse.

Jovenel Moïse soutient que son mandat à la tête du pays caribéen court jusqu’au 7 février 2022. Mais cette date est dénoncée par une bonne partie de la population haïtienne, selon qui le mandat de cinq ans de Jovenel Moïse est arrivé à son terme dimanche 7 février 2021.

Ce désaccord de date est né du fait que M. Moïse avait été élu lors d’un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.

Haïti étant privé de parlement depuis un an, le président gouverne par décrets, ce qui ne fait qu’accroître la défiance de la population.

L’opposition politique haïtienne s’est elle choisie un dirigeant intérimaire en la personne de Joseph Mécène Jean-Louis.

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