Kidnapping : la fête de l’Immaculée Conception a un goût singulier

Pas de chants d’animation. Pas de son tonitruant. Le moment ne s’y prête pas. La traditionnelle procession organisée à Port-au-Prince à l’occasion de la Notre-Dame de l’Immaculée Conception est solennelle ce mardi 8 décembre.  La fête a un goût singulier. Drapée du bicolore haïtien, l’avenue John Brown a vu défiler des dizaines de milliers  de fidèles catholiques qui prient pour la délivrance d’Haïti. Le pays est à l’honneur. On remet au bon Dieu ses fils qui vivent dans la terreur à cause de l’insécurité.

Il est 1 heure passée. L’artère de Lalue fourmille de bleu et blanc (couleurs de la Vierge Marie). L’évènement paralyse la circulation dans les environs. Les pèlerins, majoritairement des femmes, armés de leur chapelet et du drapeau national, sont impatients. Avec une heure de retard la procession, qu’on pouvait logiquement surnommer « la marche contre l’insécurité, le kidnapping, la peur et pour l’espérance » allait enfin démarrer. Fuyant l’insécurité à Bel-Air, les responsables de la paroisse Notre-Dame de l’Immaculée Conception de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti avaient donné le rendez-vous devant la paroisse de Christ-Roi.

Monté sur un char à l’effigie de la Vierge Marie (Mère de Dieu) et du nom d’ « AYITI », le père Frantzy Petit-Homme plante le décor. Contextualisant la situation, le père soutient qu’il n’y aura pas de grande animation comme cela se fait traditionnellement. Dans la foulée, il invite le peuple de Dieu à invoquer l’Esprit Saint pour Haïti, les malades, les familles haïtiennes souffrantes à cause du kidnapping. Une fois lancé, le cortège marial, formé d’une dizaine de véhicules, sur lesquels le bicolore et le drapeau du Vatican ne cessaient de flotter, part. Chaque véhicule porte un message, des revendications lisibles inscrites sur des pancartes.

« Nou vle viv nan lapè, san kidnapin ; nou bouke ak ensekirite ; wi pou lavi, wi pou lavni ; pa kite yo vòlè lesperans nou », figurent parmi les revendications. Immacula, née un 8 décembre 1955, a tenu à être présente. Elle était là depuis midi. « C’est mon anniversaire aujourd’hui. Pour tout ce que la vierge a fait pour moi, je ne pouvais rater cette procession », confie-t-elle. Elle explique qu’elle a eu le coronavirus et qu’elle en est sortie indemne. Jolivena, quant à elle, louait le Seigneur qui a accompagné sa fille lors d’une césarienne. « Elle était entre la vie et la mort », précise-t-elle.

En récitant le chapelet, des prières pour Haïti, des chants mariaux, la grande procession, sécurisée par des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH), a déferlé sur Lalue, le Champ de Mars, longeant la rue Oswald Durand pour se rendre au stade Syvio Cator. Dans les parages du stade et dans son enceinte, l’image est impressionnante. Le stade est plein à craquer. Il est décoré de bleu et blanc. Les premiers mots de l’archevêque métropolitain de Port-au-Prince, Mgr Max Leroy Mésidor, qui présidait la cérémonie eucharistique, ont été pour remercier l’Église, les fidèles qui, en dépit du climat d’insécurité, ont bravé le danger en vue de participer à la fête.

« Ne vous laissez pas voler l’espérance », prêche-t-il, reprenant le message du pape François.

Au cours de son homélie, le prélat rappelle que le pays a besoin de changement à tous les niveaux. «  Il nous faut du changement dans notre mentalité, dans la façon de diriger le pays, dans la façon de faire de la politique en Haïti », déclare-t-il, ajoutant que les évêques, dans leur message de Noël, déclarent : « «Nou bouke », on n’en peut plus avec l’insécurité, la violence, la misère et le climat de terreur qui gangrène le pays.

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Au cours du parcours, des manifestants ont pris d’assaut la procession pour réclamer justice pour le révérend père Joseph Simoly, assassiné le 21 décembre 2017 devant sa résidence sur la route de Frères, à l’âge de 54 ans.

 

 

 

 

Source: Le nouveliste

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