La position des États-Unis sur la crise politique acceptée par certains et rejetée par d’autres

Pour le président du Parti haïtien Tèt kale (PHTK), le parti du président de la République, la note de l’ambassade américaine le rejoint dans ce qu’il a toujours prôné, « un dialogue franc, ouvert et inclusif entre tous les protagonistes… » Liné Balthazard a souligné que généralement les notes diplomatiques ne supportent aucun groupe en faveur d’un autre. « La note va dans la nécessité d’un dialogue sans pré-conditions… », a-t-il dit. Il faut rappeler que Balthazard fait partie des quatre membres démissionnaires de la commission présidentielle de dialogue après les déclarations de Jovenel Moïse affirmant qu’il ne compte pas démissionner du pouvoir.

Pour sa part, l’ancien Premier ministre Évans Paul et leader de l’organisation politique KID a fait remarquer que quand les Américains, dans la note, parlent de dialogue sans conditions préalables, cela voudrait dire que le président ne peut pas jouer la carte de son mandat de cinq ans ni l’opposition ne peut lui demander de démissionner d’abord. « La décision doit être prise sur la table du dialogue et peut déboucher sur n’importe quoi comme la démission du président ou son maintien à travers un gouvernement de cohabitation », a estimé M. Paul.

Selon l’ancien coordonnateur de la commission de dialogue formée par Jovenel Moïse, si avant les Américains étaient ouvertement dans le camp du chef de l’État, « aujourd’hui  il y a un bémol. Ils disent supporter maintenant le peuple haïtien. Ce qui veut dire que les Américains entendent aussi le cri de beaucoup de gens qui réclament le départ du président. Mais les États-Unis pensent que la démission ou le maintien doit se discuter dans le dialogue », a avancé Évans Paul, soulignant qu’il est pour « un dialogue sans pré-conditions. »

Après avoir lu la dernière sortie de l’administration Trump sur Haïti, la position de Fanmi Lavalas n’a pas changé. « Nous n’avons jamais reconnu l’inculpé Jovenel Moïse. Il ne peut y avoir de dialogue avec lui. En revanche, Fanmi Lavalas est déjà en train de dialoguer avec d’autres forces vives de la nation pour continuer à accompagner la population dans sa revendications qui est la démission sans conditions de  Jovenel Moïse », s’est positionné Joël Vorbe, l’un des membres du directoire du parti de Jean-Bertrand Aristide.

Pour l’ancienne sénatrice Edmonde Supplice Beauzile, la position des États-Unis n’a pas changé depuis l’année dernière. « Ils demandent le dialogue ; ils ont ajouté cette fois un dialogue sans conditions préalables », a fait remarquer la présidente du parti Fusion des sociaux-démocrates. Selon elle, parce que les acteurs n’ont plus aucune confiance dans Jovenel Moïse, le dialogue avec lui n’est pas possible. Madame Beauzile plaide pour un dialogue sans le chef de l’État. « Dialoguer avec lui, c’est une perte de temps », a soutenu la responsable de parti politique, membre de la plateforme Mache Kontre.

« Quand tout un peuple décide de descendre dans la rue pour exiger la démission d’un chef d’État, ou pour exprimer une quelconque revendication populaire, c’est l’expression de l’exercice de la souveraineté populaire. Cela doit été respecté, car rien n’est au-dessus de la volonté populaire, pas même la Constitution. L’ambassade américaine et le reste de la communauté internationale ne doivent pas continuer à supporter un chef d’État rejeté par la population », a fulminé Me André Michel, porte-parole du Secteur démocratique et populaire, l’un des fers de lance des mouvements de protestation contre le chef de l’État.

Après avoir rejeté la logique de dialogue sans conditions proposé par l’ambassade américaine, l’activiste politique et avocat a fait savoir que l’opposition a déjà lancé 7 journées de mobilisation nationale du dimanche 27 octobre au samedi 2 novembre 2019 pour forcer le président Jovenel Moïse à quitter le pouvoir. « Nous maintenons notre calendrier de combat et rappelons que le pays sera totalement fermé pendant cette période de mobilisation intensive. Nous appelons la communauté internationale à rejoindre le peuple haïtien dans son combat pour la satisfaction de ses revendications légitimes », a soutenu Me Michel.

Le Nouvelliste a contacté vendredi deux conseillers du président de la République qui n’ont pas voulu commenter la dernière note de l’ambassade des Etats-Unis sur la situation du pays. L’un d’entre eux a référé le journal au ministre des Affaires étrangères qui, selon lui, est mieux placé pour parler de la prise de position des Américains.

« Les États-Unis continuent d’encourager tous les acteurs politiques, économiques et de la société civile d’Haïti à entamer sans tarder ou sans conditions préalables un dialogue inclusif en vue de déterminer la voie à suivre pour constituer un gouvernement opérationnel qui servira le peuple haïtien et répondra aux préoccupations économiques et sociales pressantes du pays.  Les dirigeants haïtiens doivent travailler ensemble pour trouver une solution pacifique et démocratique, avec un sens accru de l’urgence. Le peuple haïtien souffre; nous sommes aux côtés des Haïtiens qui attachent de l’importance à la paix en appelant avec courage à la reddition de comptes. Les États-Unis déplorent le blocage actuel en Haïti, qui contribue directement à la violence, à une montée en flèche des besoins humanitaires et à l’interruption de la vie quotidienne du peuple haïtien », stipule la note succincte de l’ambassade des États-Unis sur Haïti

 

Source: Le Nouveliste

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