Le Conseil de sécurité renouvelle le mandat du Binuh, demande des options, y compris pour le déploiement d’une force en Haïti

Le Conseil de sécurité de l’ONU, via la résolution 2692 (2023), a voté à l’unanimité le renouvellement pour un an du mandat du Binuh et a demandé au secrétaire général Antonio Guteress « de soumettre un rapport écrit au Conseil, en consultation avec Haïti, dans un délai de 30 jours, décrivant l’ensemble des options de soutien que les Nations unies peuvent fournir pour améliorer la situation en matière de sécurité, y compris le soutien à la lutte contre le trafic illicite et le détournement d’armes et de matériel connexe, une formation supplémentaire pour la police nationale haïtienne, le soutien à une force multinationale ne relevant pas des Nations unies ou une éventuelle opération de maintien de la paix, dans le cadre de l’appui à un règlement politique en Haïti », peut-on lire dans un communiqué de l’ONU.

Le Conseil de sécurité a prorogé aujourd’hui le mandat du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) jusqu’au 15 juillet 2024, en décidant que son unité de police et d’administration pénitentiaire comprendra jusqu’à 70 membres du personnel civil et détaché servant de conseillers en matière de police et d’administration pénitentiaire afin d’accroître son soutien stratégique et consultatif aux capacités de formation et d’enquête de la police nationale haïtienne, et que son unité des droits de l’homme comprendra des capacités dédiées à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, y compris l’identification de conseillers en matière de protection des femmes, peut-on lire dans un communiqué de l’ONU, vendredi 14 juillet 2023.

Adoptant à l’unanimité la résolution 2692 (2023) (à paraître sous la cote S/RES/2692(2023)), le Conseil a réitéré la nécessité pour toutes les parties prenantes haïtiennes de continuer à faciliter un processus politique dirigé par les Haïtiens et pris en charge par eux, afin de permettre l’organisation d’élections législatives et présidentielle libres, équitables et crédibles, avec la participation pleine, égale, significative et sûre des femmes et l’engagement des jeunes, de la société civile et d’autres parties prenantes concernées dans le cadre d’un dialogue national inter-haïtien inclusif. Il demande en outre à toutes les parties prenantes haïtiennes de parvenir d’urgence à un accord sur une feuille de route durable, assortie d’un calendrier et acceptée par tous pour les élections, selon ce communiqué.

Sur le plan de la sécurité, le Conseil a exigé des États membres qu’ils coopèrent pour prévenir le trafic et le détournement d’armes, notamment en inspectant les cargaisons à destination d’Haïti et en fournissant et en échangeant des informations actualisées et en temps utile pour identifier et combattre les sources de trafic illicite et les chaînes d’approvisionnement.  Il les a également vivement encouragés à interdire sans délai la fourniture, la vente ou le transfert d’armes légères et de petit calibre et de munitions à des acteurs non étatiques qui participent ou soutiennent la violence des gangs, les activités criminelles ou les violations des droits de l’homme en Haïti, ainsi qu’à prendre toutes les mesures appropriées pour empêcher leur trafic illicite et leur détournement, indique le communiqué.

Les membres du Conseil ont également demandé au BINUH de prendre pleinement en compte la protection de l’enfance en tant que question transversale tout au long de son mandat et d’aider les autorités à protéger les enfants, notamment en accordant la priorité au soutien consultatif en matière de protection de l’enfance.  Ils ont également demandé au BINUH de fournir, en annexe au rapport du secrétaire général au Conseil, des informations sur les cas de violence des gangs, les activités criminelles et les violations des droits de l’homme en Haïti, recueillies dans l’exercice de son mandat, poursuit ledit communiqué.

En outre, le texte demande au secrétaire général de soumettre un rapport écrit au Conseil, en consultation avec Haïti, dans un délai de 30 jours, décrivant l’ensemble des options de soutien que les Nations unies peuvent fournir pour améliorer la situation en matière de sécurité, y compris le soutien à la lutte contre le trafic illicite et le détournement d’armes et de matériel connexe, une formation supplémentaire pour la police nationale haïtienne, le soutien à une force multinationale ne relevant pas des Nations unies ou une éventuelle opération de maintien de la paix, dans le cadre de l’appui à un règlement politique en Haïti, a indiqué le communiqué de l’ONU.

Le chancelier haïtien, Jean Victor Généus, a confié à Le Nouvelliste : « Résolution adoptée ce matin à d’unanimité par le Conseil de securite de l’ONU pour le renouvellement du mandat du BINUH et pour le deploiement d’une force specialisée non onusienne. Le secrétaire général a un delai de 30 jours pour donner son rapport sur la mise en œuvre de cette résolution. L’option de maintien de la paix reste ouverte ».

« Le vote de la résolution est un pas décisif dans la bonne direction. C’est le fruit d’un travail patient d’information et d’explication du drame que vit le peuple haïtien quotidiennement. Le travail qui nous attend est l’élaboration, avec le BINUH, d’un document devant contribuer à la mise en œuvre de la résolution. Nous adressons nos remerciements à tous ceux qui continuent de nous accompagner dans la longue marche vers la paix et la tranquillité dans le pays », a dit Généus à Le Nouvelliste.

Le communiqué de l’ONU a indiqué que Linda Thomas-Greenfield (États-Unis) a déclaré que la résolution présentée par sa délégation et l’Équateur, réautorisant le mandat du BINUH, représente un pas important vers l’objectif formulé par le secrétaire d’État Antony Blinken lors de la récente plénière de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) : « aider le peuple haïtien à façonner son avenir et restaurer l’ordre démocratique du pays par le biais d’élections libres et équitables ».

Le BINUH reste une force positive en Haïti, soutenant la police nationale haïtienne dans sa lutte contre la violence des gangs qui sévit dans le pays.  Le texte encourage les États membres à apporter un soutien sécuritaire à la police nationale haïtienne par le biais d’une force spécialisée, reconnaissant les appels à l’aide répétés des Haïtiens, a-t-elle déclaré, notant qu’il demande également au secrétaire général un rapport écrit décrivant les moyens d’améliorer efficacement la situation sécuritaire, y compris par la formation de la police nationale haïtienne et le soutien à une force ne relevant pas des Nations unies.

Elle a toutefois souligné que si l’adoption de la résolution constitue une étape positive, le Conseil doit faire davantage, de concert avec le BINUH, le gouvernement haïtien et la communauté internationale, pour aider le peuple haïtien à parvenir à un avenir juste et pacifique, selon ce communiqué.

Geng Shuang (Chine) a déclaré qu’Haïti est profondément enlisée dans des crises humanitaires et politiques. L’adoption aujourd’hui de la résolution 2692 (2023) montre que la communauté internationale est déterminée à trouver une solution qui appartienne à Haïti et qui soit dirigée par Haïti. La solution fondamentale à la crise haïtienne réside dans l’avancement du processus politique. La résolution appelle toutes les parties et factions en Haïti à faire avancer le processus politique avec un sentiment d’urgence et dans l’intérêt fondamental du pays. Le soutien à la police haïtienne ne changera rien si l’afflux d’armes dans le pays ne cesse pas. Tous les pays doivent immédiatement cesser de fournir des armes et des munitions qui pourraient tomber aux mains des gangs haïtiens et à celles de leurs partisans. Il a appelé les membres du Conseil à maîtriser la détermination politique et à faire preuve de volonté politique. Il a mis en garde contre les « solutions rapides mises en œuvre de l’extérieur », qui n’ont pas donné de résultats à long terme depuis longtemps, selon ce communiqué de l’ONU.

Guilherme Marquardt Bayer (Brésil) a déclaré que tout au long des négociations, l’objectif principal de son pays était d’aider Haïti à surmonter sa crise économique, politique et sécuritaire.  Le renforcement de la capacité du BINUH à soutenir les autorités nationales, à prévenir et à répondre à la violence sexiste et à protéger les enfants représente des améliorations, a-t-il souligné, tout en notant que des mesures supplémentaires visant à prévenir le trafic illicite et le détournement des armes légères et de petit calibre et des munitions pourraient également constituer une étape cruciale dans l’endiguement de la violence.  « Dans les jours et les mois à venir, la situation dans le pays doit rester au premier plan de notre attention », a-t-il souligné, ajoutant que le Conseil devrait suivre la situation sur le terrain, tout en envisageant de nouvelles mesures potentielles. Toute assistance sécuritaire éventuelle devrait s’aligner pleinement sur les besoins et les aspirations du peuple haïtien et être élaborée en étroite collaboration avec d’autres acteurs concernés, a-t-il souligné, précisant que l’efficacité de cette assistance dépendra de la volonté des principales parties prenantes de mettre de côté leurs divergences pour s’attaquer aux causes profondes.

Hernán Pérez Loose (Équateur) a salué les contributions constructives de toutes les délégations à l’égard du texte présenté par son pays et les États-Unis en vue d’étendre et de renforcer le mandat du BINUH, au moment où Haïti en a le plus besoin.  La résolution envoie un message clair aux chefs et aux membres des gangs qui assiègent le pays et demande au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et au BINUH d’assurer une communication stratégique.  Elle demande également à tous les organismes compétents, y compris ceux qui ont la capacité d’influencer les groupes armés, de mettre fin au blocus qui entrave l’approvisionnement des marchés locaux. Le texte double presque le plafond du personnel fournissant une assistance dans le domaine pénitentiaire et inclut un langage renforcé sur la lutte contre le trafic d’armes. Le Conseil s’est prononcé en faveur d’une force de soutien spécialisée pour la police nationale haïtienne, a-t-il déclaré, ajoutant que le texte ne représentait pas l’objectif final, mais « un point de départ à partir duquel on peut construire ».

 

 

 

Source: Le Nouveliste

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