La trésorerie des compagnies pétrolières s’assèche, l’État agit pour éviter toute panne sèche au pays…
« Nous discutons actuellement avec les compagnies pétrolières pour établir un mécanisme permettant, même si nous ne remboursons pas l’intégralité de près de 4 milliards de gourdes de dette au mois de juin, qu’elles aient des capitaux pour acheter des produits pétroliers. L’Etat Haïtien fait tout son possible pour éviter des ruptures de stock », a confié au journal le ministre de l’économie et des finances, du gouvernement de Jean Henry Céant, Ronald G Décembre. Il est conscient de la situation d’assèchement de trésorerie de presque la quasi majorité de ces compagnies.
Entre-temps, sur le marché pétrolier, les inquiétudes se sont renforcées. A cause du problème de trésorerie qui s’est amplifié et de l’incertitude lié à l’absence d’un nouveau gouvernement régulièrement voté par le Parlement. « Les problèmes de trésorerie ne font que s’amplifier avec le temps », a confié au journal une source proche d’une compagnie pétrolière, mercredi 31 juillet 2019. « L‘Etat doit aux compagnies pétrolières au moins 80 millions de dollars au titre des subventions », a poursuivi cette source.
« Les compagnies pétrolières vendent les carburants moins cher que ce qu’elles paient pour les importer. Chaque gallon vendus contribue donc à assécher les trésoreries des compagnies qui auront donc beaucoup de difficultés à continuer d’approvisionner le marché dans les semaines à venir si l’Etat ne rembourse pas les subventions », a indiqué cette source.
« La situation devient extrêmement grave et il serait plus que souhaitable que le gouvernement se penche sur le problème de la subvention qui assèche la trésorerie des compagnies pétrolières. Celles-ci sont obligées de se financer en recourant au système financier dans un contexte de hausse importante des taux d’intérêt débiteurs », a indiqué une autre source proche d’une compagnie pétrolière.
« La dette envers les compagnies peut être estimée à plus de 5 milliards de gourdes si on doit se limiter aux chiffres d’importation par rapport aux montants à rembourser. Il est totalement illogique, à mon sens, de recevoir une marchandise qui, arrivée en douane, coûte plus cher que le prix à la pompe », a expliqué cette source.
« Cette dette de 80 millions de dollars, je crois, et la combinaison des taxes négatives à l’importation des produits pétroliers et une dette de trading envers une compagnie », selon une autre source interrogée par le journal.
Le journal a appris qu’une réunion prévue jeudi n’a pas eu lieu. Mais dans les contacts du ministère de l’économie et des finances (MEF), plusieurs compagnies pétrolières veulent des engagements de l’Etat à résoudre le problème avant de passer des commandes. En clair, éponger une partie de la dette. Le problème ne sera pas pour autant résolus sans une révision de la structure de prix en vue de sortir graduellement de la subvention, a expliqué cette source.
Les compagnies, a aussi appris le journal, sont préoccupées par les difficultés du MEF liées au statut du gouvernement. « Les décisions du MEF sont compliquées par la situation politique car le gouvernement en place gère les affaires courantes en attendant la ratification du prochain gouvernement », a expliqué une source proche de l’association des professionnels du pétrole.
Si les compagnies sont préoccupées, elles ne veulent pas pour autant exprimer ces appréhensions susceptibles de créer la panique, a appris le journal.
La situation des compagnies pétrolières n’est pas la même. Celles qui ont plus de moyens financiers galèrent. Mais pour les petites, c’est plus que la galère. Il y a une réelle crainte de devoir arrêter les opérations, a confié une autre source.
Pour le moment, le journal a appris qu’au moins une ou deux compagnies ont commandé des produits pour le mois d’aout.
Entre-temps, la bulle de la dette de l’Etat envers les compagnies pétrolières et d’autres entités enfle. Elle ne se reflète pas dans le financement monétaire. Ce financement est calculé sur une base caisse, a expliqué une autre source au journal.
Roberson Alphonse
Le Nouvelliste