Mise en accusation du président, présentation de politique générale du PM, les députés tentent de déminer le terrain…
La date de présentation de la politique générale du Premier ministre nommé, Fritz William Michel, n’est pas encore à l’ordre du jour à la Chambre basse. Pour le moment, les députés tentent de se mettre d’accord sur la meilleure façon d’organiser une séance sur la mise en accusation du président de la République. A ce niveau, une source bien placée au Palais national a confié au Nouvelliste que le chef de l’Etat n’a aucune inquiétude et que Jovenel Moïse veut évacuer ce sujet pour permettre à son Premier ministre de franchir l’étape du Parlement.
La séance relative à la mise en accusation du président de la République est pratiquement un acquis pour les députés accusateurs. À présent, les présidents des différents blocs à la Chambre des députés tentent de se mettre d’accord sur la meilleure formule à adopter pour réaliser cette séance. « Nous sommes en train de discuter pour savoir si on va organiser une séance spéciale sur la mise en accusation ou si on va introduire la mise en accusation et fixer une autre date pour la séance », a rapporté mercredi au Nouvelliste le député Samuel D’Haïti qui participait à une rencontre entre les trois blocs à la Chambre des députés.
L’élu de Saint-Marc a précisé au journal que c’est à partir de la séance sur la mise en accusation du chef de l’État que la commission spéciale qui doit analyser les pièces du Premier ministre nommé sera formée. Pas avant. Une façon pour Samuel D’Haïti de souligner qu’il n’y a pour le moment aucune date prévue pour la présentation de la politique générale de Fritz William Michel. « Le plus important pour nous, c’est la séance sur la mise en accusation du président la République », a soutenu le député membre du bloc EPAN.
Pour sa part, le député de l’opposition Abel Descolines, qui participait lui aussi à la rencontre entre les blocs, a donné la garantie qu’après la réalisation de la séance sur la mise en accusation du chef de l’Etat, les députés de l’opposition ne s’opposeront pas à la présentation de la politique générale du Premier ministre nommé. Il a souligné que lui et ses pairs de l’opposition ne voteront toutefois pas en faveur de Fritz William Michel.
Le parlementaire a fait état des irritants qui existent entre le président de la Chambre des députés et les membres du bloc majoritaire. Ce qui, selon le député Descolines, empêcherait la Chambre des députés de réaliser une séance depuis bientôt deux mois.
Un député influent, membre du bureau à la Chambre basse, a confié au journal que le chef de l’Etat s’implique lui-même dans des rencontres avec les blocs au Parlement pour s’assurer du vote en faveur de son Premier ministre. « Le problème avec les députés aujourd’hui, c’est que cela fait six mois qu’ils n’ont pas reçu les frais de carburant ni les recharges téléphoniques ; les chauffeurs, les agents de sécurité et les membres du bureau des députés n’ont pas reçu pas leur salaire depuis trois à sept mois environ… », a fait remarquer ce membre du bureau de la Chambre basse.
Selon ce parlementaire, pour s’assurer d’un vote favorable de la majorité, Fritz William Michel a la difficile mission de rencontrer séparément les présidents des blocs, les groupes de députés et les députés influents.
Une source au Palais national a confié au Nouvelliste que le chef de l’Etat s’implique personnellement dans les démarches devant assurer au Premier ministre nommé un vote favorable au Parlement. Il a ajouté que pour le Premier ministre nommé tout est correct, mais certains ministres sont soumis à un processus de vetting sans donner de précision sur la nature de ce vetting.
Par ailleurs, notre source au Palais national a fait savoir que le président Jovenel Moïse n’est pas inquiet du projet de mise en accusation contre sa personne. Notre contact proche du chef de l’État rappelé, à cet effet, qu’il faut deux tiers des députés pour rendre effective la mise en accusation.
Robenson Geffrard
Le Nouvelliste