L’Université Quisqueya aide les 150 élèves de la philo du lycée de La Saline à préparer les examens officiels
« Plusieurs de mes amis à La Saline ont été tués lors du massacre du 13 novembre 2018. Parmi eux, un camarade au lycée qui a été assassiné ainsi que sa mère… Nous avons perdu plus de 70 jours de classe au lycée de La Saline, mais je garde encore l’espoir de réussir les examens officiels et d’aller étudier l’agronomie… », a confié Berger, 19 ans, figurant parmi les 150 élèves du lycée de La Saline qui depuis le massacre de novembre dernier vivent ce drame au quotidien.
Encadrés par une quinzaine d’étudiants finissants à l’Université Quisquesya, ces 150 élèves du lycée de La Saline tentent de rattraper le temps perdu.
« Le lycée de la Saline avait commencé à travailler deux semaines après la rentrée des classes en septembre dernier. Après la manifestation du 17 octobre, notre école n’avait pas fonctionné pendant plusieurs jours. À partir de 14 novembre, le lycée était complètement paralysé. Les cours ont repris en janvier; il y a eu ensuite les mouvements de protestation de février qui ont perturbé son fonctionnement… », enchaîne, de son côté, Kerline, 18 ans, n’ayant pas de mots pour expliquer sa frustration.
« C’est frustrant de voir les autres élèves aller à l’école quand nous sommes obligés de rester à la maison alors que nous allons avoir les mêmes examens qu’eux. Je n’habite pas à La Saline, mais puisque je viens à l’école dans la zone du lundi à samedi, je passe plus de temps là-bas que chez moi », ajoute Kerline au Nouvelliste qui a été les rencontrer, mercredi, au campus de l’Université Quisqueya.
Wenky, lui aussi élève philo au lycée de La Saline, a dû fuir la zone pour échapper au massacre. Il dit y avoir perdu des proches en novembre dernier.
Chacun de ces 150 élèves au lycée de La Saline a une histoire à raconter sur le massacre et sur les nombreux jours de classe perdus.
« Ils ont perdu plus de 5 mois de cours. Pour les aider à préparer les examens officiels, nous avons mobilisé des étudiants finissants à l’Université Quisqueya qui se sont portés volontaires et nous avons fait appel aussi à du personnel de l’Université d’État », a indiqué au Nouvelliste le professeur Pierre Eddy César, vice-doyen de la Faculté des sciences de l’éducation.
Ils sont une quinzaine d’étudiants finissants de différentes facultés de l’UNIQ à encadrer ces élèves en biologie, chimie, mathématiques, physique, entre autres. Les bénéficiaires sont divisés en trois groupes pour mieux faciliter l’apprentissage.
Selon le professeur César, l’Université Quisqueya met à la disposition de ces 150 élèves des moyens de transport pour le trajet La Saline-Turgeau et Turgeau-La Saline. Ils reçoivent aussi un repas chaud tous les jours et des ouvrages de base.
Du 8 au 12 juillet 2019, ils seront environ 150 000 élèves de philo (nouveau secondaire, bac traditionnel et bac permanent) à travers le pays qui participeront aux examens officiels.
Robenson Geffrard
Le Nouvelliste