Haïti sort sous le chapitre 7 de l’ONU…et sera considéré comme un pays normal
Après la MINUSTAH, la MINUJUSTH, l’Organisation des Nations unies nous envoie maintenant le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH). À partir du 16 octobre 2019, Haïti sortira sous le chapitre 7 de l’ONU et le BINUH prendra le relais à la MINUJUSTH. Pour le ministre haïtien des Affaires étrangères, c’est une bonne nouvelle pour le pays qui n’aura pas de forces de maintien de paix de l’ONU sur son territoire.
Fini les missions de maintien de paix de l’ONU en Haïti. Avec la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée, le mardi 25 juin 2019, le pays passe du chapitre 7 au chapitre 6 de la charte de l’ONU, a confié au journal le ministre des Affaires étrangères Bocchit Edmond. Dans cette résolution qui a été adoptée par 13 voix en faveur et deux abstentions (Chine et République dominicaine), les membres du Conseil prient le secrétaire général de mettre en place pour une période initiale de 12 mois ce Bureau intégré dirigé par un représentant spécial.
Cette résolution, selon le ministre Bocchit Edmond, entérine les recommandations du secrétaire général de l’ONU et la demande des autorités haïtiennes. « À partir d’octobre 2019, Haïti ne sera plus sous le chapitre 7 de l’ONU, mais sous le chapitre 6, comme étant un pays avec un fonctionnement normal… », a fait savoir le ministre des Affaires étrangères. Selon lui, cette décision aura des retombées positives pour le pays dans la mesure où les investisseurs étrangers ne verront plus Haïti comme un pays instable avec une mission de paix des Nations unies.
Bocchit Edmond a précisé qu’à partir d’octobre prochain, les Nations unies n’auront pas sur le territoire de composante armée comme c’est le cas aujourd’hui. Selon lui, parce qu’il n’y aura plus de forces de maintien de paix de l’ONU sur le territoire, Haïti ne sera plus considérée comme une menace à la sécurité internationale.
Pour sa part, le professeur de droit international James Boyard a fait savoir que cette résolution du Conseil de sécurité de l’ONU était très attendue après plus de 20 ans d’une mission de maintien de paix des Nations unies dans le pays. « On l’appelle bureau intégré parce qu’il va créer une coordination avec l’ensemble des agences et des programmes de l’ONU dans le pays », a précisé l’expert en droit international.
En avril, le Conseil de sécurité avait décidé de mettre fin à la MINUJUSTH le 15 octobre 2019 et avait demandé au secrétaire général de mettre en place la mission politique spéciale des Nations unies chargée de prendre le relais, a rappelé un communiqué de l’ONU.
« Le chef des opérations de paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, avait souligné les progrès réalisés ces dernières années dans le renforcement des institutions du pays et en particulier de la Police nationale haïtienne (PNH). Il s’était dit confiant dans la capacité de la PNH à gérer les risques pour la sécurité sans un appui opérationnel international, poursuit le communiqué.
Dans la résolution adoptée mardi, le Conseil de sécurité souligne qu’il importe que l’ONU et la communauté internationale apportent un soutien continu, cohérent et durable au gouvernement haïtien afin que celui-ci soit mieux à même d’assurer la sécurité, la stabilité, le respect des droits de l’homme et le développement à long terme en Haïti.
Selon le Conseil de sécurité, le Bureau intégré des Nations unies en Haïti sera chargé notamment de conseiller le gouvernement sur les moyens de promouvoir et de renforcer la stabilité et la bonne gouvernance, y compris l’État de droit, et d’épauler le gouvernement dans les domaines des élections, de la police, des droits de l’homme, de l’administration pénitentiaire et de la réforme du secteur de la justice.
La résolution prévoit aussi l’envoi dans le pays d’un groupe d’experts de l’ONU chargé de l’aide à la police et des services pénitentiaires comprendra au maximum 30 agents.
Cette décision de l’ONU intervient dans un contexte de grandes convulsions politique dans le pays où l’opposition et des groupes organisés au sein de la société civile exigent la démission du président de la République impliqué, selon un rapport de la Cour des comptes, dans la mauvaise utilisation du fonds PetroCaribe à travers sa firme AGRITRANS deux ans avant son élection.
Cette résolution des Nations unies intervient aussi dans un contexte de prolifération de gangs armés à travers le pays.
Robenson Geffrard
Le Nouvelliste