Un mouvement de grève avec des conséquences directes sur l’économie haïtienne
Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000
Ce mouvement de grève organisé par le monde syndical haïtien et qui est pratiquement respecté ne manquera pas d’avoir des conséquences directes sur l’économie haïtienne ; il s’agit d’une bonne partie de l’activité économique du pays qui est paralysée au détriment des prévisions de croissance fixées par les autorités économiques pour l’exercice fiscal en cours.
Le transport en commun est pratiquement paralysé, les activités au niveau du commerce sont au ralenties jusqu’ici, les entreprises au niveau de la restauration risquent de connaître une journée de vache maigre en termes de perception de revenus et au niveau même du secteur publique, il s’agit d’un manque à gagner pour l’Etat qui verra ses recettes diminuer pour ce lundi 18 septembre 2017 comparativement aux autres jours régulier de travail.
Il faut rappeler que la branche commerce, hôtels et restaurent constitue la plus grande part dans la composition du PIB haïtien, soit 28% en 2016. Donc, tout choc interne comme les grèves ou les manifestations affectant cette branche ne manquera pas d’avoir des conséquences sur la croissance du PIB, une croissance déjà trop faible pour réduire la pauvreté en Haïti et améliorer les conditions de vie dans le pays.
Malheureusement en Haïti on n’a pas vraiment des institutions locales qui procèdent à des quantifications des conséquences de ces genres de chocs internes sur l’économie, comme on le fait dans d’autres pays. En France, par exemple, en 2010 la grève avait coûté environ 5 millions d’euros par jour à Air France, ce qui porte la facture totale des journées de grèves de septembre et octobre de cette année à 25 millions d’euros, selon un porte-parole de la compagnie. L’année dernière (2016) l‘impact des grèves sur l’économie française a été proche de 0,1 point de perte de croissance du PIB au niveau national, selon le département conjoncture à l’Insee. Plus récemment en juillet 2017, l‘Union nationale des petits et moyens commerçants du Burkina Faso avait animé une conférence de presse à Ouagadougou en vue de déplorer les grèves des agents de l’Etat qui ont des conséquences sur leurs activités d’affaires.
Tout ceci pour dire qu’en dépit du bien-fondé d’une grève et le droit des syndicats de l’organiser, ce mouvement ne reste pas dans des conséquences sur l’économie. Donc il reste maintenant aux autorités du pays de trouver dans ces genres de situation des compromis avec les secteurs concernés en vue d’éviter ces chocs internes qui ne font qu’appauvrir la population.