Rachat de la dette du Venezuela à hauteur de $ 2.8 milliards : une bouffé d’oxygène pour Maduro
Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000
La banque d’affaires américaine, Goldman Sachs, vient d’effectuer une importante transaction avec la compagnie pétrolière du Venezuela, le PDVSA, un accord qui constitue une bouffé d’oxygène pour le gouvernement de Nicolas Maduro qui fait face à une situation extrêmement difficile depuis des mois.
En effet, Goldman Sachs a acheté pour 2,8 milliards de dollars d’obligations émises par PDVSA à un tiers sur le marché secondaire, c’est-à-dire de gré à gré. La banque américaine a déjà versé 861 millions de dollars à la compagnie, selon ce qu’ont rapporté plusieurs journaux français et caribéens, le journal dominicain Acento.
Selon certains analystes, cette transaction devrait permettre à la compagnie pétrolière du Venezuela, le PDVSA, le plus grand créancier externe d’Haïti, de réaliser une importante plus-value au cas où le gouvernement vénézuélien aurait à honorer ses échéances.
« Nous investissons dans des obligations de PDVSA parce que, comme beaucoup dans l’industrie de gestion d’actifs, nous estimons que la situation dans le pays va s’améliorer dans la durée », a réagi dans un courriel la banque Goldman Sachs, face aux opposants de cette transaction à New York.
Il n’est pas sans savoir que depuis des mois, notre grand partenaire bilatéral ou encore notre plus grand créancier externe, le Venezuela, vit une situation extrêmement difficile, marquée surtout par une économie asphyxiée par une forte dépendance au pétrole, une hyperinflation record qui devrait atteindre les 700% en rythme annuel selon les projections du FMI, une baisse inquiétante de la croissance économique qui devrait atteindre -4.7% en 2017 selon la CEPAL, des pénuries alarmantes de plusieurs produits, une escalade de violence et une crise politique dangereuse.
Comme beaucoup d’économistes, on espère que cet accord entre Goldman Sachs et PDVSA va permettre au gouvernement de Maduro de pallier à court terme une partie de cette crise économique qui prévaut au Venezuela, bien que ce ne soit pas encore la solution idéale car cette crise est des plus profondes.
Malheureusement, Haïti de son côté, ne peut rien faire pour le Venezuela, même rentrer dans une démarche de remboursement de nos dettes envers ce pays à partir de produits alimentaires comme le gouvernement Martelly-Lamothe l’envisageait et comme l’a fait la République Dominicaine.
Nous avons quand même des leçons à apprendre de cette crise économique au Venezuela qui a provoqué une crise politique sans précédent, à cause notamment de la forte dépendance des exportations de ce pays du pétrole. Donc, une économie vénézuélienne qui n’était pas diversifiée et qui continue de subir les contre-coups des évolutions récentes des prix du baril de pétrole sur le marché international.
Le constat est fait également en Haïti, car plus de 80% de nos exportations reposent sur le secteur textile. Donc, le jour où ce secteur serait en pleine crise, ce sera un coup dur pour l’économie haïtienne qui pourrait perdre plusieurs centaines de milliers de dollars en exportation, ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences négatives sur l’offre du dollar dans l’économie avec d’éventuels impacts sur le taux de change.