2.8 milliards de dollars de pertes du cyclone Matthew : les défis sont énormes pour le prochain président d’Haïti
Les défis qui attendent le prochain chef de l’Etat paraissent de plus en plus énormes tant sur le plan économique, social et qu’environnemental, suite à la publication de ce dernier rapport, encore préliminaire, sur l’évaluation des besoins post-désastres (PDNA), qui fait état maintenant des pertes de l’ordre de 2.8 milliards de dollars américains causées par l’ouragan Matthew, soit environ 30% de notre produit intérieur brut (PIB).
Ce dernier rapport d’évaluation, présenté la semaine dernière au Karibe Convention Center, a montré que les impacts du cyclone Matthew sont beaucoup plus de tailles que ceux qu’on avait présentés, il y a quelques semaines, où on parlait des pertes de l’ordre de 1.9 milliards de dollars.
La présentation de ce rapport d’évaluation des besoins post-désastres (PDNA) a été bien accueillie par plusieurs secteurs. Cependant, il ne faut pas rester dans la logique de faire des rapports d’évaluation juste pour évaluer les dégâts et les pertes, mais il faut que ces données puissent servir d’éléments d’évidence pour formuler et implémenter véritablement des politiques publiques devant remettre à la normal les quatre grandes catégories de secteurs vitaux frappés par le cyclone, à savoir les secteurs sociaux qui comprennent le logement et urbanisme, santé et éducation ; les secteurs productifs qui regroupent l’agriculture, élevage et pêche, commerce, industrie et le tourisme ; les secteurs des infrastructures qui comprennent le transport, télécommunications, énergie, eau et assainissement et les secteurs transversaux qui regroupent l’environnement, risques et désastre, emplois et moyens d’existence et la gouvernance.
Perdre environ 30% du PIB en tout début de l’exercice fiscal, soit $ 2.8 milliards, est un coup dur pour l’économie et on peut dire clairement que l’année 2017 est une année perdue, car le prochain président, si on arrive bien sûr à l’installer, n’aura pas le temps, pendant les deux derniers trimestres restants (Avril-Septembre), pour relancer véritablement les économies locales frappées par le dernier ouragan et booster le reste de l’économie à travers des investissements. Donc, on risque même d’enregistrer une croissance économique négative ou très proche de zéro pour l’exercice 2016-2017, si l’on considère que les prévisions avant le cyclone étaient de seulement 2.2%.
Ce qui est inquiétant, c’est que pour le moment on oublie presque les victimes du cyclone, on ne pense pas vraiment à des politiques de relance du Grand Sud, à cause de cette conjoncture politique, des plus fragiles, marquée par la question des élections, des résultats préliminaires acceptés, contestés ou rejetés, des manifestations violentes qui renforcent l’instabilité, découragent des investissements et repoussent des touristes qui envisageraient de venir dans en Haïti pour les fêtes de fin d’année.
Riphard Serent, MPA
Economiste
Radio Vision 2000