Haïti a pratiquement 10 semaines pour éviter une catastrophe économique

 

Aujourd’hui nous mettons aussi les projecteurs sur  le parlement qui a environ deux mois pour prendre les dispositions nécessaires devant permettre à Haïti d’éviter cette catastrophe économique qui ne ferait que plonger beaucoup plus d’Haïtiens dans la pauvreté.

En effet, l’actualité économique depuis ce weekend dernier est surtout marquée par cette importante réunion, tenue au centre de convention de la BRH, au cours de laquelle il a été clairement discuté qu’il y a urgence de doter le pays d’au moins deux législations importantes, à savoir, la loi d’application de l’Unité Centrale de Renseignement Financiers (UCREF) et  la loi modifiant la loi de 2013 sur le blanchiment des avoirs et le financement du terrorisme. Plus loin, une bonne partie du secteur privé souhaite une abrogation du décret créant le centre financier international de la Gonâve et des dispositions pour que le nouveau code pénal soit voté et mis en vigueur. Toutes ces mesures et législations mettraient Haïti sur une très bonne position, comme pays coopératif aux yeux du Groupe d’Action Financière de la Caraïbe (GAFIC) et nous éviterait cette catastrophe économique avec des conséquences sociales endommageables.

Tous les yeux sont braqués sur le pouvoir législatif, mais il faut dire que d’autres acteurs importants comme les banques commerciales ont aussi leur partition à jouer en renforçant leur contrôle interne, en mettant en place des structures de risque et en adoptant des normes de standard international qui peuvent garantir la confiance des banques correspondantes. Ce qui arrive c’est que même si Haïti disposerait des lois sur le blanchiment des avoirs et le financement du terrorisme, une banque correspondante peut toujours cesser ses relations avec une banque commerciale en Haïti, si cette dernière n’a pas un contrôle assez rigoureux au niveau interne avec des standards internationaux.

Si nous ne mettons pas nos devoirs aux propres et que les banques de correspondance, notamment celles aux Etats-Unis, décident de terminer  leurs relations avec nos banques en Haïti (de-risking), les conséquences économiques pour Haïti seront beaucoup plus grandes que celles évoquées par le gouverneur de la BRH et quelques membres du secteur, `à savoir des impacts négatifs sur 93% de nos exportations, sur 75% des transferts privés reçus de la diaspora, sur 72% des transferts expédiés ; des impacts négatifs sur les lettres de crédit et sur le coût des importations de biens et de services qui résulterait en une flambée des prix sans précédent dans l’économie haïtienne et du même coup de la cherté de la vie.

En fait, il faut aussi penser à Haïti qui deviendrait une économie très fragile et non attractive non seulement pour des investissements privés mais aussi pour les investissements directs étrangers qui auraient du mal à percer le marché haïtien. Des entreprises en Haïti pourraient même penser à se délocaliser vers des marchés plus sûrs, plus stables et qui ne  confrontent pas le de-risking. Ce qui exacerberait le chômage en Haïti, déjà suffocante, et enfoncerait Haïti dans la voie du sous-développement avec bien sûr des crises sociales.

Un pays qui est pratiquement coupé des relations économiques internationales restera dans la pauvreté.

Riphard Serent, MPA

Economiste

riphardserent@gmail.com

Une pensée sur “Haïti a pratiquement 10 semaines pour éviter une catastrophe économique

  • 29 août 2016 à 5:31 PM
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    « …déjà suffocante, et enfoncerait Haïti dans la voie du sous-développement avec bien sûr des crises sociales ».

    Aidez-moi a comprendre cette phrase! Comme quoi Haiti n’est pas dans la voie de sous developpement? Ou est -elle alors? Pays emergeant aux cotes de Bresil? On apprend a tout age! Et moi qui ai visite au moins de dizaine de pays sous developpee pensais que Haiti etait la plus sous developpee de tous les pays sous developpe. Je suis bouche bee.

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