Résultats catastrophiques du Baccalauréat 2016: mauvais signaux pour le développement d’Haïti

 

Le ministère de l’éducation nationale a finalement publié ce weekend dernier les résultats du Baccalauréat pour le département de l’Ouest, ce qui permet d’avoir maintenant le taux de réussite nationale,  soit moins de 30%, une vraie catastrophe qui montre clairement que nous avons de sérieux problème à attaquer si l’on veut vraiment un demain meilleur pour nos jeunes d’aujourd’hui  dans un pays assoiffé de développement et de progrès économique.

En effet, les résultats de la session ordinaire du Baccalauréat cette année doivent nous interpeller tous, autorités, acteurs et décideurs politiques,  membres avisés de la société civile, chercheurs et enseignants, car il est inacceptable d’enregistrer un taux de réussite aussi faible dans un examen officiel combien important pour nos jeunes qui désirent ou qui aspirent à fréquentera une université ou une école technique avant de se lancer sur le marché du travail. En fait, de ces 27.58% qui ont réussi à franchir la Philo en session ordinaire, Dieu seul sait combien d’entre eux qui ont effectivement réussi avec leurs propres connaissances et ceux qui sont admis par la tricherie, par des fraudes ou par des examens corrigés et recueillis à partir de leur application Whatsapp.

Ce qui est inquiétant et porte à réfléchir c’est que depuis 2015, la date où on a adopté le Bac unique, le taux de réussite en Philo commence à chuter, passant de 51.45% pour cette année à 27.58% en 2016. A rappeler que le taux de réussite en session ordinaire en 2014 était de 63.53%, soit proche du taux de réussite de 2013.

En attendant des recherches plus scientifiques sur les implications du bac unique sur ces résultats exécrables cette année, on pourrait se demander, d’une part, si nos jeunes de nos jours sont devenus de moins en moins motivés à l’école, surtout avec cette manifestation des réseaux sociaux qui occupe une bonne partie des emplois du temps de beaucoup de jeunes écoliers. D’autre part, quel est l’impact de la situation économique du pays, notamment le chômage et l’inflation sur le niveau de performance de ces jeunes écoliers, sachant que se nourrir 3 fois par jour est devenu un luxe dans ce pays et que des écoliers vont souvent à l’école sans pratiquement rien manger ? Un ensemble de questions qui doit quand même susciter des débats dans la société pour générer des solutions visant à améliorer les performances de ces jeunes écoliers aux examens officiels du baccalauréat.

De toute façon, penser au développement d’Haïti sur  le long terme c’est penser à ces jeunes d’aujourd’hui de 18 à 25 ans qui auront eux-mêmes à faire des choix pour ce pays, à décider dans des positions importantes ou à prendre les règnes de ce pays dans les 30 prochaines années.  Donc si ces jeunes sont mal formés ou s’ils ne sont pas formés du tout, on peut déjà imaginer de quoi l’avenir de ce pays sera fait dans les 25 à 30 prochaines années en termes de développement économique et social.

Riphard Serent, MPA (Policy)                        

Economiste

riphardserent@gmail.com

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