Haïti/Presse-conflits : Grégory Brandt répond à Arneaud Robert
Le 06 janvier 2012 a été publié dans les colonnes du Magazine français « Le Monde », un article du journaliste Arnaud Robert, qui quelques jours plutôt, accompagné du photographe Paolo Woods, était en Haïti dans le cadre de la préparation d’un reportage sur le secteur privé haïtien et la situation du pays.
Dans cet article dont la version originale est titrée « « Haïti, L’île au trésor »», alors que celle tronquée s’intitulait les « nantis d’Haïti » Arnaud Robert s’est montré critique vis-à-vis des hommes d’Affaires haïtiens.
« Parce qu’ils ont soutenu les dictateurs, parce qu’ils ont peu investi dans l’économie locale, les riches Haïtiens ont une mauvaise réputation », écrit le journaliste. Mais dans la version originale, Arnaud Robert souligne que bien qu’ils aient une mauvaise réputation la reconstruction ne se fera pas sans eux.
Cet article n’a pas manqué de soulever la colère et l’indignation chez les hommes d’Affaires d’Haïtiens, notamment ceux dont le journaliste avait rencontré dans le cadre de son reportage.
Dans une correspondance à la rédactrice en chef du Magazine « Le Monde », et dont la rédaction de Vision 2000 a pris connaissance, Grégory Brandt, président du Conseil d’administration de la chambre franco-haïtienne de commerce et d’industrie (CFHCI), a, au nom de 125 membres de cette institution, dénoncé fortement l’attitude du journaliste qui, a-t-il dit, a fait preuve de « manque de respect vis-à-vis de ses interlocuteurs, alors qu’il était question de présenter une nouvelle image d’Haïti en présentant des gens dynamiques qui œuvrent pour leur pays.
Au lieu de relater dans le texte les différents sujets de discussions portant sur la reconstruction d’Haïti après le séisme, la relance de l’économie haïtienne, les axes et les pôles de développement, les rapports entre les entreprises haïtiennes et françaises, entre autres, « Arnaud Robert a préféré relater dans son texte d’autres sujets et tomber, dans le stéréotype classique, facile, désuet et l’outrageante évocation de lutte de classes chère aux nostalgiques des régimes peu démocratique et dont certaines subsistent encore », s’étonne Grégory Brandt.
Le Président du Conseil d’administration de la chambre franco-haïtienne de commerce et d’industrie s’interroge sur les motivations de la publication d’un tel article, une semaine avant la commémoration du séisme du 12 janvier 2010 qui a anéanti une bonne partie du pays.
Pourquoi ce journal s’acharne-t-il sur les entrepreneurs haïtiens et fait une stigmatisation puérile et fausse du secteur privé haïtien qui, en dépit des crises, constitue aujourd’hui un espoir pour sortir Haïti du marasme ? Se demande le président de la CFHCI.
La Femme d’Affaire, Pascale Théard, citée dans l’article, a elle aussi réagi. Elle estime que les écrits de Arnaud Robert lui ont causé de graves préjudices. Elle dénonce le fait que c’est la version tronquée de l’article publié sur le site web du Magazine le 6 janvier dernier, faussant totalement l’image de son interview, qui a été reproduite dans la presse haïtienne.
Jugeant que le texte est en totale contradiction avec l’approche que le journaliste lui avait annoncée, Pascale Théard s’est dit « outrée des clichés faciles trop souvent diffusés par une presse internationale en quête de sensationnel ne prenant pas le temps de comprendre la situation complexe de ce pays et des honnêtes citoyens haïtiens ».
Il faut ajouter que dans son article le journaliste Arnaud Robert a souligné le fait que toute la richesse d’Haïti est partagée par un petit groupe de grandes familles du pays alors que la population croupisse dans la misère depuis tantôt deux siècles.