Haïti le vrai champion de la dollarisation dans la Caraïbes

 

Le Caribbean Centre for Money and Finance et l’Université West Indies ont publié récemment le rapport de stabilité financière régionale de la Caraïbes de 2015, ce qui représente l’aboutissement d’un long processus de développement et de mise en valeur de l’architecture de la stabilité financière dans la région.

 

Ce rapport complète les rapports nationaux de stabilité financière et son but est de sensibiliser les principaux acteurs régionaux du système financier  aussi bien que le public régional, sur des questions relatives à la stabilité du système financier dans la région. En passant en revue les principales sources de risques pour la stabilité du système financier régional, le rapport vise aussi à aider à renforcer la confiance et de fournir aux décideurs des conseils pour désamorcer les tensions financières dans le système. De plus, le rapport identifie la nécessité des réformes du secteur financier, en mettant l’accent sur une plus grande harmonisation, la coordination et la coopération dans une perspective régionale.

 

L’un des indicateurs qui a plus retenu mon attention dans ce rapport est le taux de dollarisation des économies. En effet, certains pays des Caraïbes permettent aux résidents étrangers et les citoyens locaux d’avoir des comptes en dollars. Les dépôts en devises sont très importants pour au moins quatre juridictions  Haïti, la Jamaïque, le Suriname et Trinité-et- Tobago. Pour la région dans son ensemble, le pourcentage moyen des dépôts bancaires en dollars par rapport aux dépôts bancaires totaux était de 22,50% en 2014. Haïti est donc le vrai champion au niveau de indicateur. Selon ce rapport, toujours en 2014, le pourcentage de dépôts libellés en dollars américains en Haïti par rapport aux dépôts bancaires totaux du système bancaire était de 56,4%.

A noter que ce taux était seulement a 23% en 1996. Donc en d’autres, termes le taux de dollarisation de l’économie haïtienne a plus que doublé au cours des 20 dernières années.

 

A noter que le Suriname est le deuxième pays, comme Haïti, ayant plus de la moitié de ses dépôts bancaires libellés en dollars américains soit 52,8% en 2014.

 

Les autres pays détiennent des taux de dollarisation qui sont en dessous de la barre de 50%: nous citons, les Bahamas (3,5%), la Barbade (5%), Belize (4,4%), Trinidad and Tobago (21,6%), la Guyane (2,9%) et même la Jamaïque (44,5%) et l’Union monétaire des Caraïbes de l’Est- regroupant Antigua-et-Barbuda, la Dominique, la Grenade, Montserrat, St Kitts and Nevis, Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les-Grenadines (11,6%).

 

En effet la dollarisation décrit le choix pour un pays d’abandonner sa monnaie nationale pour adopter une monnaie étrangère, qui n’est pas nécessairement le dollar américain, ou de lier le cours de sa monnaie à celui d’une autre.

 

La dollarisation a des conséquences profondes pour l’économie du pays, puisque l’État perd toute capacité à ajuster les fluctuations de l’économie par la politique monétaire et de taux de change. Il perd la capacité à dévaluer ou à réévaluer sa monnaie.

 

Bref, le cas haïtien est tout à fait exceptionnel. D’une part Haïti a le plus faible niveau de développement économique avec un plus faible niveau de PIB par habitant dans la région, mais aussi le taux de dollarisation le plus élevé. Y-a-il une coïncidence ?

 

 

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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