Le FMI évoque des mesures stratégiques pour assurer une croissance économique durable
Le FMI évoque des mesures stratégiques pour assurer une croissance économique durable
A l’occasion de son intervention hier mardi 5 Avril à l’université Goethe en Allemagne, la directrice du Fonds Monétaire International, Mme Christine Lagarde, a présenté un ensemble de mesures stratégiques pour une croissance économique durable, tant dans les pays en développement que dans les pays à faible revenu, comme Haïti, ces pays qui font face à une croissance, on pourrait dire, en dents de scie depuis plusieurs années.
Ces mesures sont formulées sur une stratégie générale à trois dimensions : structurelle, budgétaire et monétaire.
Le premier des trois volets, la réforme structurelle, concerne une déréglementation des marchés de produits et de services et une réforme des marchés de l’emploi. Selon le numéro 1 du FMI, cette réforme peut être mise en branle à plusieurs niveaux. Par exemple, certains pays peuvent stimuler l’offre de main-d’œuvre en élargissant le crédit d’impôt sur les revenus du travail, en relevant le salaire minimum et en renforçant les avantages favorables aux familles. D’autres peuvent se doter de meilleures politiques de formation et d’adaptation au marché de l’emploi afin d’aider plus de personnes à trouver un travail, en particulier les jeunes. Tandis que pour les exportateurs de matières premières et pour de nombreux pays en développement à faible revenu, la clé est la diversification de l’économie, comme le fait par exemple la République Dominicaine depuis des années.
La deuxième mesure concerne des politiques budgétaires plus favorables à la croissance. En effet, selon Mme Lagarde, en matière de politique budgétaire, l’enjeu pour la plupart des pays consiste à mener des politiques plus favorables à la croissance et l’emploi. Cela est possible, selon elle, en modifiant la composition des recettes et des dépenses tout en améliorant l’efficience de la dépense publique. Par exemple, un pays comme l’Inde a réduit les subventions coûteuses à l’énergie pour pouvoir investir davantage dans les infrastructures sociales propices à la croissance.
La politique monétaire est le troisième volet de la stratégie pour une croissance plus durable, une politique qui doit être mieux soutenue par les politiques budgétaires et structurelles. Selon la directrice du FMI, il est évident que la politique monétaire, à elle seule, ne peut plus détenir la clé d’une reprise économique. Elle sera en effet bien plus efficace si elle s’appuie sur les éléments structurels et budgétaires. Selon elle, ces mesures sont également vitales pour renforcer le secteur financier dans son ensemble, ce qui est essentiel à une économie en croissance.
Dans les pays émergents et en développement, qui souffrent souvent de l’impact de la faiblesse de leur monnaie sur l’inflation, comme c’est le cas actuellement en Haïti, la politique monétaire doit continuer de s’adapter aux circonstances. Toutefois, la patronne du FMI avance clairement que la mise en œuvre de cette approche en trois volets (structurel, budgétaire et monétaire) implique de sortir du statu quo ante – voire de franchir certaines «lignes blanches» politiques.
Voilà quelques éléments de mesures pour la relance de la croissance et pour une croissance durable qu’un pays comme Haïti devrait adopter sans réserve, si on veut vraiment faire de l’économie et si on veut vraiment initier des réformes au niveau de l’administration publique haïtienne. En fait, la réforme de l’administration publique en Haïti ne doit pas être seulement axée sur la question des ressources humaines, mais elle doit aussi casser ce modèle d’administration public traditionnelle pour rentrer dans l’ère du management public et ainsi adopter les principes du nouveau management public qui ont donné de bons résultats dans tous les pays qui les ont implémentés.
Riphard Serent, MPA (Policy)
Economiste