Haïti – Politique: Des manifestants à la rescousse de Fritz Jean
Source Juno Jean Baptiste || Le Nouvelliste
Quoique la séance de ratification a été reportée à vendredi, des militants, dans la pure logique de la politique d’ici, se sont rassemblés jeudi au Bicentenaire en vue de faire pression sur les parlementaires pour qu’ils ratifient l’énoncé de la politique générale du Premier ministre Fritz Jean.
Ils l’ont annoncé, ils l’ont fait : quelques centaines de militants de plusieurs partis politiques, dont Fanmi Lavalas, se sont massés durant des heures en face du Parlement en support au Premier ministre Fritz-Alphonse Jean qui devait y faire l’énoncé de sa politique générale. En milieu de journée, les manifestants, portant des t-shirts de différentes couleurs, arborant pancartes et photos du leader charismatique des lavalassiens, ont déployé l’artillerie lourde pour le PM. « Les parlementaires doivent ratifier Fritz Jean s’ils ne veulent pas être destitués », menace Dextra Fritz Gérald, sous la canicule, au milieu d’autres militants hystériques criant « vive Fritz Jean! », « vive Fritz Jean! »…
Alors que les voitures rutilantes avec gyrophare arrivent peu à peu au Bicentenaire et que les forces de l’ordre montent la garde, les manifestants, au rythme des bandes de rara, ont couvert de tombereaux d’injures les parlementaires PHTK et alliés. Alex, t-shirt bleu ciel à l’effigie de son association, le teint hâlé, arbore son message : « enflasyon, dola ameriken ap pete fyèl nou, nou pa kapab ankò, ban nou Fritz Jean. » À deux pas de lui, une dame, plus encline à se déhancher qu’à protester, parle de l’urgente nécessité de combattre le Zika, le choléra qui pourrait recommencer à tuer brutalement avec la saison pluvieuse qui s’amène. Elle invite les élus du peuple à ratifier le Premier ministre. Amère, elle croit que le pays ne peut plus attendre. « Ces messieurs doivent savoir que beaucoup d’entre eux sont mal élus. Alors, pour leur survie, il serait mieux qu’ils entendent la voix du peuple. »
En sueur et en colère, les manifestants ont scandé « depite nou pap obeyi, senatè nou pap obeyi ». Comme ce vieux qui a voulu toucher la conscience des parlementaires. « C’est dommage qu’ils ne soient pas dans les ghettos pour voir les conditions dans lesquelles vivent les gens. L’insécurité, la faim qui y règnent », maugrée-t-il, la voix tremblotante. Il pense, comme d’autres, que l’avenir du Parlement dépend de la ratification de Fritz Jean. Il parle de ce dernier comme un sauveur, de ses compétences, de ses expériences, comme si l’homme pourrait s’attaquer aux maux complexes et séculaires d’Haïti en seulement quelques mois. « Ces jours-ci, quand il pleut dans les ghettos, il y a des gens qui sont obligés de dormir lire la suite sur radiotelevisioncaraibes.com