Propagation du virus Zika dans la Caraïbe : une situation délicate pour le tourisme de la région
Plusieurs organisations et associations, évoluant dans le domaine du tourisme dans la Caraïbe, ont exprimé cette semaine leurs préoccupations et leurs inquiétudes face à cette propagation sans précédent du virus Zika qui a déjà frappé les portes de près de 9 destinations touristiques de cette région, à savoir la Barbade, Curaçao, la République Dominicaine, la Guadeloupe, Haïti, la Martinique, le Commonwealth de Porto-Rico (Territoire des USA), Saint Martin et le Ile Vierge des USA.
Ces préoccupations viennent du fait que la Caraïbe est l’une des régions du monde les plus dépendantes du tourisme, donc des maladies liées au voyage, comme le Zika, ont d’énorme potentiels d’affecter négativement les économies et la réputation de destination touristique des pays de la Caraïbe. Selon l’Organisation Caribéenne du Tourisme (CTO) et l’Association Caribéenne du Tourisme et de l’Hôtel (CTHA), il y a déjà des rapports qui ont révélé des annulations de voyage vers la région à cause de la propagation du virus Zika.
Alors que le voyage lié au tourisme constitue une activité extrêmement importante pour l’économie de la Caraïbe, il contribue aussi à la propagation de maladie dans la région. Selon les dernières statistiques du CTO, un record de 26.3 millions de touristes de séjour et de 24.5 millions de touristes de croisière a été enregistré pour l’année 2014, soit une croissance de 5.3% par rapport à l’année 2013. Cette tendance a continué en 2015 avec une croissance de 7% dans le nombre d’arrivées de touristes dans la Caraïbe pour les six premiers mois de l’année. Ce qui fait de la zone l’une des régions les plus performantes, suivies de l’Australie, de l’Europe Central et de l’Est et de l’Amérique Centrale, selon le dernier rapport de World Travel Market. Les Etats-Unis continuent d’être le marché principal de la région caribéenne avec près de 13 millions de touristes américains, soit presque la moitié du total des arrivées en 2014.
Donc les acteurs touristiques et les gouvernements de la Caraïbe confrontent une situation très délicate où le tourisme apporte de l’argent, mais parallèlement, des niveaux élevés et croissants d’arrivées de visiteurs augmentent le risque potentiel pour les visiteurs et les habitants transmettant ou attrapant des maladies entre eux. C’était le cas en 2000 avec le virus SRAs (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère), le virus H1N1 en 2009, le Chikungunya en 2013 et maintenant le Zika.
Les conséquences d’une diminution du nombre d’arrivées de touristes, à cause du Zika, sur les millions de personnes dans la Caraïbe, dont les moyens de subsistance dépendent des activités du tourisme, seront considérables, de l’avis des experts du CTO. Ceci contribuera, selon eux, à un fardeau économique et social sur les économies caribéennes, et comme les voyages touristiques augmentent, le nombre de cas de Zika entre les voyageurs auront tendance à augmenter. De plus, l’impact négatif potentiel sur les économies dépendant du tourisme caribéen sera probablement dégénéré.
Selon le journal Le Monde, le virus Zika s’est propagé »de manière explosive » sur le continent américain, avec déjà 1.5 millions de personnes touché au Brésil et 3 à 4 millions de cas attendus en 2016, sous l’effet des flux de voyageurs et du réchauffement de la planète.
La situation doit être beaucoup plus inquiétante pour Haïti qui détient un budget d’investissement très maigre (moins de 1.5 milliards de dollars) et qui gère déjà une crise politique et institutionnelle vraisemblablement interminable, avec un gouvernement qui arrive à sa fin et qui ne pourra pas, à quatre jours de la fin son mandat, dégager effectivement une motivation sérieuse quant à la gestion de la propagation de ce virus Zika dans le pays.
Riphard Serent, MPA (Policy)
Economiste
Radio Vision 2000