Prévisions de 200 millions de chômeurs dans le monde en 2016, dont plusieurs millions en Haïti

L’Organisation International du Travail (OIT) a publié ce weekend dernier son rapport annuel sur la situation de l’emploi dans le monde et a annoncé de nouveaux chômeurs, tout en alertant sur la gravité et la durée de la crise économique. En effet, l’édition 2016, publiée à Genève en Suisse, prédit une augmentation d’environ 2.3 millions de sans-emploi en 2016, pour venir flirter à la fin de l’année avec le seuil des 200 millions de chômeurs dans le monde (199.4 millions), soit 30 millions de plus qu’avant la crise en 2007.

L’Organisation International du Travail (OIT), qui regroupe les représentants des gouvernements, du patronat et des syndicats des 186 Etats membres, dont Haïti, se montre très inquiète pour l’avenir du  marché du travail dans le monde qui devrait se détériorer en 2016, après cette faiblesse relative de la croissance mondiale de 3.1% en 2015 et sur fond d’un ralentissement des économies émergentes, notamment celle de la Chine.

 »Le monde du travail va désormais devoir faire face à la détérioration de la situation dans les pays émergents et à la baisse du prix des matières premières », a déclaré le directeur général de l’OIT, Guy Ryder, qui croit que pour désamorcer ce que les auteurs du rapport appellent une « bombe à retardement », il faut absolument renforcer les politiques en matière d’emploi et commencer à réduire les inégalités.

Il faut dire que la croissance de l’emploi au niveau de l’Amérique Latine et de la Caraïbe devrait fléchir pour tomber à 1.2% en 2016, contre 1.5% en 2015 et 2.5% dans les années 2000-2007. Selon les experts de l’OIT, cette détérioration dans la région se constate non seulement en nombre d’emplois créés mais également dans la qualité de ces emplois.

Ces prévisions de 200 millions de chômeurs en 2016 dans le monde n’épargnent pas Haïti qui vit depuis ces 5 dernières années une situation extrêmement difficile, avec des millions de chômeurs qui trainent dans les rues, que ce soit à Port-au-Prince où dans les villes de provinces. Dans une interview accordée à une station sœur, il y a quelques jours, l’ancien premier ministre Laurent Lamothe a déclaré que  »le taux de chômage en Haïti avoisine les 70% », ce qui voudrait dire que sur chaque 100 Haïtiens en âge de travailler, c’est seulement 30 qui ont emploi, selon lui.

Il faut rappeler que l’emploi faisait partie des  »5E » de l’administration Martelly, cependant, aucune politique d’emploi sérieuse n’a été formulée et implémentée au cours de ces 5 dernières années, ce qui explique cette montée vertigineuse de la mendicité à travers tout le pays, la détérioration du pouvoir d’achat des ménages haïtiens et l’intensification d’un secteur informel qui constitue quand même un manque à gagner pour les caisses de l’Etat. Nous avons des millions d’haïtiens qui veulent du travail et qui ne sont pas paresseux, car une étude de l’Observatoire Nationale de la Pauvreté et de l’Exclusion Social (ONPES) révèle que plus de 40% des femmes qui pratiquent la cuisine de rue, pour gagner leurs vies, ont un niveau secondaire et environ 30% ont un niveau primaire.

Une vraie politique de création d’emplois en Haïti doit et surtout passer par une bonne politique de crédit au secteur privé visant à recapitaliser les entreprises de la classe moyenne et non pas par quelques investissements directs étrangers dans les zones franches ou dans le secteur hôtelier.

Il faut donc que les banques haïtiennes, en commun accord avec la Banque centrale (BRH) et l’Etat haïtien, remplissent bien leur rôle, à savoir acheminer des ressources financières vers l’économie réelle et les injecter dans les investissements qui concourent au développement des entreprises nationales pour la création nette d’emplois et la réduction de la pauvreté dans le pays.

Riphard Serent, MPA (Policy)

Economiste

Radio Vision 2000

riphardserent@gmail.com

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