Monde – Économie: Le ralentissement chinois fragilise les anciens dragons d’Asie
L’Asie émergente est la région du monde qui a le plus profité de l’expansion économique de la Chine. Elle est aujourd’hui la plus exposée à son ralentissement. Pour répéter un article du journal français Le Monde publié ce matin.
En effet les risques encourus diffèrent selon les pays et l’importance de leurs liens commerciaux et financiers avec la deuxième économie mondiale. Une certitude : à l’heure où la Chine ralentit, il ne fait pas bon être un ancien dragon comme Hongkong, Singapour, Taïwan ou la Corée du Sud ! Dans une étude de septembre 2015 sur L’Asie à l’épreuve du ralentissement chinois, les économistes du groupe d’assurance-crédit Coface rappellent que la Chine a contribué pour 72 % à la croissance de l’Asie émergente depuis 2000 et que les exportations de biens en valeur des principaux pays asiatiques vers l’ancien empire du Milieu ont été multipliées par 5,4 entre 2000 et 2014. Parallèlement, les échanges intra-asiatiques se sont fortement accrus, même si, dans la période récente, ils ont été affectés par la méforme du commerce mondial depuis la crise. La Banque asiatique de développement (BAD) avait déjà cherché en 2013 à chiffrer l’impact d’une baisse de la croissance chinoise sur le reste de l’Asie. « D’après ces travaux, précise Thuy Van Pham, 1 point de croissance en moins en Chine entraînait une diminution de 0,13 point de la croissance de l’Asie émergente. La baisse était forte (– 0,63) dans les pays d’Asie de l’Est (Corée du Sud, Taïwan, Hongkong) mais beaucoup plus limitée (– 0,17 point) dans les pays d’Asie du Sud-Est ». Coface va dans le même sens que la BAD. L’assureur-crédit a dressé la liste des exportations qu’il juge « à risque » car elles sont, aujourd’hui, au cœur de la demande chinoise : machines et matériels (37 % des importations de Pékin), articles manufacturés divers (16 %), combustibles (16 %), minerais et métaux (11 %), etc.
Les pays qui exportent de tels produits vers la Chine, et dont les exportations pèsent lourd dans le produit intérieur brut (PIB), sont les plus vulnérables au ralentissement chinois. C’est le cas de Hongkong, de la Mongolie – doublement pénalisée par la baisse de la demande chinoise et par la baisse du prix des matières premières –, et de Singapour. On pourrait y ajouter Taïwan, mais aussi la Corée du Sud qui a perdu un demi-point de croissance au deuxième trimestre 2015 et qui exporte le quart de sa production en Chine. En revanche, l’Indonésie, le Vietnam, l’Inde et les Philippines devraient résister à un atterrissage en douceur de la Chine. Quant à la Malaisie, « elle souffre beaucoup comme exportatrice nette de pétrole et de produits dérivés. Mal positionnée, elle est l’un des pays d’Asie les plus sensibles à la conjoncturelle actuelle ». Le changement du régime de croissance chinois et la fin du modèle « à bas coûts » n’a pas que des inconvénients. La hausse des salaires, l’augmentation du coût unitaire du travail, l’appréciation de la devise chinoise par rapport à ses voisines ont joué dans le même sens : celui d’une moindre compétitivité de la Chine, qui n’est plus l’atelier du monde. Du coup, les salaires pratiqués au Bangladesh et au Vietnam deviennent attractifs. Les flux entrants d’investissements directs étrangers (IDE) augmentent vers les pays plus compétitifs sur le terrain des coûts, comme l’Indonésie, l’Inde et le Vietnam.
En résumé les pays qui paraissent quasi immunisés contre le ralentissement chinois sont l’Inde et les Philippines, les autres pays d’Asie étant dans une situation intermédiaire. L’agence de notation américaine Standard & Poor’s le dit autrement : les économies d’Asie du Nord-Est, Japon excepté, et l’Australie sont les plus durement touchées en raison de leurs liens commerciaux étroits avec la Chine. L’Asie du Sud-Est et l’Inde s’en sortent mieux, car leurs liens commerciaux sont moins forts et leur croissance davantage tirée par la demande intérieure.
Voilà comment le ralentissement chinois affecte les économies de l’Asie pour une fois de plus prouver le niveau de dépendance des différentes économies du monde. Mais aussi de la nécessité pour les économies de se diversifier pour pouvoir résister à des crises. La même considération est valable pour Haïti qui risque la catastrophe au niveau des investissements publics si rien n’est fait pour augmenter les recettes publiques dans ce contexte de diminution systématique des fonds de Petrocaribe.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000