Haïti – Économie: Problématique du financement de la santé à la Conférence Internationale sur le Financement de la Santé
Le Premier Ministre Evans Paul a lancé hier mardi 28 avril 2015 la conférence Internationale sur le Financement de la Santé en Haïti, sous le Haut patronage du Président de la République, Michel Martelly et en présence notamment, des ministres de la Communication, Rotchild Francois Jr, de la Santé Publique, Florence Duperval Guillaume, de l’Economie et des Finances, M. Wilson Laleau, des Affaires Sociales et du Travail, M. Victor Benoît. Cette conférence Internationale s’est déroulée autour du thème: “L’accès aux soins de santé pour tous en Haïti : Défis et perspectives pour son financement”.
En fait, par financement de la santé on entend la façon dont les ressources financières sont générées, affectées et utilisées dans les systèmes de santé. Et il faut admettre que parmi tous les facteurs qui influencent le taux d’utilisation ou l’accessibilité des services de santé, le niveau de financement est un facteur incontournable, notamment pour un pays comme Haïti. En effet, les ressources financières déterminent la capacité des individus à payer les soins offerts ou encore la capacité d’un Etat à faire face aux dépenses du système de santé.
Les mécanismes de financement de la santé en Haïti s’opèrent à travers trois sources principales : 1. les ménages à travers le paiement direct ou la cotisation dans une assurance. 2. l’Etat qui finance la santé à travers son budget. 3. la coopération externe qui participe largement au financement de la santé sous deux formes : les prêts et les dons.
Mais, le problème est que très souvent les sources de financement ne cadrent pas toujours avec la politique de santé de l’état axée sur l’allocation optimale et rationnelle des ressources disponibles afin de répondre au mieux aux besoins de la population haïtienne en matière de soins de santé de qualité. Dans cette conjoncture très controversée et compliquée, avoir du financement est une chose, faire une gestion efficace et obtenir de bons résultats en sont une autre et résultent de plusieurs facteurs.
Selon les comptes nationaux de santé (2011-2012) présentés par le MSSP, les coûts sont assurés à 7 % par l’Etat haïtien, à 29 % par les ménages, à 63% par les bailleurs de fonds internationaux et à 1% par les assurances.
Les dépenses de l’État en santé publique, sont passées de 1,8 milliard de gourdes en 2009 pour atteindre une moyenne de 2,3 milliards de gourdes entre 2010 et 2013. Plus récemment, le budget rectificatif 2014-2015 pour la santé se chiffre à 5,5 milliards de gourdes, dont 3,3 milliards pour le fonctionnement et 2,2 pour les investissements. Mais toutefois, cette contribution reste marginale et est très loin d’atteindre le niveau régional pour répondre efficacement à cette demande croissante en soin de santé.
Il faut dire que les dépenses de l’Etat en Haïti en santé sont aujourd’hui dans l’ordre de seulement 10 dollars par habitant contre 5,70 dollars par an/habitant pour la période 2011-2012, alors que ce montant est de 315 dollars par habitant en République dominicaine, 300 dollars pour la Jamaïque, et 603 dollars pour Cuba.
Sans un financement adéquat et une bonne politique, le système de santé en Haïti restera précaire avec notamment ses infrastructures faibles et personnel insuffisant. Mais, le problème est surtout dans la gestion du financement, car trop souvent les mauvais résultats proviennent de mauvais choix, mauvaise coordination d’actions entre les acteurs et de mauvaises politiques de santé.
Il est temps d’arriver à un vrai système coordonné, mieux financé qui doit permettre aux haïtiens d’avoir un meilleur accès au soins de santé notamment en milieu rural pour un meilleur niveau de vie et une plus grande compétitivité au travail. Donc, en conclusion, l’amélioration des conditions de santé, et la sortie du sous-développement, ne se feront pas simplement par augmentation des budgets de la santé. Il faut plutôt mettre l’accent sur les réformes nécessaires pour améliorer l’efficacité des politiques de santé, ainsi que leur équité. Bref ! Un système de financement performant doit permettre au système de santé d’atteindre ses objectifs de productivité, d’équité, d’efficacité, d’efficience, et de bien être durable de la population.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000