Haïti – Économie: Le Climat des affaires en Haïti est de plus en plus pollué

En général, le climat des affaires est apprécié et évalué sur la base d’une série d’indicateurs qualitatifs et quantitatifs, mesurables pour faciliter la comparabilité. Le but recherché par cette évaluation est de donner des informations sur l’état général et sur des aspects spécifiques d’un environnement donné notamment d’un pays.

Ces informations portent aussi bien sur des aspects politiques qu’économiques, sociaux et réglementaires. Les détenteurs de fonds qui cherchent des opportunités d’investissements, les exportateurs qui veulent s’attaquer à un nouveau marché, les d’entreprises qui, pour des raisons de rentabilité, optent pour la délocalisation ont tous besoin de données sur le lieu qu’ils veulent investir. Et ce ne sont pas nos discours de bienvenue qui vont les convaincre, mais de préférence l’image que notre pays vend au jour le jour. Le comportement de nos institutions, et l’évolution de nos indicateurs d’appréciation vont être pris en compte par les potentiels investisseurs.

Ces derniers temps, Haïti est train de par elle même d’hypothéquer son climat des affaires. Le nombre de partis politiques inscrits pour participer aux élections, soit 129 a connu une augmentation de 126% par rapport au nombre inscrit aux élections de 2005, soit 10 ans de cela. Une situation particulière qui dit au monde que nous ne sommes pas sérieux. Les bailleurs de fonds d’ailleurs sont devenus réticents et hésitent de donner l’autre partie du financement. En plus de cela, deux scandales au niveau de la justice en moins d’une semaine, d’un cote un détenu a été autorisé à faire retirer 50 000 dollars américains de son compte en banque, et d’un autre cote Roodly Ethéard et Renel Nelfort sont libérés dans des conditions extraordinaires laissant le pays dans le plus grand doute possible quant à la capacité de ce système judiciaire d’être le juge pour des élections à venir. Les journaux américains ont déjà fait un carton avec ce dossier.

En tout état de cause, un pays qui n’a pas un système de justice fort n’est pas prêt pour les affaires. Haïti sera ouvert aux affaires donc quand son système de justice sera libre de scandale et de jugements qui viennent du ciel. C’est triste de voir que les juges corrompus ne sont pas condamnés mais simplement écartés du système, comme si être révoqué comme juge était une grande punition qui devrait faire peur aux corrompus.

Nous venons d’apprendre également que l’Université de Limonade est paralysée depuis un mois. On se demande quel niveau de formation ces étudiants vont recevoir pendant qu’ils reçoivent des cours par intermittence ? Peu importe la raison, peu importe la cause, le fait est que ces instabilités ne font que réduire le niveau de compétitivité de notre offre de travail. Pas surprenant quand même de voir de plus en plus de travailleurs étrangers jamaïcains, dominicains et latino américains au niveau de la construction, communication ou autre secteur productif.

On pourrait encore prendre d’autres exemples, qui démontrent que nos pratiques de tous les jours nuisent à  l’attractivité et la compétitivité d’Haïti sans parler des problèmes d’accès à l’énergie et des difficultés au niveau des services publics. Le pays doit cesser de vendre ces genres de spectacles, ces types de scandales s’il veut être attractif, s’il veut attirer effectivement des investissements étrangers. On doit prendre au sérieux la justice de ce pays, si on veut qu’on soit pris au sérieux comme gouvernement comme pays.

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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