Haïti – Économie: Production, transformation et consommation de lait en Haïti. Quelles perspectives ?

Le lait et les produits laitiers sont considérés par la majorité des haïtiens comme essentiels à l’alimentation. Ils sont largement consommés par une bonne couche de la population. Mais, leur niveau de consommation par individu reste inférieur aux recommandations de l’OMS. Dans les grandes zones productrices de lait frais (Cap Haïtien, les Cayes, Léogane), la production locale représente 30 à 45 % de la consommation des ménages, suivi par le lait évaporé (30%) et le lait en poudre (20%).

En effet, selon les dernières données du Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles Développement Rural publiées la semaine dernière, Haïti importe annuellement environ 100 000 tonnes métriques de produits laitiers pour près de 90 millions de dollars américains, faisant du lait l’un des cinq produits d’importation les plus importants du pays.

Pourtant, avec un cheptel de plus d’un million de bovins dont environ 45 % de vaches adultes, il existe un potentiel de production de lait estimé à 145 000 tonnes métriques par an, alors que la production estimée à une quantité allant entre 30 000 à 40 000 Tonnes Métriques. Cela veut dire que le pays produit a peine 28% de son potentiel de production.

Le lait produit par les petits producteurs ruraux est peu valorisé en raison du manque d’infrastructures de transformation, limitant l’accès à l’immense marché national existant. Pourtant, malgré la précarité de la production familiale, le lait produit localement est largement compétitif en termes de prix. Un litre de lait frais coûte au consommateur deux à trois fois mois moins qu’un litre de lait reconstitué à partir de lait en poudre ou de lait évaporé.

Le lait frais produit localement souffre aussi du manque de système de contrôle qualité, ce qui fait qu’il est trop souvent coupé avec de l’eau avant sa commercialisation, et produit dans des conditions sanitaires douteuses. Le lait évaporé et le lait en poudre présentent de leur côté des avantages non négligeables en termes de conservation et de facilité d’utilisation.

La perte de compétitivité et de productivité a été surtout accélérée à partir de 1987 avec l’ouverture commerciale totale aux importations de produits alimentaires de première nécessité issues de systèmes hautement productifs et subventionnés des Etats-Unis (notamment le riz, le lait et les œufs). On se rappelle bien, la chanson « 3 boite de lait pour un dollar » sur Henri Namphy au détriment de la production nationale.

Si effectivement il y a un potentiel qui existe, il faut que le pays arrive à l’exploiter, toutefois les actions à prendre doivent être à tous les niveaux, que ce soit pour l’amélioration de la productivité, plus de transformation, meilleure distribution et commercialisation.

Les perspectives pour valoriser cette filière ne sont pas encore clairs, il revient donc nécessaire pour les acteurs concernés, le ministère, les associations de producteurs, le secteur prive ainsi que les partenaires étrangers de travailler ensemble pour arriver une politique stratégique adaptée, visant à augmenter la productivité du secteur notamment en dynamisant l’élevage de bovins, mais surtout encourager et supporter les entreprises qui veulent investir dans cette filière pour des production à grande échelle, avec des prix compétitifs mais surtout pour des produits de qualité. Ces actions devront permettre au lait haïtien d’être plus accessible, pour augmenter la consommation de lait par jour par habitant qui est nettement inferieure que la tendance normale fixée par la FAO et OMS et éventuellement arriver à exporter vers d’autres pays pour des revenus plus élevés pour les producteurs.

 

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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