Haïti – Économie: Exportations de la République Dominicaine vers les Caraïbes et Haïti: quels défis au niveau du secteur agricole haïtien?
Le Centre d’Exportation et d’Investissement de la République Dominicaine (CEI-RD) a indique hier jeudi dans son dernier rapport que les exportations dominicaines vers les pays des Caraïbes (sans Haïti en 2014 ont atteint un total de 754 millions de dollars américains, soit une croissance de 7,32% par rapport aux chiffres de 2013.
A rappeler que les exportations dominicaines formelles vers Haïti (sans les chiffres de la contrebande) dépassent les 1,1 milliards de dollars américains toujours selon le CEI-RD. Donc, les exportations dominicaines vers Haïti sont supérieures aux exportations dominicaines vers tous les autres pays de la Caraïbes réunis. Ceci explique clairement que nous sommes un marché extrêmement important pour la République Dominicaine et très dépendant de leurs produits.
Le directeur du CEI-RD (Centre d’Exportation et d’Investissement) Jean Alain Rodriguez a aussi précisé que l’offre d’exportation de la République Dominicaine vers la Caraïbes est très variée, avec notamment des produits agricoles, comme les avocats, les piments, les poivrons, céleris et bananes sans oublier l’agro-industrie, les produits des industries plastiques et les matériaux de constructions tels le ciment, les barres de fer et d’acier.
Malgré une diversification au niveau de l’offre exportable, le gouvernement dominicain veut mettre quand même l’emphase sur les produits agricoles à l’exportation, reconnaissant que le pays a un avantage compétitif dans ce secteur. Pour renforcer ce secteur, le gouvernement dominicain a intensifié les investissements, notamment avec la banque agricole d’état qui octroie plus de 50 % des crédits agricoles du pays, pour un montant qui a atteint plus de 350 millions de dollars américains l’année dernière.
De notre cote, le secteur agricole souffre des problèmes de compétitivité et de productivité, faute d’investissement, faute d’un plan cohérent, mais surtout a été affecté par les pratiques d’ouvertures commerciales. En effet, à partir de 1986-1987, dans le cadre d’un plan d’ajustement structurel piloté par les institutions de Bretton Woods (Banque Mondiale et FMI), les autorités haïtiennes ont abattu les barrières douanières, de sorte que le marché national a très vite été envahi par des produits étrangers hautement subventionnés, notamment en provenance des États-Unis. La chute des droits de douane a provoqué la décapitalisation des petits paysans, ce qui a transformé le pays, autosuffisant jusqu’au début des années 1980, en importateur de riz par excellence. A titre d’exemple, en 2008, Haïti a importé 82 % de sa consommation de riz.
Un ensemble de chiffre qui prouvent que la situation du secteur agricole haïtien est très critique et surtout le niveau de dépendance aux produits alimentaires étrangers. Comme nous le disons toujours dans cet espace, Il faut vraiment des actions de grandes envergures coordonnées à travers une vraie politique globale de développement, avec des investissements adéquats supportés par une banque agricole comme c’est le cas chez nos voisins, qui reflète de toute façon une certaine priorité au niveau de la gouvernance du pays pour arriver à une agriculture compétitive et non de subsistance. A ce moment-là, le gouvernement pourra peut être cesser d’importer le riz du Vietnam à bon marché, ce qui ne fait que pénaliser la production locale et augmenter la dépendance du pays et accélérer le déficit commercial de l’économie.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000