Adoption de l’approche cash management: une bonne stratégie pour assainir les finances publiques en Haïti
La situation des finances publiques du pays n’est pas encore trop stable, nonobstant une meilleure performance enregistrée au cours du deuxième trimestre de l’exercice (Janvier-Mars) par rapport au premier trimestre (Octobre-Décembre), avec un déficit budgétaire moins important, soit d’environ 1.4 milliards de gourdes au cours du deuxième trimestre contre plus de 3 milliards de gourdes au cours du premier trimestre de l’exercice.
En fait, environ deux semaines après l’installation du Président Privert, nous avions insisté, dans la chronique du mardi 23 Février 2016, sur la nécessité d’assainir les finances publiques, dont une très mauvaise gestion de Juin 2015 jusqu’à Janvier 2016 a alimenté indirectement la course de l’inflation dans l’économie (14.4% en février 2016) et la baisse sans précédent de la valeur de la monnaie nationale par rapport au dollar américain.
Cette dernière mesure du gouvernement Privert-Jean Charles en collaboration avec la BRH pour adopter l’approche du cash management est des plus louable, vu cette situation difficile que connaissent les finances publiques avec des déficits budgétaires financés par la Banque centrale et qui ont en retour des impacts endommageables sur l’économie du pays.
Il s’agit d’une approche stratégique entre le ministère de l’économie et des finances et la BRH, à travers un accord, d’emprunter du secteur privé cette pratique de cash management qui assure la stabilité financière et la solvabilité d’une entreprise. Au niveau du secteur public l’approche est un peu différente en termes de démarche et de résultats, car l’idée c’est de limiter considérablement les interventions de la BRH en matière de financement monétaire à chaque fois que l’Etat se trouve en situation de déficit budgétaire. Avec cette politique du cash management au niveau du secteur public, le gouvernement va dépenser uniquement ce qu’il a collecté à travers ses politiques fiscales, ce qui devrait avoir des conséquences positives sur le budget et limiter également les endettements de l’Etat envers la BRH qui ne restent pas sans conséquences sur le reste de l’économie.
Il faut dire que les mesures pour assainir les finances publiques ne doivent pas se limiter à la politique du cash management, mais il faut des contrôles très serrés sur le reste de l’administration publique pour éviter des dépenses improductives, des gaspillages de ressources et des mesures pour augmenter encore la pression fiscale. Les signaux positifs envoyés par le gouvernement provisoire ont favorisé une baise de plus de 24% des dépenses publiques au cours du deuxième trimestre de l’exercice en cours, des dépenses qui se chiffrent à 19,5 milliards de gourdes contre 23,1 milliards au cours du trimestre précèdent. De leur coté, les recettes fiscales collectées ont augmenté de 10,3% pour totaliser 18,11 milliards de gourdes contre 16,4 milliards de gourdes au premier trimestre.
L’approche du cash management doit être accompagnée par des mesures stratégiques visant à réduire le déficit du compte des transactions courantes au niveau de la balance des paiements, car à elle seule, la politique du cash management ne peut pas garantir une nette stabilité ou une appréciation de la gourde par rapport au dollar américain et ne permettra pas de contenir l’inflation sur le long terme.
Riphard Serent, MPA (Policy)
Economiste