Haïti – Économie: Cout électoral, cout de la nouvelle législature, et incertitudes par rapport aux recettes
Comme toute la presse en parle, le ministre de la communication du gouvernement a annonce officiellement en fin de semaine, qu’un montant d’un milliard de gourdes, soit près de 25 millions de dollars américains devrait être décaissé pour assurer l’organisation des élections au cours de cette année, dont 500 millions pour le financement des partis politiques. Donc, le financement des partis politiques tellement nombreux représentent 50% du cout total des élections. Un vrai scandale pour plusieurs analystes qui prônent une reforme drastique au niveau de l’appareil politique haïtien.
Sans ce nombre élevé de partis, peut être cet argent pourrait servir a moderniser mieux les opérations électorales et donner plus de moyens au bureaux en région. On aurait peut être cesser de voir des bureaux compter des bulletins avec des bougies.
Bref ! Un pays pauvre qui se paie le luxe d’avoir autant de partis pour consommer son budget électoral. Triste quand même comme situation.
D’un autre coté, nous le savons tous, que le nombre de circonscriptions ou le nombre de député est passé de 99 à 118 députés. Un cout supplémentaire donc pour le budget de l’Etat en termes de rémunération, frais, voiture, consultants, et le pire, on parle même de la nécessité d’agrandir l’espace physique du parlement, vu que la salle de séance actuelle avait déjà des difficultés à faire asseoir confortablement les 94 députes qui étaient en poste, sans parler des commissions qui avaient du mal à trouver des espaces pour les rencontres hebdomadaires. Selon ce qu’a rapporté un ancien député. Est ce qu’on a pensé à tous cela quand on avait pris la décision d’augmenter le nombre de députés ? Est-ce qu’on sait que plus de 10 communes d’Haïti n’ont même pas un revenu communal annuel dépassant 1000 dollars américains ? Bref.
Cette situation montre clairement qu’on est en train de multiplier les dépenses publiques, de prendre un peu plus d’engagement comme si le pays allait devenir plus riche, ou encore l’Etat allait collecter des recettes plus faramineuses. Au contraire, les chiffres du mois de janvier et de février derniers qui étaient en dessous des prévisions donnent déjà un signal.
A titre d’exemple, Le directeur général de la DGI a affirmé la semaine dernière que la majorité des propriétaires de véhicule n’ont toujours pas retiré leurs nouvelles plaques d’immatriculation, malgré l’expiration des délais, malgré les menaces d’une amende de 10 mille gourdes.
Du 20 octobre à date, seulement 51, 2% de voiture au total se sont mis en règle dans la zone métropolitaine et dans les villes de province, soit 113 000 plaques sur les 455 milles plaques commandées, se désole Morlan Miradin Directeur de la DGI.
Les propriétaires de motocyclette se montrent encore plus réfractaires. Sur 376 milles motos enregistrées, seulement 14 milles ont retiré leurs nouvelles plaques ; soit 3,76% de motocyclistes roulent légalement.
Peu importe la raison qui aurait motivée un contribuable à ne pas retirer sa plaque, les prévisions de recettes de la DGI vont être largement affectées. Elle devrait de toute façon enregistrer des manques à percevoir, avec toutes ces plaques non livrées. Juste un élément qui doit nous montrer que la situation des finances publiques ne sera pas meilleure pour les mois a venir. Pour moins de recettes éventuellement, nous aurons à faire plus dépenses pour des partis politiques, pour des opérations élections, pour des députés supplémentaires et des projets inachevés de l’ère Lamothe dans un contexte de rareté des programmes d’appuis budgétaires venant de l’extérieure. Donc il est clair que la croissance économique et la réduction substantielle du déficit budgétaire ne sont pas pour demain. Les autorités prévoient entre autres un taux de croissance de 2.5% pour 2015, un taux insignifiant qui risque encore d’être révisé à la baisse compte tenu des incertitudes multiples qui se développent dans ce pays. Il faut vraiment un peu plus de sérieux dans la gestion publique, sinon, on ne pourra en aucune façon améliorer les conditions des fractions de la population les plus vulnérables dans ce pays.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000