Haïti – Économie: Impacts des deux journées de grève sur l’économie haïtienne: une économie en plein dégringolade

Dans la chronique d’hier nous avons parlons de l’impact positif de la baisse des cours du pétrole sur la balance des paiements de l’économie dominicaine à hauteur de plus d’un milliard de dollars américain, alors qu’aujourd’hui nous sommes intéressés à analyser l’impact négatif de ces deux dernières journées de grève sur l’économie haïtienne, un mouvement qui est également la conséquence de la baisse des prix du pétrole sur le marche mondiale.

Mais chiffrer précisément cet impact demeure un exercice complexe. Il est même trop difficile pour la plupart des entreprises de calculer le trou creusé par les grèves dans le chiffre d’affaires, donc en retour, il sera aussi compliqué que ce soit pour l’IHSI ou le MEF dans de contexte de prédominance du secteur informel et par le fait qu’ils ne disposent pas d’artifice de calcul de la production mensuel, voire journalière.

En effet, les deux journées de grève organises par certains secteurs de la vie nationale ont pris fin hier et doivent interpelle certains analystes économiques à réfléchir sur l’avenir de l’économie haïtienne pour cette année notamment sur les prévisions de croissance de 4.6% fixes par les autorités haïtiennes en juillet dernier et les recettes fiscales anticipées pour cette année 2015.

En fait, l’impact économique global de ces deux journées de grèves peuvent être abordes dans une certaine mesure sur trois angles. D’abord sur le plan macro, il faut dire que ces deux jours de grève auront des conséquences directes sur le produit intérieur brut (PIB) du pays, car les activités économiques du pays étaient pratiquement paralysées  pendant ces deux jours notamment au niveau de la capitale, Port-au-Prince où se concentrent environ 60% des activités économiques du pays. La consommation qui est une composante importante du PIB a été à la baisse pendant ces deux jours avec la fermeture de la majorité des entreprises dans la région métropolitaine.

De toute façon, il faut admettre des pertes ou encore des manques déjà gagner dans l’ordre de plusieurs millions de gourdes. Donc grosso modo, si on veut faire un calcul mécanique sur le PIB, qui est la valeur annuelle de production ou de revenu national, cela donnerait une valeur journalière moyenne de 25 millions de dollars américains, pour un PIB de 8 milliards, mais encore, un chiffre qu’il faut prendre avec des pincettes, un chiffre relatif, qui n’est pas basé sur des artifices de calculs suffisamment techniques.

De plus, les recettes fiscales, qui couvrent une partie importante des dépenses du gouvernement qui figure dans la composante de PIB, seront affectées par ces deux journées de grèves, car on ne pourra pas en aucune façon rattraper ces deux jours.

L’analyse au niveau des recettes parait un peu plus simple lorsqu’on considère que le gouvernement tablait sur des prévisions de recettes fiscales de l’ordre de 60.1 milliards de gourdes dans le budget 2015 adopté par un simple décret de longue date. Donc, partant de cette prévision, on peut dire  que le gouvernement entend rentrer chaque mois dans les caisses de l’état environ 5 milliards de gourdes. Si on fait le calcul pour une journée, nous devons avoir des prévisions de recettes de l’ordre d’environ 227.5 millions de gourdes pour cet exercice en cours. Ce qui veut dire clairement que pour ces deux journées de grève le gouvernement devrait enregistrer des pertes de recettes fiscales de l’ordre d’environ 400 a 500 millions de gourdes.

Sur le plan micro, on peut regarder l’impact au niveau des agents économiques, notamment les entreprises qui voient leur production et leur revenu diminuer, également les salaires des grévistes ne sont pas payés. Mais le plus dure, pour ceux qui font de l’auto-emploi, car leur revenu journalier dépend de leurs activités journalières, une catégorie qui est majoritaire dans la population occupée d’Haïti.

Parlant de pertes économiques, nous ne pouvons pas oublier les pertes matérielles dont les estimations seraient très difficiles à effectuer dans une économie non structurée comme le notre. Cependant nous sommes convaincus que ces deux journées de grève ont causes des pertes matérielles de plusieurs centaines milliers de dollars américains.

Sur le plan social, il faut dire que le bilan est assez lourd, nous pouvons juste prendre un simple exemple qui concerne les écoles. Ces dernières n’ont pas pu fonctionner, ce qui diminue automatiquement les jours de classes sur l’année déjà insuffisante, donc condition de mauvaise qualité d’éducation.

En tout état de cause, l’économie haïtienne, qui est déjà en plein dégringolade, continue de subir les conséquences de certains événements qui auraient pu être évités si on avait une gouvernance économique et politique beaucoup plus sérieuse et dynamique. La réussite de ces deux journées de grève envoi un signal clair a l’actuel gouvernement et traduit aussi à quel niveau cette question de carburant en Haïti est une affaire très sérieuse qu’il faut appréhender avec beaucoup d’attention. Pour éviter les risques d’avoir de nouvelles journées de grèves les autorités concernées doivent s’asseoir sur une table avec les secteurs concernés, s’entendre sur de nouveaux prix, tout en considérant les conséquences, mais surtout en prenant l’engagement de réduire les dépenses publiques.

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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