Haïti – Économie: Fortes Créations d’emploi aux États-Unis et grèves en Haïti
Selon les statistiques publiées par le Département du travail des Etats-Unis, vendredi 6 février, l’économie américaine a créé 257 000 emplois seulement en janvier. Non seulement ce chiffre est largement supérieur à ce qu’anticipaient les économistes, mais en plus sa publication intervient après deux mois très porteurs en termes d’emploi dans l’économie américaine.
Cette séquence des trois derniers mois est la meilleure depuis 17 ans. Cependant, le taux de chômage a grimpé de 0,1 point par rapport à décembre, pour atteindre 5,7 %. En fait cette hausse est due au fait qu’un nombre plus important d’Américains est à la recherche active d’un emploi. Au cours des derniers mois, beaucoup se décourageaient et préféraient sortir des statistiques en abandonnant leur recherche. Cette remontée de ce qu’on appelle le taux de participation, c’est-à-dire la proportion d’Américains en âge de travailler qui ont un poste ou qui en cherchent effectivement un, peut être interprétée comme un signe de regain de confiance dans la dynamique du marché de l’emploi.
Outre le bon chiffre de janvier, ceux de novembre et décembre ont été revus à la hausse. Avec 423 000 créations d’emplois (contre 353 000 estimés précédemment), novembre est ainsi le meilleur mois depuis 1997. Donc au total, en un an, l’économie américaine a créé 3,2 millions d’emplois.
Autre bonne nouvelle : Le salaire horaire moyen a grimpé de 0,5 % en janvier par rapport au mois précédent, une évolution qui n’avait plus été constatée depuis novembre 2008. La hausse des salaires sur un an s’établit désormais à 2,2 %. Le rythme est encore modeste, mais dans un contexte d’inflation faible du fait notamment de la chute des prix du pétrole, c’est un signe encourageant pour la dynamique de croissance. Parmi les secteurs qui recrutent on trouve la construction (39 000 nouvelles créations), l’industrie (22 000), la distribution (46 000), l’hôtellerie-restauration (37 100) et le secteur de la santé (38 000 nouveaux emplois).
Cette situation intéressante au niveau du marché de l’emploi aux Etats-Unis doit être vue comme un bon signe pour l’économie haïtienne, qui dépend largement de l’économie américaine, donc la très bonne santé de cette dernière doit être reçue comme une bonne nouvelles non seulement pour les millions de familles qui dépendent énormément des transferts de la diaspora mais également bonne nouvelle pour le gouvernement qui perçoit des frais sur les transferts, les appels téléphoniques sans oublier les taxes a l’importation au niveau de la douane.
Mais, il faut admettre qu’on ne pourra pas bénéficier autant car le pays est bloqué, les effets devraient donc moins intéressants qu’ils l’auraient été si le pays était plus stable.
Dans ce contexte d’instabilité, de troubles, de grèves répétées, la croissance sera absolument plus faible que prévu, l’Etat aura à percevoir des recettes plus faibles que prévu car le secteur prive se décapitalise de plus en plus, pour moins de richesse, pour moins de ressources pour l’Etat face a ses obligations, une situation qui risque de s’aggraver avec une éventuelle baisse des prix du carburant qui affectera énormément l’équilibre des finances publiques de ce pays, qui bénéficie de moins de moins de prêts du Venezuela et de moins en moins de dons des bailleurs de fonds. Dans quelques jours, dans le court et le moyen terme, on en sentira les effets. Les perspectives sont sombres, l’économie va mal et le meilleur n’est pas pour demain.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000