Haïti – Économie: Faible croissance de l’économie haïtienne pour l’exercice 2013-2014.

Comme nous l’avions déjà prédit dans cette rubrique, donc sans surprise, les autorités haïtiennes n’ont pas pu atteindre l’objectif de 3.6% de croissance fixée pour l’exercice fiscal 2013-2014. Selon les estimations préliminaires de la Direction des Statistiques Économiques (DSE) du MEF le Produit Intérieur Brut (PIB), en volume, a crû de 2.8%, une croissance similaire a cette de 2012 et qui traduit une nette décélération par rapport à l’année dernière où l’économie avait franchi la barre de 4% de croissance.

Il faut rappeler que le taux de croissance de l’année dernière a été déjà révisé à la baisse depuis le dépôt du budget en juin dernier par la ministre de l’Economie et des finances, Marie Carmelle Jean Marie, passant d’une prévision de 4,5% à 3,6%. Et depuis, nous avions déjà exprimé des doutes sur les possibilités de réaliser cet objectif faible pour une économie normale, mais ambitieux pour ne pas dire chimérique pour une économie moribonde comme la notre.

Et voilà les estimations préliminaires de la Direction des Statistiques Économiques (DSE) publiées cette semaine viennent nous donner raison.

Cette même publication du MEF souligne que le ralentissement enregistré dans la croissance peut être imputé à plusieurs difficultés auxquels l’économie nationale a dû faire face en 2014 entre autres. D’abord, le MEF fait mention de difficultés relatives au vote de la loi de finances de 2013-2014 qui ont empêché ou retardé l’exécution à temps de certains projets d’infrastructure, porteurs de croissance et de création d’emplois.   Il parle de l’incertitude créée par une situation politique de tension, qui a un peu affecté le dynamisme dont les agents économiques avaient fait montre l’année dernière, et également, selon le MEF cette mauvaise performance de l’économie doit trouver une explication dans les conditions climatologiques qui n’ont pas été tout à fait clémentes, car certaines régions du pays ont connu une rude sécheresse qui a mis à mal la performance de la branche agricole.  Enfin, la Direction des Statistiques Économiques évoque la réduction de l’aide externe qui a eu aussi des impacts négatifs sur le financement de certaines activités, sachant que le financement externe représente près de 50% des ressources budgétaires.

Du point de vue sectoriel, hormis l’Agriculture, la croissance de 2.8% du PIB en 2014 est soutenue par les principales branches d’activité économiques qui ont affiché une tendance haussière, toutefois, moins élevée qu’en 2013, pour la plupart. Donc il est clair que l’économie haïtienne a été largement moins performante en 2014 par rapport à 2013.

D’un autre coté, la branche d’activités Bâtiments et Travaux Publics, en hausse depuis 2011, a maintenu sa progression induite par la poursuite des travaux de reconstruction et autres initiatives du secteur privé avec un accroissement de 7.9%. Le secteur tertiaire a aussi contribué à la hausse du PIB en 2014, particulièrement avec les branches Commerce, Restaurants et Hôtels (4.2%), Transports et Communications (3.7%) et Autres Services Marchands (5.1%).

La Direction des Statistiques Économiques (DSE) du MEF considère que « vue sous l’angle de la demande globale, l’analyse des résultats montre que la croissance du PIB a été tirée par toutes ses composantes (demandes interne et externe), mais avec des hausses moins élevées qu’en 2013: par exemple, la Consommation finale, en volume, a progressé de 2.3% contre 2.7% en 2013; l’investissement, en termes réels, s’est accru de 2.0% contre 6.1% en 2013; et l’exportation, à prix constants, a augmenté de 4.5% contre 5% l’année dernière.

Pour ce qui est de l’évolution de l’inflation, les prix à la consommation ont été maintenus à un niveau relativement acceptable mais quand même moins bon que l’année dernière. Ainsi, l’inflation, à la fin de l’année fiscale de 2014, s’est chiffrée à 5.3% contre 4.5% en septembre 2013, soit une hausse de 0.8 point de pourcentage.

Donc pratiquement tous ces indicateurs confirment cette situation difficile de l’économie haïtienne en 2014. Consommation, investissement, exportation, inflation ou autres, la situation en 2014 n’a pas été du tout bonne pour l’économie. Ce qui est peut être un peu différent de la perspective ou l’angle de compréhension de certains responsables du gouvernement qui font toujours de la bonne presse. Bref.

Quid pour 2015 ? En fait, les perspectives de 2015 ne sont pas  encourageantes.  La nouvelle année fiscale s’annonce plutôt morose avec l’incertitude politique qui perdure. L’économie haïtienne aura du mal a croitre dans un tel contexte d’inquiétude, et d’incertitudes.  Les conditions ne laissent pas présager de meilleurs résultats. Mais nous ne voulons pas être alarmistes ou vu comme prophète du malheur. Au contraire pour rester fidèle à la tradition des fêtes de fin d’année nous souhaitons vivement que 2015 soit bien meilleure, et apportera de meilleures opportunités pour l’économie haïtienne pour la stabilité, la reprise et la croissance de long terme avec de bonnes politiques publiques qui mettent en valeur les potentialités d’Haïti ».

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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